Pour Charles-Antoine Beyney qui est parti pour la Californie ce week-end, cette nomination permettra de gagner en visibilité auprès d’investisseurs, mais aussi d’étendre la base de clients. (Photo: Mike Zenari)

Pour Charles-Antoine Beyney qui est parti pour la Californie ce week-end, cette nomination permettra de gagner en visibilité auprès d’investisseurs, mais aussi d’étendre la base de clients. (Photo: Mike Zenari)

Choisie cet été pour intégrer le programme américain «Startup Europe Comes to Silicon Valley» (SEC2SV), Etix Everywhere, spécialiste du data center modulaire, est la seule entreprise luxembourgeoise du palmarès.

Il ne s’agit pas pour elle du premier contact avec les entreprises américaines, puisqu’au début de l’année 2015, elle avait déjà levé 16,7 millions de dollars, auprès de deux partenaires financiers, dont un américain, Tiger Infrastructure Partners, et le français InfraVia. La start-up a créé des bureaux à New York et San Francisco dans la foulée.  

Nos employés sont à la fois nos actionnaires et leurs propres patrons.

Charles-Antoine Beyney, cofondateur et CEO d’Etix Everywhere

Plutôt discrète au Luxembourg, Etix, née en octobre 2012, connaît une expansion soutenue depuis deux ans. Si à la fin 2014, elle ne comptait que quatre collaborateurs, dont les deux fondateurs, Charles-Antoine Beyney et Antoine Boniface, elle en emploie actuellement 87 de 13 nationalités.

«Nous voyons notre équipe comme un réseau de neurones à mobiliser et à organiser sur différents projets, sans hiérarchie bloquante», explique Charles-Antoine Beyney, le CEO. «Tous nos employés sont à la fois nos actionnaires et leurs propres patrons.»

Etix Everywhere

Etix Everywhere a pris possession d’un nouvel immeuble acheté par ses soins il y a quelques mois.

Installée depuis peu rue de Strasbourg après un séjour dans les bureaux de Telecom Private Operator, puis quelques mois dans un bureau à la Cloche d’Or, Etix dessert aujourd’hui 13 marchés depuis Luxembourg, dont les USA, l’Angola ou le Sénégal. Son positionnement est d’aller là où les grands joueurs ne vont pas, par exemple en Afrique ou en Amérique latine, et ainsi donner vie à des écosystèmes locaux. 18 projets sont actuellement menés en parallèle.

«Nous évitons les grandes routes comme Amsterdam ou Paris où les prix sont très élevés. En amenant un data center dans une zone non desservie, cela donne naissance à de l’activité et des start-up», cadre Charles-Antoine Beyney.

Le facteur X

Pour les deux fondateurs, les RH constituent une priorité fondamentale. 32 postes sont ouverts en ce moment. «C’est un maillon indispensable. Quand nous n’étions que 20, ils étaient déjà six. Ce sont de vrais chasseurs de têtes», souligne Charles-Antoine Beyney.

Sans RH, pas de cohésion ni de sentiment d’appartenance.

Charles-Antoine Beyney, cofondateur et CEO d’Etix Everywhere

Julian Troian, le chief happiness officer en charge des RH depuis octobre 2014, a carte blanche pour les recruter partout dans le monde. «Sans RH, pas de cohésion ni de sentiment d’appartenance! Julian a recruté presque 90 personnes en provenance de 10 pays en un an et demi. Notre vision n’est pas l’approche Google. Nous ne voulons pas renouveler la société tous les cinq ans, mais construire sur le long terme. La confiance et la connaissance de la société valent de l’or.»

Les bureaux d'Etix

Outre les compétences techniques, les recruteurs recherchent le facteur «X» chez les nouvelles recrues. En échange, on leur propose un environnement de travail créatif et stimulant, couplé à de multiples formations dans le cadre de la Etix Academy. Pour favoriser un esprit de corps, un mercredi sur deux, le pôle RH organise des challenges par équipe pour stimuler la créativité des équipes. Des «hackathons» fréquents, ainsi que des «lightning talks» de 15 minutes complètent le panorama. 

Software «maison»

En dehors de son approche RH, une des forces du modèle Etix, c’est sa rapidité d’exécution, de déploiement et de livraison. «Notre rythme de développement est agressif. Le temps, c’est de la survie et de l’argent dans une start-up. Nous voulons être les plus rapides. C’est la raison pour laquelle près de la moitié de notre staff s’occupe de R&D», affirme Charles-Antoine Beyney.

Ainsi, l’entreprise propose des data centers modulaires livrés en kits en 16 semaines. «Notre rayon d’activités est très large. Nous avons des computer scientists, des ingénieurs, des développeurs, des architectes... Notre premier métier est de construire des data centers un peu partout dans le monde. Nous gérons tout, depuis le choix du terrain, jusqu’au permis de bâtir et la construction proprement dite.» Outre la vente des data centers, plusieurs modèles de services existent, comme la colocation ou le co-investissement.

Nous n’externalisons rien. Nous voulons tout contrôler.

Charles-Antoine Beyney, cofondateur et CEO d’Etix Everywhere

Grâce à des softwares développés «in house», il ne lui faut que 10 personnes pour opérer 100 data centers, ce chiffre allant de 10 à 40 par data center chez d’autres constructeurs. Aucun agent de sécurité n’est nécessaire à l’entrée du bâtiment, en raison d’un système d’authentification innovant conçu grâce à un device universel, ce qui représente une sérieuse économie. «Nous sommes, pour l’instant, les seuls au monde à pouvoir le faire.» Le suivi des vidéos de surveillance se fait ici, de manière entièrement automatisée. «Nous n’externalisons rien. Nous voulons tout contrôler.» Vendre les logiciels conçus en interne est une des pistes pour le futur.   

Pour continuer sur sa lancée de ces deux dernières années et conserver le ratio de 30% de son chiffre d’affaires alloué à la R&D, la start-up s’apprête, ces prochaines semaines, à faire un deuxième tour de table de financement à l’international. «Nous devons bâtir sur notre croissance. Comme start-up, nous brûlons beaucoup de cash pour recruter des bons profils et grandir rapidement. Comme toute start-up qui réussit, nous avons besoin de capital de développement», termine le fondateur d’Etix.