Après Webtaxi et Carloh, ce sont les CFL qui se sont inspirés du concept de l’économie du partage pour proposer un nouveau service à leurs usagers. (Photo: Sébastien Goossens / archives)

Après Webtaxi et Carloh, ce sont les CFL qui se sont inspirés du concept de l’économie du partage pour proposer un nouveau service à leurs usagers. (Photo: Sébastien Goossens / archives)

On l’a présentée comme un raz-de-marée qui ne laisserait aucune chance aux types de business traditionnels, notamment celui des PME. Aujourd’hui, force est de constater que l’ubérisation de l’économie, connue aussi sous le terme d’«économie du partage», n’a pas eu lieu.

Selon la Commission européenne, on compterait 700 plateformes basées sur ce modèle dans l’Union européenne, pour un chiffre d’affaires qui, en 2015, représentait 28 milliards d’euros, soit 0,2% du PIB communautaire.

Au Luxembourg, seulement 13% des résidents se disent prêts à recourir à ce type de services, et seulement 4% à en proposer. Pourtant, des modèles similaires, mais adaptés aux réalités locales, ont essaimé ces dernières années. Trois d’entre eux ont été présentés mercredi lors d’une conférence organisée à la Chambre de commerce par le réseau Enterprise Europe Network.

Il faudrait remplacer carsharing par location courte durée.

Jürgen Berg, gérant de CFL Mobility

Flex, le service de partage automobile des CFL qui devrait être lancé au début de l’année prochaine, était l’un d’entre eux. Cette initiative vise à mettre à disposition une voiture à la sortie de la majorité des gares du pays pour permettre, par exemple, à des hommes d’affaires de se rendre en train à certains rendez-vous.

«Je pense que le terme ‘carsharing’ n’est pas le bon pour qualifier notre initiative. Il faudrait plutôt parler de location courte durée», explique Jürgen Berg, le gérant de CFL Mobility. «Les Luxembourgeois ne sont peut-être pas prêts à partager leur voiture, mais le service que nous proposons ne sous-entend pas le partage de son véhicule personnel.»

Une définition compliquée à trouver

Autre exemple, Furnished.lu. Créée par Carole Caspari, qui avait débuté dans l’immobilier avec l’agence immobilière Altea, cette plateforme propose à la location des chambres meublées pour une courte durée. Destinées principalement à des stagiaires venant de l’étranger, il s’agit donc de partager des logements.

Aujourd’hui, l’entreprise gère 700 chambres et emploie 50 personnes. «La clé de notre succès? S’occuper de l’ensemble des services de location, autant pour le propriétaire que pour les locataires, qui trouvent même quelques douceurs dans les placards quand ils s’installent», détaille Carole Caspari.

«L’économie du partage n’est pas l’apanage des start-up», note, de son côté, l’économiste Sarah Mellouet de la Fondation Idea. «Il est intéressant de voir que les entreprises traditionnelles ont justement pu s’inspirer de ce modèle pour offrir de nouveaux services, et l’on assiste depuis quelques années à une professionnalisation de ces pratiques.»

Une demande pour des services standardisés et sûrs.

Neil Kay, Commission européenne

Même l’État va s’y mettre. En lançant la plateforme nationale d’e-commerce Letzshop.lu, qui sera opérationnelle en début d’année prochaine, il propose un service de partage d’une infrastructure numérique aux petits commerçants, qui eux-mêmes l’utiliseront pour vendre des produits ou des services. Un modèle identique à celui d’Uber, en quelque sorte.

«À la Commission européenne, nous tentons de connaître plus précisément l’impact de ce nouveau modèle économique, mais la principale difficulté à laquelle nous faisons face est d’en avoir une définition précise», éclaire le fonctionnaire européen en charge de cette thématique, Neil Kay. «Mais il est intéressant de voir que le développement de ce modèle est de plus en plus lié à une demande pour des services standardisés et sûrs.»