En 2016, le Luxembourg a versé 31 millions d’euros en indemnités de chômage à la France, à la Belgique, à l’Allemagne et aux Pays-Bas.  (Photo: Adem / Luxembourg)

En 2016, le Luxembourg a versé 31 millions d’euros en indemnités de chômage à la France, à la Belgique, à l’Allemagne et aux Pays-Bas.  (Photo: Adem / Luxembourg)

Le ministre du Travail s’est fendu d’une lettre adressée à la main : «Cher Jean-Claude» à côté du «Monsieur le Président» de rigueur, pour contester la décision de la Commission que les pays comme le Luxembourg prennent en charge les indemnités chômage des travailleurs frontaliers. Les associations de frontaliers se sont dites opposées à cette réforme.

Cela fait plus d’un an que la Commission tente de mettre en place cette proposition. Nicolas Schmit avait déjà publiquement évoqué son opposition à la commissaire européenne à l’Emploi, Marianne Thyssen.

Le ministre du Travail concédait alors la nécessité d’une Europe plus sociale, mais il avait mis en avant la particularité du pays et de ses plus de 180.000 travailleurs frontaliers pour lesquels cette mesure pourrait avoir un coût estimé à près de 60 millions d’euros par an. Dans cette lettre, Nicolas Schmit rappelle que la population active luxembourgeoise est composée à 43,75% de travailleurs frontaliers.

La problématique du contrôle des chômeurs

Mais au-delà de ces dépenses, Nicolas Schmit – qui conteste que la position luxembourgeoise représente un frein à la mobilité des travailleurs – estime surtout que l’application de cette réforme serait plus que problématique, par égard notamment au contrôle de ces chômeurs frontaliers indemnisés par le Grand-Duché.

<blockquote class="twitter-tweet" data-lang="en"><p lang="fr" dir="ltr">Chômage des frontaliers :la presse française parle de « Jackpot financier »on croyait qu’il y irait de grands principes europ..Cette Commission ne défend pas les salariés en libre circulation qui sont contre ms les intérêts financiers de certains grands pays</p>&mdash; Nicolas SCHMIT (@nicolasschmit2) <a href="https://twitter.com/nicolasschmit2/status/1007229771573547008?ref_src=twsrc%5Etfw">June 14, 2018</a></blockquote><script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>

Cette année, la Commission est revenue à la charge avec cette proposition. Le Luxembourg aurait le soutien de l’Allemagne, des Pays-Bas, de l’Autriche, du Danemark et de Malte, tout comme d’ailleurs celui de «différents comités représentants de frontaliers au Luxembourg». Le Luxembourg et ses alliés proposeraient de maintenir le statu quo et, en contrepartie, d’améliorer le système des remboursements, «souvent critiqué par d’autres États membres». Mais cela ne pourrait pas suffire pour constituer une minorité de blocage.

Dans cette lettre, «le Luxembourg procède actuellement au remboursement des trois premiers mois de prestations pour les chômeurs frontaliers de ses pays voisins (Allemagne, Belgique et France), sans cependant devoir procéder à un suivi proactif en vue d’une réintégration sur le marché de l’emploi».

Le ministre luxembourgeois se dit prêt à négocier en proposant notamment de «passer de trois à cinq mois de remboursement en faveur de ses pays voisins». Au-delà de l’aspect financier, le ministre rappelle que la charge de travail pour les agents de l’Adem, ainsi que les contrôles, seraient alors impossibles.

Le nouveau système «n’apporterait rien à la mise en œuvre du principe de la libre circulation des travailleurs auquel le Luxembourg est très attaché», conclut le ministre dans sa lettre.