Jean-Claude Juncker prononcera ce mercredi son dernier discours sur l’état de l’Union en tant que président de la Commission avant la fin de son mandat qui s’achèvera officiellement le 31 octobre 2019. (Photo: Union européenne)

Jean-Claude Juncker prononcera ce mercredi son dernier discours sur l’état de l’Union en tant que président de la Commission avant la fin de son mandat qui s’achèvera officiellement le 31 octobre 2019. (Photo: Union européenne)

Si l’exercice est imposé par le traité de Lisbonne, le discours sur l’état de l’Union du président de la Commission sous l’ère Juncker a rarement laissé indifférent. Que le Luxembourgeois appelle à «larguer les amarres», qu’il dénonce les atteintes à la crédibilité de l’Union via des promesses qui «tardent» à être concrétisées ou qu’il en appelle aux États membres à «ne pas baisser les bras», ses messages restent d’actualité.

Pour son quatrième et dernier message de politique générale, Jean-Claude Juncker a d’ores et déjà assuré qu’il ne prononcerait pas «un testament» politique. Des propos que confirment la plupart des eurodéputés luxembourgeois, connaisseurs pour la plupart aussi bien de l’homme que de l’animal politique. «Je crois qu’il abordera les questions fondamentales, les enjeux d’avenir, car il est très conscient des dangers qui menacent actuellement l’Union européenne», affirme Charles Goerens (DP).

Mandat sans temps morts

Même analyse pour Mady Delvaux-Stehres (LSAP), qui table sur la présentation «d’un dernier élan pour faire avancer les grands dossiers, même si l’on sent que nous approchons peu à peu de la fin de son mandat». Qualifié par l’eurodéputée socialiste de «compliqué», ce mandat à la tête de la Commission aurait été «celui qui a connu le plus grand nombre d’obstacles et de challenges dans l’histoire européenne», selon l’analyse de Christophe Hansen (CSV), successeur de Viviane Reding au Parlement européen depuis le 2 septembre dernier.

De la crise migratoire de 2015 en passant par le Brexit et la montée des nationalismes, sans oublier l’atteinte aux valeurs fondamentales de l’UE en Pologne et en Hongrie ou les bouleversements dans le commerce international induits par la politique de Donald Trump, les quatre années écoulées n’auront laissé que peu de répit à l’exécutif européen.

Une action marquée uniquement par ‘les grandes choses’.

Tilly Metz, eurodéputée Déi Gréng

Face à ces constats, les attentes varient. Si les questions du renforcement des frontières extérieures et de la migration devraient plus que probablement être évoquées, «car ce seront deux thèmes incontournables de la campagne de 2019», selon Christophe Hansen, elles ne devraient pas être centrales, selon l’analyse de Charles Goerens, qui note que la politique des réfugiés «reste très irrationnelle au vu des chiffres actuels, qui ne sont plus qu’un sous-multiple de ce qu’ils étaient en 2015». D’autres souhaitent y voir apparaître des thématiques considérées comme «peu présentes» au cours des années passées. Ou, du moins, dont l’évocation «n’a pas toujours été suivie d’effet concret».

Pour Tilly Metz (Déi Gréng), l’action de Jean-Claude Juncker «a été marquée par un intérêt uniquement pour ‘les grandes choses’, comme l’économie, par exemple, mais moins pour de ‘petites choses’, comme les questions environnementales ou sociales», ce que l’eurodéputée écologiste souhaite voir changer, afin de contrebalancer «une attitude qui donne l’impression de ne pas être à l’écoute des préoccupations réelles des citoyens et des citoyennes».

Même regret exprimé par Mady Delvaux-Stehres, qui souligne «l’absence d’avancées dans l’Europe sociale en raison des urgences qui se sont succédé» et souhaite voir apparaître cette question dans le dernier discours de l’état de l’Union du troisième président luxembourgeois de la Commission depuis 1958. Si tous soulignent son «engagement» pour la cause européenne, certains jugent d’ores et déjà que Jean-Claude Juncker «est en train d’accomplir un mandat qui restera dans la construction européenne». Charles Goerens estime ainsi que Jean-Claude Juncker est parvenu «à éviter le pire», en parvenant notamment à être «le seul Européen à avoir établi un minimum de flux avec Donald Trump et à être parvenu à incarner un regain d’autorité sur la scène internationale».