Des représentants du collectif des victimes ce vendredi à la conférence de presse. (Photo: DR)

Des représentants du collectif des victimes ce vendredi à la conférence de presse. (Photo: DR)

«Je voulais une présence physique, que les juges sentent la vérité»: voici comment Bernard Maingain, l’un de deux avocats du collectif des victimes de Landsbanki Luxembourg (le second étant Benjamin Bodig) a justifié la présence ce vendredi d’une vingtaine de victimes de la banque d’origine islandaise, qui se sont fait prendre au piège des prêts toxiques et qui risquent aujourd’hui de perdre leur maison.

Vendredi à 14h30, les juges de la Chambre du conseil de la Cour d’appel devaient entendre, lors d’une audience extraordinaire, les arguments de Me Maingain et Bodig, pour se faire convaincre qu’il y a dans le dossier Landsbanki matière à instruire sur des faits présumés de blanchiment, de faux et d’escroquerie.

Le 24 décembre dernier, le juge d’instruction directeur Ernest Nilles avait rendu une ordonnance de non-lieu, après la plainte des victimes déposée en novembre 2012, considérant, à la surprise de nombreux juristes, qu’il y avait une «prescription générale». Le collectif a fait appel de l’ordonnance. Ses deux avocats n’ont pas souhaité dévoiler vendredi midi, lors d’une conférence de presse, les arguments qu’ils devaient avancer deux heures plus tard devant les magistrats. Ils n'en gardent pas moins l'espoir de faire «basculer» la justice luxembourgeoise comme en France, où une instruction judiciaire a été ouverte à Paris par le juge Renaud Van Ruymbeke. «La justice, j’y crois. J’espère que cette Cour va prendre la pleine mesure de ce dossier et va entrer dans la procédure d’instruction», a déclaré Me Maingain, précisant que la fraude commise par la Landsbanki était un «modèle d’escroquerie européenne». «Il convient», a ajouté l’avocat, «de mener les investigations concernant la dérive d’un système bancaire et d’engager une instruction, poussée et régulière».

Interpeller Juncker

Il faudra donc attendre quelques jours, voire quelques semaines, avant que l’on sache si la justice luxembourgeoise revient sur ses pas et ouvre une enquête judiciaire, sachant que la liquidatrice de la banque Landsbanki, Me Yvette Hamilius, n’avait pas voulu porter plainte, jugeant qu’elle n’avait pas trouvé trace d’infraction.

L’avocat du collectif des victimes de Landsbanki aura rendez-vous mardi prochain avec le Commissaire européen en charge du marché intérieur, Michel Barnier, pour l’interpeller sur le dossier. «Nous allons aussi interpeller le candidat à la présidence de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, car quand on aspire à la plus haute fonction, il faut également exiger la plus haute éthique», a indiqué Me Maingain.