Amazon assure que les salariés déclarés par Amazon EU qui travaillent dans des filiales à l’étranger sont couverts par des contrats locaux et non luxembourgeois. (photo: Jessica Theis / archives)

Amazon assure que les salariés déclarés par Amazon EU qui travaillent dans des filiales à l’étranger sont couverts par des contrats locaux et non luxembourgeois. (photo: Jessica Theis / archives)

Évoquant des «salariés fantômes», Le Quotidien daté du 11 janvier mettait en exergue les chiffres contradictoires présentés par Amazon. Le géant américain du commerce en ligne affirme en effet employer 1.500 salariés au Luxembourg (chiffre daté de début 2017), mais Amazon Luxembourg aurait déclaré 3.289 salariés dans ses comptes annuels 2016.

Un écart que la société, réputée pour sa discrétion et sa communication minimaliste, a expliqué au Quotidien en indiquant qu’Amazon EU, enregistrée au Luxembourg, comptait 2.537 salariés «incluant des employés travaillant dans d’autres pays européens». Sans en délivrer le détail.

Contactée par Paperjam.lu, Amazon Luxembourg ne s’est pas montrée beaucoup plus loquace, soumise également à une politique de communication très stricte par son siège mondial à Seattle. Elle confirme compter, outre les 1.500 salariés qui travaillent effectivement au Luxembourg sous contrat luxembourgeois, des salariés qui sont engagés par les filiales d’Amazon EU établies en 2015 dans d’autres pays européens (Royaume-Uni, France, Italie, Espagne et Allemagne). Mais apporte une précision cruciale: ces salariés signent alors un contrat local et non luxembourgeois. Cela évacue a priori la question d’un éventuel dumping social destiné à payer moins de charges sociales.

Il ne s’agit pas nécessairement d’une pratique généralisée parmi les grands groupes.

Un fiscaliste de la Place

Une structuration qu’Amazon qualifie de commune dans le milieu des multinationales. «Il est possible qu’un siège européen n’entretienne qu’un lien hiérarchique avec ses salariés employés par une filiale sous contrat local, mais il existe beaucoup de schémas différents et il ne s’agit pas nécessairement d’une pratique généralisée parmi les grands groupes», nuance un fiscaliste de la Place.

S’ils ne sont pas détachés par Amazon EU mais bien employés par la filiale italienne ou allemande, les salariés peuvent en effet apparaître dans la comptabilité de la maison mère sous forme de refacturation des coûts salariaux par la filiale. Ce sera notamment le cas lorsque les activités de ces salariés sont rendues pour le compte et le bénéfice direct de la multinationale. «Cela dépend vraiment de la nature des services rendus, de l’endroit où ces services sont rendus et à quelles entités ils profitent», souligne le fiscaliste.

«Il se peut aussi qu’une personne travaille pour la filiale allemande. Mais si, dans les faits, c’est la société luxembourgeoise qui donne les instructions et a un pouvoir de supervision sur le travail du salarié, elle pourrait être considérée comme employeur dans les faits au regard du droit fiscal», ajoute un autre fiscaliste.

Amazon réaffirme être dans les clous avec des salariés entièrement couverts par leur contrat local.