Le Royaume-Uni, représenté à gauche par David Davis, ministre britannique chargé du Brexit, et l’Union européenne, représentée par Michel Barnier, ont du mal à s’entendre. (Photo: Commission Européenne)

Le Royaume-Uni, représenté à gauche par David Davis, ministre britannique chargé du Brexit, et l’Union européenne, représentée par Michel Barnier, ont du mal à s’entendre. (Photo: Commission Européenne)

La barre symbolique des 500 jours après le référendum portant sur le Brexit a été franchie. Et les négociations semblent, sinon s’enliser, avancer à — très — petits pas. «Vous ne devez pas attendre de nous, aujourd’hui, d’annonces ou de décisions», a lancé vendredi Michel Barnier au sortir du 6e round de négociations entre l’UE et le Royaume-Uni, qui s’est tenu à Bruxelles. La précédente réunion avait pourtant été marquée par des «avancées décisives» possibles d’ici la fin 2017.

Principale pierre d’achoppement: la facture que serait prêt à régler Londres dans le cadre de sa sortie de l’Union européenne. Un montant estimé à 60 milliards d’euros par Jean-Claude Juncker. Selon les sources, le gouvernement de Theresa May serait prêt à proposer entre 20 et 40 milliards d’euros.

L’absence d’accord, une option

Car Michel Barnier a fait de cette épineuse question du montant un principe avant d’entamer des discussions sur les éléments qui régleront les relations — notamment commerciales — entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, une fois que celui-ci n’en fera plus partie.

«Le contribuable européen ne doit pas payer le prix d’une décision prise souverainement par le Royaume-Uni», estime le négociateur en chef de l’Union européenne sur le Brexit dans l’édition du 12 novembre du Journal du dimanche. «Nous souhaitons aboutir à un accord d’ici 15 jours ouvrables, en vue du Conseil européen des 14 et 15 décembre. Le rendez-vous sera reporté si les progrès ne sont pas suffisants. Aujourd’hui, nous n’y sommes pas.»

Dans cet entretien, Michel Barnier évoque l’option, prévue en coulisses à Bruxelles, d’un «no deal» qui n’est pas son option, mais qui «serait un retour en arrière de 44 ans. Mais c’est une possibilité.»

«Pas de concurrence déloyale»

Faute d’accord d’ici le 29 mars 2019, date de sortie du Royaume-Uni de l’UE, il deviendra «un État tiers» tombant sous le régime commun de l’Organisation mondiale du commerce, ajoute Michel Barnier dans le JDD: «Un échec des négociations aurait des conséquences sur de multiples domaines, rien que sur la capacité des avions britanniques à atterrir en Europe, le Royaume-Uni quittant le ciel unique, ou sur celle des chiens et des chats à traverser le ‘Channel’!» 

Si un accord est trouvé en décembre, les discussions autour d’un traité entre l’UE et Londres pourront débuter. Michel Barnier estime à «au moins deux ans» l’aboutissement d’un accord de libre-échange. Et de prévenir d’ores et déjà que l’UE «n’acceptera pas de concurrence déloyale». Outre une bataille financière, c’est un rapport de force entre le bloc des 27 et du Royaume-Uni, tenté par le dumping commercial et fiscal, qui se poursuit.