Le Luxembourg est impliqué dans le comité technique lancé par l’Organisation internationale de normalisation (ISO) pour définir une certification technique de la blockchain. (Photo: DR)

Le Luxembourg est impliqué dans le comité technique lancé par l’Organisation internationale de normalisation (ISO) pour définir une certification technique de la blockchain. (Photo: DR)

Apporter un peu de clarté à une technologie considérée par beaucoup comme trop complexe pour être intéressante. Voilà le but de la rédaction du livre blanc dédié à la normalisation de la technologie de la blockchain, qui a été présenté mercredi matin au ministère de l’Économie.

L’initiative vient de l’Institut luxembourgeois de la normalisation (Ilnas), qui cherche ainsi à impliquer le secteur privé dans le vaste travail international en cours pour donner un cadre technique à cet outil informatique présenté par certains comme révolutionnaire.

«Ce livre blanc est pour nous un moyen de démystifier la blockchain et de rappeler aux acteurs luxembourgeois intéressés qu’ils peuvent participer aux réflexions actuellement menées en vue de créer une norme internationale», explique Jean-Philippe Humbert, adjoint à la direction de l’Ilnas. «Prendre part à ce travail est le meilleur moyen de connaître à l’avance les spécificités techniques qui encadreront cette technologie.»

Une voix qui pèse

Sur la proposition de l’Australie, l’Organisation internationale de normalisation (ISO) a créé en avril 2017 un comité technique en charge de l’élaboration d’une norme internationale autour de la blockchain. L’Ilnas s’est proposé pour devenir l’un des 30 membres participants du groupe.

«Ce statut est une chance pour le Luxembourg, car il nous donne une voix qui pèse autant que celle des États-Unis ou de la Chine», ajoute Jean-Philippe Humbert. «Il nous oblige également à être très impliqués, car nous devons participer à toutes les séances plénières et à tous les votes.»

10% du PIB mondial en 2025 proviendra d’activités utilisant la blockchain.

Ravi Jhawar, le responsable du livre blanc au sein du GIE de l’Anec

Le Luxembourg est donc un acteur de premier plan dans la définition future d’une norme ISO encadrant la blockchain. Et en publiant un livre blanc, l’Ilnas a voulu envoyer un signal clair à toutes les entreprises intéressées – et pas seulement dans le secteur financier – à s’impliquer.

«Une étude du Forum économique mondial estime que 10% du PIB mondial en 2025 proviendra d’activités utilisant la blockchain», a indiqué Ravi Jhawar, le responsable du projet au sein du GIE de l’Anec (Agence pour la normalisation et l’économie de la connaissance), qui accompagne l’Ilnas dans ses activités de promotion. «Nous avons donc voulu montrer dans ce livre blanc, à travers plusieurs études de cas, quel pourrait être son impact économique.»

La CSSF en spectateur avisé

Le secteur financier luxembourgeois est potentiellement très exposé à l’arrivée de la blockchain. Et si une partie de l’industrie se montre encore prudente face à cette technologie – mis à part les cryptomonnaies et les services qui en découlent comme les ICO, elle n’a pas encore réussi à offrir d’applications fonctionnelles –, plusieurs projets sont en développement.

Les plates-formes développées par FundsDLT et Fundchain proposent des solutions plus rapides et moins coûteuses pour les transactions d’actifs. Mais pour l’instant, aucune des deux initiatives n’est parvenue à proposer un produit commercialisable.

Notre but est de fixer des règles de bonne gouvernance autour de l’utilisation de la blockchain.

David Hagen, responsable de la supervision et du support informatique pour les PSF à la CSSF

Du côté de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), on regarde avec beaucoup d’attention l’arrivée de la blockchain et de ses possibles impacts. David Hagen, responsable de la supervision et du support informatique pour les PSF auprès du régulateur, était d’ailleurs présent mercredi matin à la présentation de l’Ilnas.

«On nous pose souvent des questions autour de cette technologie», explique-t-il. «Notre but est de fixer des règles de bonne gouvernance autour de l’utilisation de la blockchain et de surveiller qu’elles soient respectées dans le cas d’applications nécessitant un agrément de notre part. Nous travaillons à la rédaction de lignes directrices et je pense que nous serons en mesure de présenter un document début 2019.»