L'OGBL a dénoncé lundi une politique de gestion du personnel où règne «un climat de peur et d'oppression». Le ministre Bausch assure, lui, qu'il va vérifier ces affirmations. (Photo: Sven Becker)

L'OGBL a dénoncé lundi une politique de gestion du personnel où règne «un climat de peur et d'oppression». Le ministre Bausch assure, lui, qu'il va vérifier ces affirmations. (Photo: Sven Becker)

Longtemps resté un aéroport secondaire, le Findel réussit peu à peu à se faire une place. Sur le point de franchir la barre symbolique des trois millions de passagers annuels, multipliant les arrivées de nouvelles compagnies et les dessertes de nouvelles destinations et souhaitant se métamorphoser en «Airport City», l’aéroport luxembourgeois n’en possède pas moins sa part d’ombre. Ce lundi, l’OGBL s’est chargé de le rappeler à François Bausch (Déi Gréng), ministre du Développement durable et des Infrastructures.

Au cours d’une rencontre qui s’est tenue lundi matin, le syndicat a tenu à faire part «de la démotivation du personnel» de Lux-Airport. Faisant état d’un «malaise général», l’organisation majoritaire au sein de la société gestionnaire de l’aéroport dénonce tour à tour les «nombreux licenciements, départs volontaires, augmentations de salaire refusées, paiements tardifs des salaires, le non-respect de la durée maximale de travail et du repos journalier légalement prévus, l'attitude misogyne de la direction».

Si cela est vrai, des changements interviendront le plus vite possible.

François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures

Un portrait pour le moins peu flatteur du fonctionnement de la société détenue à 100% par l’État qui pousse Hubert Hollerich, secrétaire central OGBL, à parler de «climat de peur et d’oppression qui est sans doute pire que dans d’autres sociétés privées». Selon les calculs du syndicat, dans le seul département Sûreté, 18 personnes ont été licenciées au cours des trois dernières années et 34 ont démissionné. Ce qui a fait passer l’effectif de ce département «de 157 à 131 salariés» assure l’OGBL qui pointe du doigt dans le même temps «le manque chronique de personnel et l’accroissement du volume de travail permanent».

Entre les lignes, le syndicat critique donc l’annonce de la création de 20 nouveaux postes, rendue publique lors de la signature de la nouvelle convention collective. Ces derniers ne seraient donc, selon lui, en aucun cas de réelles créations de postes et ne feraient que combler les départs volontaires – ou involontaires – du personnel. Regrettant la publication par l’OGBL de ces informations «avant même que nous ayons eu le temps de vérifier leur véracité», François Bausch indique auprès de Paperjam.lu que «si cela est vrai, des changements interviendront le plus vite possible».

Donner de nouvelles responsabilités à Lux-Airport n'aurait pas de sens.

Hubert Hollerich, secrétaire syndical OGBL

Autre sujet d’inquiétude, la modernisation de l’Administration de la navigation aérienne (Ana) que François Bausch doit annoncer officiellement mardi devant les députés en commission. Rendue nécessaire, selon le responsable de la mobilité au Grand-Duché, par l’intégration du Luxembourg dans le ciel unique européen et la croissance de fréquentation du Findel, cette décision devrait voir le rôle de Lux-Airport renforcé au sein des différents organes de l’aéroport.

Cela se fera au détriment de l’Ana qui devait initialement prendre en charge la nouvelle certification de l’aérodrome, fixée au plus tard au 31 décembre 2017 par Bruxelles. «Dans un contexte où Lux-Airport n’est pas capable de gérer le quotidien avec d’importants problèmes au niveau de son personnel, lui donner de nouvelles responsabilités n’aurait pas de sens», estime Hubert Hollerich qui entend dans le même temps «s’opposer fermement à toute privatisation de l’Ana».

Principe d'«interchangeabilité» des contrôleurs aériens

De son côté, le ministre assure que «l’aéroport du Luxembourg est la seule structure en Europe qui dispose de deux entités distinctes». Bien que «n’entendant pas mettre fin à cette spécificité», il estime que «la coordination de la certification devrait être confiée à Lux-Airport» qui deviendrait de fait l’acteur majeur du Findel. L’Ana, de son côté, garderait son rôle de gestion de l’espace aérien. Une décision basée sur les conclusions d'un rapport réalisé par un expert autrichien.

Dans l’idée du locataire de la place de l’Europe, la modernisation de cette administration devra principalement passer par le développement de «l’interchangeabilité», comprenez l’obligation pour les contrôleurs aériens d’être capables d’assurer l’approche, les décollages et atterrissages, mais aussi le contrôle des parkings via le fameux radar au sol. Pour ce faire, un programme de formation via la Deutsche Flugsicherung est prévu, ainsi que le recrutement de 12 nouveaux contrôleurs aériens.