Le CSV fera des propositions concrètes autour de la blockchain sur son programme électoral, selon Laurent Mosar. (Photo: Maison moderne / archives)

Le CSV fera des propositions concrètes autour de la blockchain sur son programme électoral, selon Laurent Mosar. (Photo: Maison moderne / archives)

Longtemps restée le domaine de quelques informaticiens et entrepreneurs convaincus, la blockchain est en train de s’imposer dans l’agenda politique au Luxembourg. Le député Laurent Mosar (CSV) en a même fait l’un de ses chevaux de bataille.

Suite à un premier débat à la Chambre, en mars, il a déposé une motion pour interpeller le gouvernement sur son positionnement vis-à-vis des cryptomonnaies et plus largement de la technologie du registre distribué, qui offre de nombreuses applications dans le secteur financier.

Mardi matin, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, est donc venu échanger sur la question avec les membres de la Commission des finances. Une discussion «très constructive», s’est félicité Laurent Mosar, qui a expliqué que tous les points énoncés dans sa motion avaient été entendus.

Une position prudente

Le député CSV proposait notamment la création d’une «‘task force’ au niveau gouvernemental qui rassemble les acteurs-clés du secteur financier et des nouvelles technologies.»

Ce à quoi le ministre aurait indiqué qu’un groupe de travail au sein du Haut comité de la place financière (HCPF) était déjà en place, mais que celui-ci serait ouvert à l’Apsi (Association des professionnels de la société de l’information), comme cela a été demandé par Laurent Mosar.

Nous voulons être plus proactifs.

Laurent Mosar, député CSV

Le second sujet abordé a été celui de la protection des investisseurs. À l’heure actuelle, deux initiatives testent l’utilisation de la blockchain dans l’industrie des fonds, Fundchain et FundsDLT. Mais la transaction d’actifs basée sur cette technologie n’est pas encore possible à grande échelle au Luxembourg.

La position du gouvernement – comme celle de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) – en termes de législation et de régulation est plutôt prudente. Le Grand-Duché attend de voir comment réagiront ses grands voisins allemand et français, ainsi que l’Union européenne, pour suivre la tendance, notamment sur la question des ICO, ces levées de fonds basées exclusivement sur la blockchain.

«Nous voulons être plus proactifs, car nous savons que de nombreux acteurs de la Place sont en attente d’un tel cadre», a expliqué Laurent Mosar. Selon lui, le ministre s’est dit ouvert pour parler d’une évolution législative avec les professionnels du secteur, notamment l’Alfi pour les fonds et l’ABBL pour les banques.

La blockchain sur le programme du CSV

Pour le député Franz Fayot (LSAP), également membre de la Commission des finances, le ministre est venu avant tout présenter les mesures qui avaient déjà été mises en place par le gouvernement, notamment l’initiative Infrachain, pour montrer qu’il existait une convergence de vue entre tous les partis politiques quant aux retombées positives potentielles que représentait la blockchain.

«Pour le CSV, il s’agit d’un ‘buzzword’ et ils essaient d’occuper ce terrain à l’approche des élections, mais je n’ai pas l’impression qu’ils ont une connaissance très profonde du dossier», a fait remarquer le député socialiste.

Laurent Mosar, lui, entend surveiller très étroitement la mise en pratique des «engagements» du ministre. La blockchain, selon lui, est stratégique pour la réputation de la Place. Il a d’ailleurs assuré que son parti ferait des propositions concrètes sur le sujet dans son programme électoral.