Les tensions au sein de l'Ana autour de la question du ciel unique européen ressortent, à quelques jours de la communication des conclusions de l'étude commanditée par la direction de l'administration et le MDDI. (Photo: Paperjam/DR)

Les tensions au sein de l'Ana autour de la question du ciel unique européen ressortent, à quelques jours de la communication des conclusions de l'étude commanditée par la direction de l'administration et le MDDI. (Photo: Paperjam/DR)

À quelques jours de la publication des conclusions d’une étude très attendue sur la réorganisation des services de circulation aérienne dans le cadre du projet de ciel unique européen, la Luxembourg Approach Controllers Association (Laca) refait parler d’elle. Comme en octobre dernier, la vingtaine de personnes en charge de la gestion de l’approche des avions au Findel dénonce l’idée de la Commission européenne de développer les synergies de ressources en matière aérienne.

Placé au cœur du plus grand bloc européen, dans un ensemble contenant l’Allemagne, la Belgique, la France, les Pays-Bas et la Suisse, le Luxembourg devra externaliser certains services. Ce que dénonce la Laca, qui y voit une atteinte «à la sécurité et à la souveraineté nationale». Dans un communiqué publié jeudi, où figurent pas moins de 16 signataires, dont l’Association luxembourgeoise des pilotes de ligne ou l’Union des pilotes luxembourgeois, l’association s’attaque de front au ministre en charge du Findel, François Bausch (Déi Gréng), soupçonné d’être mal conseillé «dans une décision qui risque d’être lourde de conséquences».

Question autour de l'avenir de l'Ana

La charge ne sera pas restée sans réponse très longtemps, puisque quelques heures plus tard, la représentation du personnel de l’Ana (RPAA) et la Guilde luxembourgeoise des contrôleurs de la circulation aérienne (Guilde) ont indiqué «soutenir Monsieur le Ministre du Développement durable et des Infrastructures et la direction de l’Ana». Indiquant dans leur communiqué représenter «plus de 90% du personnel», les deux organisations défendent la mise en place du projet de ciel unique européen qui «doit viser à garantir la pérennité» de l’administration «en tant que prestataire de services de la navigation aérienne ainsi que d’opérateur d’aérodrome».

Car tout l’enjeu de la guerre de tranchées qui oppose la vingtaine d’aiguilleurs de l’approche des 200 autres membres de l’Ana, dont leurs collègues aiguilleurs actifs dans la tour de contrôle, réside dans le futur de l’administration. Créée en 1948 et habilitée pour la gestion du trafic aérien, son rôle s’est vu réduit depuis le début des années 2000 avec la création de Lux-Airport, société détenue à 100% par l’État et en charge de l’exploitation du terminal du Findel. Au point que les fonctionnaires de l’administration se sont battus pour la défense de leur statut et entendent bien avoir leur mot à dire dans le cadre de l’important développement de l’activité de l’aéroport.

Conformément aux règlements européens qui imposent au Findel de répondre, d’ici au 31 décembre 2017, à des exigences de qualité et de sécurité, la direction de l’Ana entend déléguer certaines opérations de contrôle de l’espace aérien à des partenaires étrangers, en l’occurrence le belge Belgocontrôle ou l’allemand DFS. Mais aussi tirer profit de la situation pour tenter de redistribuer les attributions, en affectant les aiguilleurs, dont ceux du service d’approche, au contrôle au sol, véritable talon d’Achille du Findel. Rendu obligatoire par Bruxelles et bientôt réalité par la mise en service prochaine du radar sol, ce nouveau service devrait permettre à l’Ana de répondre pleinement aux obligations réglementaires, et donc de pouvoir peser sur l’avenir du Findel.