Selon GDF-Suez, détenue à 36 % par l'Etat français, cette « structure » ne réduira pas l'impôt versé en France. (Photo: Gerry Gelens/licence CC)

Selon GDF-Suez, détenue à 36 % par l'Etat français, cette « structure » ne réduira pas l'impôt versé en France. (Photo: Gerry Gelens/licence CC)

Alors que le russe Sodrugestvo vient de transférer son siège du Danemark au Luxembourg, le français GDF-Suez est sans doute encore très loin d'en faire autant.

Il n'en est pas moins convaincu des vertus du Grand-Duché. Le groupe prépare en effet la création d'une société de droit luxembourgeois, via sa filiale Storengy, pour y rassembler ses activités internationales de stockage.

Le groupe français, dont l'action est listée en Bourse de Luxembourg (en plus de sa cotation à Paris et Bruxelles) indique vouloir créer une « structure dans le cadre de l’optimisation administrative et financière de ses activités et afin de renforcer son développement à l’international». Ses activités internationales de stockage, notamment établies en Allemagne et au Royaume-Uni sont aujourd'hui rattachées à plusieurs entités.

Stabilité économique

Le groupe, qui emploie plus de 190.000 personnes en Europe et y réalise un chiffre d'affaires de 70 milliards d'euros, dit avoir choisi le Luxembourg en raison de la stabilité de son environnement économique. Il précise que « la nouvelle entité recevra les revenus issus des différentes sociétés situées hors de France et les remontera sous forme de dividendes à la société mère, en France, qui s’acquittera des impôts correspondants ». Selon GDF-Suez, donc, ce montage ne réduira pas les impôts versés en France, contrairement aux accusations portées par la CGT.

Selon le syndicat, l’Etat français, actionnaire à 36 % du groupe, doit « s’opposer à ce transfert d’argent vers les paradis fiscaux ». Pour la CGT, le groupe, comme sa filiale Storengy, sont assujettis à une mission de service public, incompatibles avec de tels montages. Peut-être de quoi nourrir une polémique en pleine campagne électorale.

La présence du groupe français au Grand-Duché ne date pourtant pas d'hier. Pas moins de 12 sociétés GDF-Suez sont déjà établies au Luxembourg. Elles sont toutes domiciliées au 65, avenue de la Gare, à Luxembourg-ville. Les origines de la première, GDF-Suez Corp Luxembourg, remontent à 1938 ; la dernière, GDF-Suez Treasury Management, a été fondée le 2 mai 2011.

Energolux à Luxembourg-Hamm

Créée en 1982, et propriété du groupe depuis 1998, la société Energolux, spécialisée dans les installations électriques, est elle établie à Luxembourg-Hamm. Elle y emploie 50 techniciens et ingénieurs. De même, la centrale turbine-gaz-vapeur Twinerg de Esch-sur-Alzette appartient à GDF-Suez. Effectifs : 21 personnes.

Néanmoins, le gouvernement luxembourgeois devrait voir cette annonce d'un bon oeil, alors que l'implantation d'entreprises étrangères et le transfert de sièges sociaux font partie de ses objectifs affichés. L'idée figure en toutes lettres dans le communiqué publié ce mardi par le ministère de l’Economie à l’occasion de l’annonce du transfert de Sodrugetsvo : « Selon le ministre Etienne Schneider, le fait que la société ait choisi le Luxembourg, après analyse factuelle du cadre règlementaire et économique du pays, montre que le pays reste compétitif pour l’implantation de quartiers généraux provenant de différents secteurs. Il faut continuer de diversifier le secteur des sièges sociaux »

Deux autres entreprises françaises ont récemment annoncé le transfert de leur siège social au Luxembourg. Il s’agit de Eurofins Scientific, leader mondial du test alimentaire, et de la société informatique Sword. « La stabilité fiscale du Luxembourg, plus que l'optimisation, a motivé ce transfert », expliquait le mois dernier Jacques Mottard, le CEO de Sword.