Pour Marc Wagener, au centre, la croissance ne doit pas être une fin en soi, mais le carburant nécessaire pour un pays. (Photo: Lala La Photo)

Pour Marc Wagener, au centre, la croissance ne doit pas être une fin en soi, mais le carburant nécessaire pour un pays. (Photo: Lala La Photo)

«La législature qui s’achève se sera finalement écoulée sur une période de félicité économique», a pointé Idea lors de la présentation, mercredi, de son avis annuel intitulé «2018: L’Élue?».

Le document composé par l’équipe du think tank est à la fois un diagnostic apolitique de l’économie luxembourgeoise et un état des lieux du pays à l’aune des prochaines élections.

Condition et conséquence du succès 

Même si les prévisions ont récemment été révisées à la baisse par le Statec, la croissance luxembourgeoise continue de dépasser la zone euro, avec une moyenne annuelle de 3,5% entre 2013 et 2017. La crise paraît loin.

«Ce surdépassement ne tombe pas du ciel et il préconditionne une politique qui rend possible une cohésion sociale et le développement fulgurant que le pays a pu connaître», pointe Marc Wagener, directeur chargé des affaires courantes de la Fondation Idea. 

Condition nécessaire pour alimenter cette croissance par l’activité des entreprises et, en même temps, conséquence du succès du Grand-Duché, l'envolée démographique est alimentée à plus de 80% par le solde migratoire. Le reste résulte du solde naturel (environ +2.200 par an).

46.000 emplois créés en quatre ans

À l’heure du bilan, Vincent Hein, économiste chez Idea, mentionne l’arrivée de 50.000 habitants sur quatre ans, plus de 100.000 en 10 ans. «En réalité, il s’agit de 215.000 personnes qui sont arrivées et 100.000 qui sont parties.»

Le Luxembourg est devenu une métropole attractive pour les talents qualifiés. 46.000 emplois ont d’ailleurs été créés durant la législature, «avec une progression similaire entre le secteur marchand et non marchand», note Vincent Hein.

Un nouveau frontalier sur sept est luxembourgeois 

À l’intersection de la croissance de l’emploi - «largement tirée par la hausse du nombre de salariés de nationalité étrangère qui sont désormais plus nombreux que les salariés résidents de nationalité luxembourgeoise», selon Idea – et de la hausse du logement (+5,3% par an), le phénomène des frontaliers luxembourgeois devient tangible. 

Sur base des données du Statec, de l’Inspection générale de la sécurité sociale, Idea indique après ses calculs que «14% des créations nettes d’emplois frontaliers concernent des salariés de nationalité luxembourgeoise».

Comme le notait Marc Wagener, la croissance, qui «n’est pas une fin en soi», doit aussi être questionnée quant à la manière dont elle bénéficie aux différentes couches de la population. L’accès au logement et la capacité des citoyens à pouvoir vivre décemment au Luxembourg sans s’endetter plus que de raison devront constituer un thème de débat électoral.

En 2005, le prix moyen d’une maison équivalait à 7,4 années de revenu disponible moyen des ménages, contre 9 années en 2015.