La baisse attendue du nombre de personnes en âge de travailler dans la Grande Région d’ici 2035 va faire augmenter la part des Français dans la future population active du Luxembourg, selon l’Agape. (Photo: Étienne Delorme / archives)

La baisse attendue du nombre de personnes en âge de travailler dans la Grande Région d’ici 2035 va faire augmenter la part des Français dans la future population active du Luxembourg, selon l’Agape. (Photo: Étienne Delorme / archives)

D’ici 2035, le Luxembourg devrait avoir créé entre 110.000 et 178.000 nouveaux emplois, dont 56.000 devraient être comblés par la hausse attendue de sa population active résidente, selon les prévisions du Statec, reprises par l’Agape dans ses dernières prévisions. Sans surprise, la différence devra donc être comblée par le recours à des salariés frontaliers.

Sauf que si jusqu’à présent, les besoins en main-d’œuvre luxembourgeois avaient été comblés de manière relativement uniforme au fil des décennies écoulées entre les länder allemands (25% des frontaliers en 2016), la Wallonie (25%) et la Lorraine (50%), les projections de l’Agape font état de changements majeurs, en lien avec la baisse du nombre de personnes en âge de travailler dans la Grande Région.

Car le ralentissement attendu du flux venu d’Allemagne et la stagnation escomptée côté belge doivent aboutir à une intensification du nombre de frontaliers venus de Lorraine, «seul territoire en capacité d’intensifier numériquement ses flux de manière significative» pour répondre aux besoins luxembourgeois, selon l’Agape, qui estime que la région française «devrait fournir 70% des frontaliers supplémentaires dont aura besoin le Luxembourg». Sauf que cette nouvelle donne ne sera pas sans conséquence sur le fonctionnement d’un territoire déjà sous pression.

De 96.600 actuellement, le nombre de frontaliers français devrait passer à 153.100 dans 17 ans. Soit l’arrivée de quelque 2.800 nouvelles personnes par an d’ici 2020 et 3.600 annuelles d’ici 2035, selon l’agence lorraine, qui «tire la sonnette d’alarme». Les zones situées autour de Longwy, Thionville et Metz devraient croître de quelque 10% sur la période et rassembler à elles seules «la moitié des 267.300 frontaliers que pourrait compter le Luxembourg en 2035». Un chiffre global en hausse de 102.000 personnes par rapport à la situation actuelle, chiffre médian par rapport aux différents scénarios du Statec, qui varient entre 72.000 et 132.000 salariés non résidents supplémentaires sur la période.

Cofinancement de 120 millions d’euros d’ici 2028

«Il est plus qu’urgent et impératif que tous les acteurs du transfrontalier cessent de ‘rustiner’ le territoire, pensent codéveloppement et prennent à bras le corps ce défi majuscule», note l’Agape dans ses conclusions, en référence non seulement aux difficultés de mobilité des travailleurs sur des axes routiers et ferroviaires «saturés», mais aussi à la hausse attendue du transport de marchandises (+450.000 conteneurs par an attendus au centre multimodal de Bettembourg d’ici 2025) et à la multiplication des centres commerciaux, notamment à la Cloche d’Or (75.000m2) ou à Hamilius (20.000m2).

Face à ces différentes problématiques, le Luxembourg a d’ores et déjà voté la mise en place de 2x3 voies sur l’A3 – dont l’une sera réservée au covoiturage aux heures de pointe – ou la création d’une nouvelle ligne Bettembourg-Luxembourg. Côté français, le projet d’A31bis se trouve dans les cartons, tout comme une réflexion autour de la mise en service d’un monorail entre Thionville et la frontière. Lors d’une visite d’État en France, gouvernements français et luxembourgeois s’étaient accordés pour un cofinancement de la mobilité transfrontalière à hauteur de 120 millions d’euros. Une somme qui sera allouée principalement au développement ferroviaire, ainsi que la mise en place d’une zone franche transfrontalière ou la création d’espaces de coworking.