Mike Sergonne, managing partner, Nvision. (Photo: Maison Moderne/Archives)

Mike Sergonne, managing partner, Nvision. (Photo: Maison Moderne/Archives)

Dans le cadre de notre opération «Luxembourg Recovery: 50 idées pour reconstruire», partagez une idée concrète, une expérience ou une mesure à mettre en œuvre pour faciliter le rebond de l’économie luxembourgeoise. Aujourd’hui, Mike Sergonne propose de repenser le modèle de factoring pour pallier les problèmes de trésorerie des entreprises.

Le pitch: Comment faire pour optimiser le gap entre le paiement des fournisseurs et les rentrées clients? Et si on remodelait le modèle de factoring de factures avec un soutien de l’État, pour assurer la pérennité de l’économie nationale?

Mon idée: Notez d’abord que je ne suis pas économiste. Juste un entrepreneur qui fait au mieux pour que son entreprise, âgée de 20 ans, puisse encore exister demain.

Je partage donc une simple réflexion sur une problématique qui touche beaucoup de sociétés en ce moment et sûrement pour les mois à venir: comment développer aujourd’hui, et surtout demain, un meilleur management de nos liquidités?

Actuellement, nous fonctionnons au ralenti. Bien sûr, il y a le télétravail, et la digitalisation aide énormément. Sans ça, rien ne serait possible. Mais chaque jour, la même question se pose: ai-je assez de réserves et/ou de rentrées d’argent pour couvrir mes dépenses? Puis une deuxième arrive: est-ce suffisant pour continuer à fonctionner?

Acquérir des matières premières ou ressources sera un vrai challenge demain, car le gap entre l’avance pour ces matériaux nécessaires à la production et le paiement par le client final va se creuser. Les paiements clients se font en moyenne entre 1 et 4 mois, soit souvent en relation avec une dépense antérieure de 2 à 6 mois avant le moment de rentrée de cash. Certes les acomptes aident, mais cela reste très «challenging».

À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Tout le monde connaît le factoring des factures clients? Pourquoi ne pas faire aussi l’inverse, avec un factoring des factures fournisseurs? Ceci garantirait le paiement quasi immédiat des fournisseurs et donnerait à l’entreprise la possibilité de payer sous 90, voire 120 jours. L’impact serait énorme et immédiat sur la trésorerie des entreprises, la réduction du gap entre achat, revente et paiement du client et le paiement du fournisseur. Une vraie bouffée d’oxygène pour tout le monde. Cela augmenterait aussi notre agilité dans un écosystème mis à mal et aiderait à la reprise des entreprises après le confinement.

Allons plus loin: on connaît tous ces plates-formes de crowdfunding, de crowdlending, online factoring, etc. Pourquoi ne pas utiliser ce genre d’outils pour rassembler ceux qui ont des factures fournisseurs et des potentiels acquéreurs (institutionnels, fonds privés, family offices…), qui pourraient rapidement prendre en charge ces factures?

Allons encore plus loin: Si on fait le lien entre entreprises en besoin et investisseurs privés, c’est déjà bien. Et si le gouvernement jouait également un rôle actif là-dedans? En prenant à sa charge pendant les prochains mois ou jusqu’à fin 2020 les frais engendrés par ce nouveau type de factoring? Et pourquoi, en fonction d’un rating des entreprises, l’État ne se porterait-il pas garant de ces factures, et ceci jusqu’à un certain pourcentage. Cela encouragerait les acquéreurs potentiels à prendre plus facilement en charge des factures fournisseurs. Le gouvernement joue bien ce rôle auprès des banques, pour des montants et des risques bien plus grands. Pourquoi pas pour ce genre de modèle?

Cela pourrait aider de manière agile les entreprises et les indépendants en réduisant le gap entre dépenses et rentrées, et ainsi à mieux maîtriser un de leurs plus grands challenges: la gestion de leur trésorerie. Et qui sait, cela permettrait peut-être aussi aux entreprises de survivre par ces temps plus qu’extraordinaires!

Stay safe, act now.

L’auteur: Mike Sergonne, managing partner de Nvision

Toutes les idées sont bonnes à prendre, nous ne souhaitons restreindre ni votre réflexion ni votre imagination. Si, comme , vous souhaitez contribuer à cette initiative, vous pouvez nous envoyer votre idée sous ce format:

- un mot-clé, par exemple: fiscalité;

- un titre explicite, par exemple: baisser la TVA dans la restauration;

- un résumé en 300 signes maximum;

- un développement en 3.000 signes maximum;

- une photo de vous qui permettra d’illustrer l’article sur paperjam.lu.

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