Nathalie Kettenhofen a succédé en octobre à Christian Zwerg à la tête de Cube 4T8. Objectif: présenter un prototype de mobilité dès l’an prochain. (Photo: Paperjam)

Nathalie Kettenhofen a succédé en octobre à Christian Zwerg à la tête de Cube 4T8. Objectif: présenter un prototype de mobilité dès l’an prochain. (Photo: Paperjam)

Nathalie Kettenhofen a succédé à Christian Zwerg à la direction de Cube4T8, marmite à innovations du groupe Losch, située dans la forêt de Kockelscheuer. Avec des ambitions et des moyens destinés à la mobilité en tant que service, ou «MaaS» en anglais.

Il faut aller au bout de la rue de l’Innovation. Le futur attend là. Au sens propre. Le futur de la mobilité. Dans un bâtiment qui ressemble davantage à un data center bunkérisé, du béton gris au milieu d’autres chantiers, le groupe Losch a installé son incubateur à innovations, sa marmite du futur, à l’écart de son siège historique pour le déconnecter de l’opérationnel.

Au deuxième étage, les bureaux aux grandes fenêtres qui s’ouvrent sur la forêt de Kockelscheuer abritent confortablement une petite équipe, qui a commencé à s’activer il y a un an.

Depuis le mois d’octobre, Nathalie Kettenhofen a repris les rênes de cette structure inédite des mains de Christian Zwerg. «Nous sommes cinq ici, dont moi, plus une quinzaine dans le Losch Digital Lab, à Porto», explique la jeune Allemande. Il y a 13 mois, l’ingénieur en informatique avait accepté de quitter son poste d’assistante du CEO, Damon Damiani, pour aller diriger la structure portugaise. 13 mois plus tard, elle est de retour au Luxembourg, «pour un challenge encore plus gros».

À Porto, le Lab fournit toutes les solutions logicielles du groupe; à Luxembourg, Cube4T8 doit nourrir la transformation numérique du groupe et la transformation du secteur automobile, qui va de la poussée de l’électrique à l’électronique généralisée qui modifie les mondes de la réparation et de l’entretien des voitures, et devrait aider à diminuer le nombre et la gravité des accidents de la route. La moitié de l’équipe – ici, deux innovation officers – traque tous les développements du secteur de la mobilité et toutes les technologies d’autres secteurs qui pourraient être utiles afin de devenir force de proposition.

29% de parts de marché, un rang à défendre

Le groupe Losch n’a pas le choix pour protéger son rang de numéro un du marché avec 29% des ventes de l’année. 2019 se terminera une fois encore par un record de nouvelles immatriculations (le quatrième de suite et le plus important de l’histoire) dans un pays qui n’en peut plus de la voiture, entre ses résidents et ses 200.000 frontaliers des trois pays voisins, et des jeunes qui sont de moins en moins préoccupés par l’idée de posséder une voiture.

«Peut-être qu’ils verraient la chose différemment si nous leur apportions une solution de mobilité globale», se risque la nouvelle managing director de Cube4T8. «Ils veulent aller d’un point A à un point B le plus facilement possible, sans avoir à chercher sur quatre ou cinq applications différentes et pour le moins cher possible! Et nous travaillons sur la problématique du premier et du dernier kilomètre.»

Première étape de la stratégie: se doter d’un portefeuille de véhicules de mobilité plus large que les seules voitures des marques du groupe. Cube4T8 a donc acheté les droits de commercialisation de et du scooter électrique .

Des partenariats à venir

La première, start-up d’Aix-la-Chapelle, appartient désormais à Deutsche Post DHL, qui l’a utilisée pour offrir des solutions plus agiles à ses facteurs. Certaines communes, comme Schuttrange, ou des sociétés, comme DHL, l’utilisent aussi au Luxembourg.

La deuxième a ouvert son premier magasin à Bonnevoie et vend des scooters électriques, plutôt pour le B2B, comme les services de livraison, mais le lancement de son modèle S01 montre son envie d’aller flirter avec les particuliers.

Deux autres projets sont en bonne voie, avec des vélos électriques et Andy Schleck, et avec Seat.

«Nous travaillons sur d’autres pistes dont je ne veux pas trop parler pour l’instant. L’idée est ensuite de développer de la ‘mobilité en tant que service’, peut-être en nous adressant d’abord aux entreprises», explique-t-elle, en prenant soin de dire combien le projet est à un stade précoce. Il semble s’inscrire dans le projet du ministre de la Mobilité, , de réformer en 2021 la fiscalité de la «voiture de société» au profit d’un «package mobilité».

Quid, justement, de la «concurrence» de l’application poussée par l’État, confronté à un problème global de mobilité? «Je ne crois pas qu’à la fin, il n’y aura qu’une solution. Mais différentes solutions. Parce que l’État va peut-être travailler sur la gare de Luxembourg et ses relations avec les pays voisins. Mais pas forcément sur des besoins de zones pas, peu ou mal desservies. Il y aura assez d’opportunités, mais c’est sûr que 20 compétiteurs pour un si petit marché, ce serait beaucoup trop!»

Le Luxite One, au bout de la rue de l’Innovation à Kockelscheuer, où Losch a posé son Cube4T8 pour développer de nouveaux concepts de mobilité. (Photo: Paperjam)

Le Luxite One, au bout de la rue de l’Innovation à Kockelscheuer, où Losch a posé son Cube4T8 pour développer de nouveaux concepts de mobilité. (Photo: Paperjam)

La main est tendue vers des partenaires qui voudraient s’impliquer dans le projet, y compris les groupes automobiles concurrents, face aux mêmes problématiques.

À Kockelscheuer, la rue de l’Innovation est pour l’instant une impasse en construction. Mais le boulevard emprunté par le premier groupe automobile au Luxembourg est très prometteur. Le premier «proof of concept», ou prototype, sera présenté courant 2020. Le temps presse.