Selon Pierre Gramegna, «les éléments disponibles ne permettent pas d’établir la véracité des allégations relatives à l’existence d’une opération correspondante en relation avec la BCEE.» (Photo: Fabrizio Maltese/archives)

Selon Pierre Gramegna, «les éléments disponibles ne permettent pas d’établir la véracité des allégations relatives à l’existence d’une opération correspondante en relation avec la BCEE.» (Photo: Fabrizio Maltese/archives)

Fin octobre, l’hebdomadaire allemand «Der Spiegel» éclaboussait la place financière luxembourgeoise en affirmant que les données de quelque 50.000 clients de la Banque et caisse d’épargne de l’État (BCEE) avaient été dérobées. Des données qui auraient été achetées cinq millions d’euros par le Land de Rhénanie-du-Nord – Westphalie. Une semaine plus tard, 120 clients allemands de la banque avaient reçu la visite des autorités fiscales de leur pays, avaient indiqué plusieurs médias allemands. Tous auraient eu plus de 300.000 euros sur leurs comptes luxembourgeois.

Une version que met en doute lundi Pierre Gramegna (DP). Interrogé par les députés CSV Diane Adehm et Gilles Roth sur la véracité de ces informations et sur les mesures envisagées pour éviter de telles fuites à l’avenir, le ministre des Finances assure que les éléments publiés «ne sont pas concordants». Pour le grand argentier du Luxembourg, les affirmations publiées outre-Rhin ne sont «que des spéculations journalistiques» et «les éléments disponibles ne permettent pas d’établir la véracité des allégations relatives à l’existence d’une opération correspondante en relation avec la BCEE.» En d’autres termes, des incertitudes planent sur la thèse du vol de données.

Un dossier sur le bureau du successeur de Finck

La preuve ultime, selon le ministre, viendrait des déclarations de la Spuerkeess qui, le 31 octobre, annonçait «déposer plainte contre inconnu auprès des autorités luxembourgeoises». Pour autant, la Spuerkeess ne confirmait pas la duplication éventuelle de données liées à des milliers de ses clients. Un élément qui relativiserait la version d'un hypothétique SpuerkeessLeaks. Le ministre des Finances rappelle d'ailleurs, en paraphrasant les formules de la banque publique, que «la vente illégale de données couvertes par le secret professionnel constitue une infraction pénale au regard de la législation luxembourgeoise.»

Du côté allemand, l’achat de données bancaires relatives à des contribuables possédant un compte à l’étranger est une pratique en vogue. Depuis 2010, quelque 120.000 fraudeurs fiscaux allemands auraient été rattrapés par le fisc, selon le Spiegel. Les suites éventuelles de cette affaire vont donc atterrir sur le bureau du successeur de Jean-Claude Finck, directeur général de la BCEE jusqu’en février prochain. Nommé en 2004, ce dernier avait notifié en septembre 2014 au ministre des Finances et au président du conseil d’administration, Victor Rod, son intention de ne pas prolonger son mandat. Une annonce en vue de la soumission des candidatures a été publiée dans la presse fin novembre.