Dans plusieurs endroits du monde, et notamment à Singapour, les fermes urbaines fonctionnent à plein régime. (Photo: Fotolia / AYAimages)

Dans plusieurs endroits du monde, et notamment à Singapour, les fermes urbaines fonctionnent à plein régime. (Photo: Fotolia / AYAimages)

L’agriculture en ville n’est plus une utopie depuis longtemps. Dans plusieurs endroits du monde, et notamment à Singapour, les fermes urbaines fonctionnent à plein régime. Au Luxembourg, l’urban farming gagne aussi du terrain. De concert avec d’autres pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne et France), le pays participe au projet intersectoriel Groof (Greenhouses to Reduce CO2 on Roofs), dont l’objectif est de réduire les émissions de CO2 grâce à l’installation de serres sur les toits d’immeubles.

Initié en 2017 pour une durée de quatre ans, ce programme porté par le CDEC (Conseil pour le développement économique de la construction) soutient quatre projets pilotes consacrés à différentes typologies de bâtiments et de serres. Ces projets ont vocation à faire émerger des solutions concrètes d’urban farming sur le territoire européen, à l’image de la serre Sota (State of the Art) qui entrera en fonction au printemps 2019.

Innovation et autonomie énergétique

Installée sur le toit de l’Institut de formation sectoriel du bâtiment (IFSB) à Bettembourg, cette serre urbaine de plus de 500m2, en plus d’une ambition pédagogique, produira près de 10 tonnes de légumes feuilles frais, ainsi que des poivrons, des fraises et des plantes aromatiques. Dépourvues de tout pesticide ou produit chimique, ces cultures hors-sol combineront différentes techniques.

Grâce à l’hydroponie, les plantes seront cultivées sur un substrat inerte et régulièrement irrigué en sels minéraux. L’aéroponie sera utilisée pour vaporiser des solutions nutritives à base de sels minéraux à l’aide d’un dispositif tournant en circuit fermé et activé au moyen d’une pompe. L’aquaponie, enfin, assurera une irrigation en circuit fermé issue d’un aquarium, la transformation par les bactéries des déjections de poissons fournissant à la végétation une eau riche en nutriments.

Un nouvel espace à explorer

Les besoins énergétiques et en eau seront par ailleurs limités puisque le circuit fermé sera alimenté en eau de pluie. La serre profitera de l’énergie résiduelle du bâtiment, notamment la chaleur, et recevra des panneaux photovoltaïques, ainsi que des panneaux solaires innovants inspirés de la photosynthèse végétale. Cette serre perchée consommera ainsi de 25 à 50% d’énergie en moins qu’une installation classique au sol.

Au-delà de sa dimension expérimentale, Sota ambitionne de démontrer que des serres de ce type peuvent s’avérer rentables. Le potentiel luxembourgeois est à cet égard plus qu’intéressant: d’après une première estimation, plus de 60 hectares de toitures pourraient accueillir de telles installations.