En mettant en place, en juillet 2017, une législation accordant aux sociétés privées la propriété – et donc l’exploitation – des ressources spatiales, le Luxembourg a fait son entrée dans la cour des grands de l’espace. Si la référence à un projet de science-fiction était monnaie courante lors de la présentation de l’initiative Spaceresources.lu, en février 2016, la donne a désormais radicalement changé. La preuve avec deux récentes études qui tablent sur une explosion du secteur spatial au niveau mondial.

Pour la banque Morgan Stanley, l’économie mondiale liée au «new space» devrait passer de 350 milliards de dollars (295 milliards d’euros) actuellement à 1.100 milliards (927,6 milliards d’euros) d’ici 2040. Pour Bank of America Merrill Lynch, les prévisions se révèlent encore plus astronomiques puisque la banque estime que la surenchère atteindra 2.700 milliards de dollars (2.277 milliards d’euros) d’ici à l’horizon 2025. «Nous entrons dans une ère passionnante pour l’espace où nous nous attendons à plus de progrès au cours des prochaines décennies que dans toute l’histoire de l’humanité», estime la banque américaine dans son rapport. Pour sa concurrente, l’espace constitue même désormais «l’ultime frontière».

Si les deux établissements américains divergent sur l’ampleur du nouveau secteur, elles s’accordent en revanche sur le rôle-clé que vont jouer un nombre limité d’acteurs. Dont la majorité vient d’entrepreneurs issus du monde d’internet.

Ce phénomène se retrouve sans surprise au niveau des entreprises, où seule une vingtaine devrait tirer leur épingle du jeu – Dont SES –, selon les analystes de la banque américaine.

Si l’exploitation des ressources spatiales, comme les gaz ou les minerais présents à la surface ou dans les astres célestes, apparaît comme une option, la principale source de revenus imaginée pour ces sociétés tient avant tout dans l’exploitation de nouvelles possibilités de connectivité. Notamment pour internet, dont la mise en place d’un accès dans des régions du monde mal desservies à ce jour devrait apporter un chiffre d’affaires supplémentaire de 400 milliards de dollars (337,5 milliards d’euros) en 2040, selon les estimations de Stanley Morgan. Un phénomène lié à la fois à la hausse du nombre de consommateurs potentiels, mais aussi à la baisse du coût d’accès à l’espace, le prix du kilo mis sur orbite étant passé de 25.000 à 5.000 dollars en quelques années.

Ce n’est donc pas un hasard si, sur les huit entreprises qui se sont officiellement installées au Grand-Duché depuis le printemps 2016 dans le cadre de l’initiative Spaceresources.lu, plus d’un tiers – GomSpace, Kleos Space et Spire Global – ont pour vocation d’exploiter les données issues d’une constellation de satellites. Un mouvement qui devrait se poursuivre au vu de l’engouement suscité par ces nouvelles opportunités auprès des sociétés de capital-risque qui se multiplient. C’est le cas notamment du français Global Space Ventures, du Britannique Seraphim Space Fund ou du futur fonds luxembourgeois qui doit voir le jour en parallèle de la future agence spatiale nationale. Selon Étienne Schneider (LSAP), ministre de l’Économie, ce dernier doit voir le jour «avant les élections» législatives de 2018.