Le 29 mars: un jour sombre ou non pour le Royaume-Uni et l’Europe? (Photo: Pixabay / licence cc)

Le 29 mars: un jour sombre ou non pour le Royaume-Uni et l’Europe? (Photo: Pixabay / licence cc)

Ce mercredi 29 mars 2017 démarre le compte à rebours de deux ans pour négocier les conditions de la sortie définitive du Royaume-Uni de l’Union européenne. Un délai qui ne pourra être prolongé que si les 27 autres États membres donnent leur accord.

C’est Sir Tim Barrow, le représentant permanent du Royaume-Uni à Bruxelles, qui remettra la lettre du gouvernement britannique au président du Conseil européen, Donald Tusk. Tandis que les délais sont connus, l’issue des négociations demeure totalement incertaine. Selon les nouvelles estimations du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le Brexit coûterait à terme au Royaume-Uni 60 milliards d’euros.

Le référendum du 23 juin 2016 a cela dit d’ores et déjà eu des conséquences et en aura encore avec, par exemple, rien qu’au Luxembourg, l’arrivée d’entreprises qui souhaitent garder l’accès au marché unique ou encore des changements au niveau des institutions européennes, dont celles au Grand-Duché. Et même un impact sur le paysage scolaire.

No deal is better than a bad deal.

Theresa May et Jean Asselborn

Les négociations menées par la Commission européenne seront supervisées par le Conseil de l’UE, donc les 27 autres États membres. Le Luxembourg étant représenté au Conseil par le ministère d’État, ce sont l’ambassadeur et conseiller diplomatique du Premier ministre, Pierre Ferring, ainsi que les «sherpas» de la représentation permanente du Luxembourg à Bruxelles, qui se chargeront du dossier Brexit pour le Grand-Duché.

Le gouvernement luxembourgeois ne souhaite pas être trop sévère, sans pour autant baisser sa garde. Le Premier ministre, Xavier Bettel, assurait qu’il ne souhaitait pas «punir» le Royaume-Uni pour décourager d’autres États de suivre son exemple, mais il déclarait également que Londres ne pouvait pas «avoir le beurre et l’argent du beurre». Formule répétée par le ministre des Finances, Pierre Gramegna. Si le Royaume-Uni souhaite abandonner des obligations envers l’UE, pas question de garder les privilèges d’accès au marché.

Du point de vue luxembourgeois, ce sera bien la rivalité entre la place financière luxembourgeoise et la City de Londres qui sera au centre des préoccupations. Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, n’a pas hésité à emprunter la même formule que la Première ministre britannique, Theresa May: «No deal is better than a bad deal (mieux vaut pas d’accord qu’un mauvais accord, ndlr)».

Des intérêts communs

Outre les questions financières, ainsi qu’industrielles et économiques, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ne laisse pas encore entrevoir l’avenir des relations politiques entre l’île et le continent. Un retour à l’avant-1973, date d’adhésion du Royaume-Uni à l’Union européenne, semble inconcevable. Trop de choses ont changé depuis.

Certes, le Royaume-Uni ne sera plus représenté dans les institutions européennes et perdra ainsi son influence dans les dossiers européens, il continuera en revanche à jouer un rôle important en particulier dans la politique de défense et de sécurité. Bien que Londres pourrait utiliser son rôle important dans la lutte contre le terrorisme ou dans l’Otan ou pourrait se tourner à nouveau davantage vers les États-Unis, on voit quand même mal le Royaume-Uni se passer de ses alliés européens.

Même si le Royaume-Uni quittait l’UE sans accord au bout de deux ans, les échanges commerciaux et la circulation entre l’île et le continent continueront. En revanche, il faut s’attendre à des mesures britanniques qui viseront à limiter l’immigration et protéger leurs produits.

Un avenir incertain

Les grands enjeux des négociations seront de déterminer les nouvelles relations économiques et tarifaires, industrielles, administratives et diplomatiques. Or, du point de vue britannique se pose la grande question de vide juridique à combler, les règles, directives et jurisprudences européennes une fois abandonnées.

Les incertitudes, il faudra s’y habituer. Mardi encore par exemple, le jour avant l’invocation de l’article 50, le Guardian rapportait que le Parlement européen refuserait tout accord avec le Royaume-Uni si le gouvernement britannique ne donnait pas les mêmes droits aux citoyens européens qui vont vivre sur l’île au cours des deux prochaines années qu’à ceux qui y vivent déjà.

Comme si les incertitudes sur les futures relations entre l’UE et le Royaume-Uni ne suffisaient pas, l’avenir du Royaume-Uni en soi présente aussi de grands aléas. Tandis que l’Écosse souhaite organiser un second référendum d’indépendance, les républicains nord-irlandais et les unionistes n’arrivent actuellement pas à former un gouvernement régional.

Parmi toutes les incertitudes, une certitude: le Brexit continuera à coûter du temps et de l’énergie.