Déi Gréng veut continuer à gouverner après 2018. (Photo : Nader Ghavami)

Déi Gréng veut continuer à gouverner après 2018. (Photo : Nader Ghavami)

Tandis qu’il considère que sa première participation au gouvernement depuis 2013 aurait permis de sortir le pays de son «retard» pour avoir aujourd’hui «un pays qui va mieux», Déi Gréng estimait lors de son congrès statuaire ce samedi au centre Barblé à Strassen que sa tâche ne vient que de commencer.

Les représentants de Déi Gréng se félicitaient d’avoir transposé la quasi-totalité du contenu de leur programme de coalition de 2013, certes, mais le ministre de la Justice, Félix Braz, estimait qu’il fallait «regarder de l’avant» et proposer des solutions pour répondre aux soucis des gens. Des soucis qui résultent – selon lui – des incertitudes en ce qui concerne la paix dans le monde, le climat, l’extrême droite, la digitalisation et les perspectives de chaque individu. Des perspectives qui, au cours des décennies  précédentes, donnaient l’impression que tout irait mieux (en luxembourgeois «Et geet de Bierg op», ndlr) mais qui désormais donneraient l’impression que l’avenir sera plus difficile.

Or, pour rester aux commandes, Déi Gréng, qui compte actuellement six mandats à la Chambre des députés, en veut huit à l’issue des élections législatives du 14 octobre, explique le ministre de la Justice, Félix Braz. Par ailleurs, ce dernier estimait que l’eurodéputé écologiste Claude Turmes serait le meilleur choix pour le poste de commissaire européen en 2019, en particulier si le Luxembourg peut saisir la chance d’occuper le ressort de l’énergie.

Lever le pied pour réussir le virage.

Christian Kmiotek, coprésident de Déi Gréng

Le parti veut donc grandir, sortir renforcé du scrutin du 14 octobre. En ce qui concerne la croissance économique et démographique – thème majeur de la campagne électorale –, le parti veut en revanche «lever le pied pour réussir le virage». Le coprésident de Déi Gréng, Christian Kmiotek, souligne que son parti n’est pas contre les frontaliers mais que le développement économique et démographique du Grand-Duché devrait être réorienté.

Ainsi, il plaide pour une approche plus sélective pour l’accueil des entreprises, un développement modéré des villages et un développement des trois centres urbains (Luxembourg-ville, Esch-sur-Alzette et la Nordstad, ndlr) en trois villes plus compactes et multifonctionnelles.

Pour démontrer que, parfois, un État peut renoncer à telle ou telle industrie, Christian Kmiotek rappelle que le Luxembourg a finalement renoncé à une centrale nucléaire dans les années 70 et que le Luxembourg allait toujours bien, malgré les avertissements à l’époque que le pays risquerait de retourner au Moyen-Âge.

Le CSV ramasse

Un congrès étant évidemment une bonne occasion pour montrer du profil et distribuer des piques aux autres partis, Déi Gréng en infligeait en particulier au CSV, qui selon lui, ne se préoccupe actuellement que de la distribution de postes ministériels et ne propose aucun contenu. Félix Braz rappelle d’ailleurs à l’eurodéputée Viviane Reding qu’avant de critiquer le gouvernement actuel au sujet de l’implantation d’agences européennes, elle devrait savoir que son parti, le CSV, aurait laissé filer entre les mains les implantations de l’Autorité bancaire européenne et Eurojust. Déi Gréng, en revanche, a réussi à obtenir le Parquet européen pour le Luxembourg.

Claude Turmes ajoutait que selon lui, la philosophie de Viviane Reding serait «Luxembourg first, Europe second». Une approche jugée mauvaise car, avec ce genre de «nombrilisme», il ne faudrait pas s’étonner que l’Allemagne continue à défendre son industrie automobile polluante et la France son nucléaire.

Par ailleurs, le ministre de la Justice est revenu sur une déclaration controversée du président du CSV, Marc Spautz. Alors que ce dernier s’était excusé pour avoir évoqué des «uniformes roses» en allusion à l’homosexualité du vice-Premier ministre, Étienne Schneider (LSAP), Félix Braz n’a pas encore entendu les autres membres du CSV s’excuser, alors que ces derniers avaient bien rigolé quand Marc Spautz exprimait sa «remarque débile».

Les piques contre les partenaires de coalition, c’est Claude Turmes qui s’en est occupé. L’Eurodéputé a critiqué la politique économique du LSAP, notamment en ce qui concerne les éventuelles implantations de Google et Fage. Le DP, lui, s’est vu critiqué pour avoir trouvé opportun d’inviter le ministre allemand de l’Agriculture, Christian Schmidt (CSU), au Luxembourg, alors que c’est ce dernier qui permet, en faisant cavalier seul, la prolongation de l’autorisation du glyphosate pour cinq ans.