Le procès se poursuit mardi et mercredi.  (Photo: paperJam / Archives)

Le procès se poursuit mardi et mercredi.  (Photo: paperJam / Archives)

Le ministre en personne, Claude Meisch, avait lundi matin accepté l’invitation au procès «SchoolLeaks». Il n’aura cependant pas été entendu, car le tribunal doit trancher jusqu’à mardi si le ministre pourra être entendu en tant que témoin sous serment, comme le réclament les avocats des accusés – trois enseignantes et le mari d’une d’entre elles –, ou s’il pourra, en tant que représentant de l’État et partie civile dans ce procès, uniquement donner de «simples explications».

Pour expliquer la démarche du ministère à l’époque, c’est le premier conseiller de gouvernement, Lex Folscheid, et bras droit du ministre, qui a dû s’y coller en attendant. Bombardé de questions de l’avocat du mari d’une des enseignantes, Me Fränk Rollinger, Lex Folscheid a expliqué que lorsque les sujets des épreuves communes du cycle 4.2 du fondamental avaient fuité en mars 2015, le ministère n’avait pas immédiatement réalisé l’envergure.

Épreuves «scannées et hackées»

Lex Folscheid a raconté que le 16 mars 2015, le jour même où les sujets des épreuves avaient été réceptionnés par les enseignants, le ministère aurait uniquement été contacté par une des enseignantes aujourd’hui sur le banc des accusés, et n’aurait pas encore été informé que les épreuves avaient été «scannées et hackées». Ce n’est qu’au cours des 17 et 18 mars que d’autres informations seraient parvenues au ministère, et que celui-ci aurait réalisé l’envergure des fuites.

Aux yeux de Me Rollinger, le ministère s’acharnerait sur les trois enseignantes, pour ainsi ne pas froisser tout le corps enseignant. La preuve, selon l’avocat: le ministère avait le 19 mars décidé de refaire passer des épreuves qui n’avaient pas fuité. Lex Folscheid a retoqué: «Nous avons dû agir vite et dans l’incertitude.» Quant aux rumeurs de tricherie qui circuleraient quasiment tous les ans, le premier conseiller de gouvernement a répondu: «Personnellement, je n’ai pas entendu de rumeurs, j’ai seulement entendu dire qu’il y aurait des rumeurs.»

Quelle est la probabilité qu’il y ait une fuite, si on envoie un courrier à 800 personnes?

Me Rollinger, avocat des accusés

La défense a également attiré l’attention ce lundi sur le courrier dans lequel les épreuves avaient été transmises du Script (Service de coordination, de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques, ndlr) aux quelque 800 enseignants. Le Script aurait décidé d’envoyer les épreuves plus tôt que prévu, car certains enseignants l’auraient demandé afin de mieux préparer l’orientation des élèves après le cycle 4.2. Pour traiter tout le monde de la même façon, le Script a envoyé les épreuves à tout le monde, a expliqué un autre témoin ce matin, le statisticien Livius Palazzari. «Quelle est la probabilité qu’il y ait une fuite, si on envoie un courrier à 800 personnes?», a ironisé Me Rollinger.

D’autant plus, selon les avocats des accusés, que le courrier du 16 mars n’était pas accompagné d’une note indiquant clairement que le contenu est confidentiel, un détail qui a été changé depuis. Selon Lex Folscheid, il serait pourtant évident qu’un fonctionnaire de l’État devrait savoir que les sujets des épreuves sont à traiter en confidentialité. Tandis qu’on pouvait assister ce lundi à quelques petites escarmouches entre Me Rollinger et le représentant de la partie civile, Me Michel Molitor, le procureur d’État, Jean-Paul Frising, a défini les points soulevés comme «questions collatérales». Les avocats annoncent une journée intéressante mardi, car on entendra les défendants, accusés de viol du secret professionnel et de vol.