Denise Voss dénonce la perspective d’une supervision directe de l’Esma sur certains fonds qui «n’apporte aucun bénéfice à l’investisseur direct». (Photo: Marion Dessard / archives)

Denise Voss dénonce la perspective d’une supervision directe de l’Esma sur certains fonds qui «n’apporte aucun bénéfice à l’investisseur direct». (Photo: Marion Dessard / archives)

L’année 2017 restera celle du passage du seuil symbolique des 4.000 milliards d’euros d’actifs sous gestion au Luxembourg – à peine trois ans après la marche précédente à 3.000 milliards. Fin novembre 2017, les actifs s’établissaient à 4.135 milliards d’euros, après une hausse de 458 milliards et de 12% sur un an.

Un volume satisfaisant, et surtout des chiffres encourageants pour la Place: 73% de la croissance des actifs sous gestion émanent de nouveaux investissements, principalement dans des Ucits, mais aussi dans des catégories comme le private equity et l’immobilier. Et le Luxembourg a réussi à attirer 32% des nouveaux investissements dans des fonds européens entre janvier et septembre 2017.

L’Alfi travaille actuellement sur 17 textes de régulation

«L’industrie luxembourgeoise des fonds a connu une très bonne année 2017 et 2018 apporte de nombreuses opportunités, avec le progrès de l’Union des marchés de capitaux, le projet d’introduction d’un produit personnel de pension paneuropéen (PEPP), la reprise de la finance durable et le développement des nouvelles technologies», indique Denise Voss, présidente du conseil d’administration de l’Alfi. «Toutefois, l’industrie des fonds fait face à des défis, en particulier au niveau de la régulation: l’Alfi travaille actuellement sur 17 textes à travers ses plus de 1.800 membres répartis en plus de 150 groupes de travail. Tous sont importants et il en va de la mission de l’Alfi de veiller à ce que la régulation agisse dans l’intérêt de l’investisseur comme du gestionnaire d’actifs.»

L’Alfi reste à l’affût de nouveaux marchés à développer en 2018, année de son trentenaire, en particulier en Amérique latine et en Asie. Sur le plan européen, elle «soutient fortement» l’émergence d’une Union des marchés des capitaux, synonyme de levée des obstacles à la distribution de fonds cross-border. Tout comme elle salue le projet de la Commission de créer le PEPP, un produit correspondant à la mobilité accrue des travailleurs européens et permettant de surmonter la fragmentation des marchés nationaux. Un produit taillé pour l’industrie luxembourgeoise, «une plateforme idéale avec son expérience de longue date dans la distribution cross-border de produits d’investissement pour les particuliers», souligne Mme Voss.

La surveillance étroite des acteurs du marché et des produits par les autorités nationales compétentes garantit la meilleure et la plus efficace des protections.

Denise Voss, présidente du conseil d’administration de l’Alfi

La finance durable et verte ainsi que les fintech figurent également à l’agenda de l’Alfi pour 2018. Même si son attention devrait surtout se porter sur l’intention de la Commission d’étendre les pouvoirs de l’autorité de régulation des marchés, l’Esma, aux activités extra-européennes des fonds ainsi qu’à la supervision directe des fonds de capital-risque européens (EuVeca), d’entrepreneuriat social européens (EuSef) et des fonds d’investissement européens de long terme (Eltif).

«L’Alfi ne voit aucun bénéfice apporté par ces propositions à l’investisseur final», martèle à nouveau Denise Voss. «Nous n’accueillons pas la supervision directe par l’Esma car nous pensons que la surveillance étroite des acteurs du marché et des produits par les autorités nationales compétentes garantit la meilleure et la plus efficace des protections au niveau de l’investisseur comme du marché.»

Concernant les activités de délégation dans les pays tiers, Denise Voss relaie la «grande inquiétude» de l’Alfi face à une «couche supplémentaire de régulation, aux coûts supplémentaires et aux délais dans le time to market». «Le modèle de délégation est une pierre d’angle du succès mondial de l’industrie de la gestion d’actifs européenne», ajoute-t-elle. Un sujet sur lequel l’Alfi se démène pour faire entendre la voix de l’industrie des fonds et obtenir une inflexion de la position de la Commission.