Le Parlement grec a dû voter 16 plans de réformes en huit ans pour convaincre les bailleurs internationaux. (Photo: Licence C. C.)

Le Parlement grec a dû voter 16 plans de réformes en huit ans pour convaincre les bailleurs internationaux. (Photo: Licence C. C.)

«La crise grecque s’achève ici ce soir.» La déclaration date du 21 juin dernier, au terme d’une réunion marathon des ministres des Finances de la zone euro. Présent à Luxembourg où elle s’est tenue, Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et financières, s’était réjoui de l’accord trouvé entre membres de l’Eurogroupe pour mettre fin à huit années de tutelle financière d’Athènes.

Athènes peut désormais à nouveau se financer via les marchés. Mais par le biais des financements internationaux (Union européenne et Fonds monétaire international), elle dispose d’un matelas de trésorerie de 24 milliards qui devrait lui permettre d’éviter l’émission de dettes jusqu’en 2020.

Le vaste plan d’aide à la Grèce – en trois programmes – a fait en sorte d’injecter quelque 288 milliards dans l’économie hellénique pour éviter son effondrement et un Grexit qui aurait pu déstabiliser toute la zone euro, moins de 10 ans après son véritable lancement.

Allègement de la dette

Le troisième programme démarré en 2015 se termine ce lundi. Pour permettre le retrait de la perfusion, les ministres des Finances de la zone euro avaient trouvé un accord, en juin, pour alléger la dette grecque.

Ses partenaires ont notamment décidé un allongement de 10 ans pour le remboursement d’un montant de 96 milliards prêtés en 2012 par le FESF (Fonds européen de stabilité financière), créé au cœur de la crise financière pour aider les États défaillants et désormais intégré dans le MES (mécanisme européen de stabilité). Cette décision repousse les derniers remboursements à 2069.

Mais cet allègement ne se fait pas sans condition. Le gouvernement d’Alexis Tsipras a en effet dû promettre d’obtenir un excédent budgétaire primaire – hors service de la dette – de 3,5% du PIB jusqu’en 2022 et de 2,2% jusqu’en 2060. En 2017, il a atteint 4% du PIB.

Redressement fragile

La Grèce va mieux. De gros efforts ont été réalisés pour réformer la politique et l’économie. Pensions rabotées, âge de la retraite repoussée… La population a dû consentir d’énormes sacrifices qui ont fait baisser son pouvoir d’achat d’un tiers.

Le pays restera toutefois sous tutelle internationale afin d’éviter toute nouvelle crise. Le PIB du pays reste toujours 25% en dessous du niveau d’avant la crise et le taux de chômage vient juste de passer sous la barre des 20%. Sans compter la dette du pays, qui pointe désormais à 18% du PIB. Elle était un peu au-delà des 100% du PIB lors du démarrage de la crise en 2010.