Le Luxembourg fait partie, avec l’Allemagne, la Belgique, la France, les Pays-Bas et la Suisse, du Fabec (Functional Airspace Block Europe Central). (Photo: Paperjam/DR)

Le Luxembourg fait partie, avec l’Allemagne, la Belgique, la France, les Pays-Bas et la Suisse, du Fabec (Functional Airspace Block Europe Central). (Photo: Paperjam/DR)

Les acteurs de l’aérien sont eux aussi confrontés à des exigences réglementaires. Il leur faut repenser leur organisation en vue du ciel européen unique, qui gomme les frontières nationales. En contrepartie, chaque aérodrome devra répondre à des exigences de qualité et de sécurité définies dans les règlements européens, à transposer au plus tard le 31 décembre 2017.

L’aéroport de Luxembourg devra être certifié conforme. C’est le rôle dévolu à l’Administration de la navigation aérienne, qui va devenir l’Administration de l’aérodrome et de la navigation aérienne. Un changement de nom pour formaliser le fait qu’outre être le prestataire de service de la navigation aérienne (ANSP) certifié au Luxembourg, l’Ana assure aussi le rôle de gestionnaire technique du Findel. Des tâches qui occupent aujourd’hui 35% de ses ressources. Or, il est nécessaire de clarifier les activités et d’en partager les coûts.

Le conseil de gouvernement a donné son feu vert en juillet au projet de loi qui va mieux définir les missions de l’Ana et transposer le paquet législatif «Ciel unique européen» de 2009, avec sa cinquantaine de décisions de la Commission. L’Ana compte aujourd’hui près de 220 personnes. Le projet de loi autorisera aussi l’administration à déléguer certaines missions du contrôle de l’espace aérien à des partenaires étrangers. L’accord de Gaichel entre la Belgique, le Luxembourg et le Fadec (bloc aérien de l’Europe centrale) permet cette sous-traitance.

John Santurbano, directeur faisant fonction, souhaite voir formalisées les responsabilités supplémentaires. Il s’emploie aussi à faire bouger les lignes de son administration en vue de l’horizon 2019. Il s’agit surtout d’assurer la transition de l’aéroport dans la nouvelle architecture européenne, le rendre à la fois sûr et performant. «L’Ana», dit-il, «doit se préparer à répondre à l’environnement concurrentiel du transport aérien.» «La nouvelle réglementation présente des risques et des opportunités», analyse-t-il, pointant notamment le morcellement des activités entre les différents acteurs (LuxAirport, Ponts et Chaussées, ministre du Développement durable et des Infrastructures).

Le pari de la certification en 2017 et d’un modèle d’affaires où les coûts seront déterminants (un règlement de la Commission établit un système commun de tarification des services de navigation aérienne) ne se fera qu’au prix de certains arbitrages. Un plan stratégique sur quatre ans a été présenté, qui prévoit une réduction de l’administration et une augmentation de la performance des services.

François Bausch, le ministre du Développement durable et des Infrastructures, ne souhaite pas encore prendre position. Il fera ses arbitrages à la fin de l’année. Ce qui passera soit par un abandon de certaines activités ou leur sous-traitance, soit par la reprise en main de missions à valeur ajoutée.

Le premier niveau de changement se situe à la tour de contrôle (ATC) et a soulevé les réticences des aiguilleurs du ciel qui crient à l’abandon de la souveraineté luxembourgeoise. L’idée serait de confier les services d’approche à Belgocontrol, les contrôleurs aériens belges recevant le support de leurs homologues luxembourgeois. Le radar sol – bientôt en fonction – oblige l’Ana à créer un service de contrôle au sol (y compris les aires de parking, talon d’Achille du Findel): les ressources de l’ATC, rendues disponibles après la sous-traitance vers Belgocontrol ou les Allemands, pourraient y être affectées.

Le service Meteolux, géré et financé entièrement par l’Ana – via les redevances –, alors qu’elle n’est pas le principal utilisateur, demande un rééquilibrage, une part étant à prendre en charge par différentes administrations. Son budget annuel est de 4 millions d’euros. Le service d’incendie et de sauvetage (une cinquantaine de pompiers dépendant de l’Ana) devrait être intégré dans le futur service de secours au niveau national, que le ministre de l’Intérieur Dan Kersch est en passe de réorganiser. «Si les axes stratégiques proposés sont appliqués», souligne John Santurbano, «l’Ana pourra profiter des ressources et compétences actuelles sans devoir recruter un grand nombre d’agents supplémentaires pour répondre au cadre réglementaire national et international.»