«Responsable des développements géographiques des data centers de Google en Europe», Fabien Vieau parcourt des dizaines de milliers de kilomètres par an afin de dénicher des terrains susceptibles d’intéresser le géant américain, qui initie les projets avec les acteurs locaux et veille à leur développement. Dans la course au cloud computing, Google a annoncé récemment vouloir investir 3 milliards d’euros dans ses data centers européens, dont une partie sera destinée à l’implantation de nouveaux complexes en des lieux stratégiques.
Alors que , Fabien Vieau est venu en exposer les grandes lignes aux médias luxembourgeois . Une initiative voulant démontrer la volonté de transparence de Google, qui sait d’expérience que chacun de ses projets suscite autant de craintes que d’enthousiasme.
Cela fait maintenant environ deux ans que Google s’intéresse à Bissen pour y implanter un data center. Et il faudra sans doute encore quelques années pour qu’il soit opérationnel. N’est-ce pas un délai trop long pour une société comme la vôtre, qui aime aller vite et en tout cas plus vite que ses concurrents?
Fabien Vieau. – «Pour des dossiers de ce genre, nous avons appris à composer avec le temps long, ou moyennement long. D’autant plus au Luxembourg, où il n’existe pas d’urbanisme comme dans d’autres pays. En Belgique, les affectations des terrains sont toutes connues. Au Luxembourg, il y a le PAG, le PAP… C’est d’ailleurs pour cela que nous n’avons pas communiqué avant: il n’y avait pas grand-chose à dire. Et c’est encore pour cela que nous ne donnons pas maintenant d’informations techniques, comme la hauteur des bâtiments par exemple, qui devront être précisées plus tard. Ces procédures locales, on doit les découvrir, les assimiler, les utiliser, cela demande donc du temps.
Maintenant on sait que si tout se passe de manière idéale, notre data center ne pourra pas être opérationnel avant 2023. Il faut terminer les procédures, préparer le terrain, construire… Et s’il y a des écueils, cela reportera le tout de quelques années. Enfin, même si tout va bien, il est aussi possible qu’au moment où on a le feu vert… Google ne veuille plus construire, pour des raisons stratégiques. C’est pour toutes ces raisons que Google à Bissen reste une ‘hypothèse potentielle’.
Si Google a découvert le Luxembourg, l’inverse a-t-il été vrai aussi?
«Oui, le Luxembourg a en effet dû apprendre ce qu’était un data center comme le nôtre. Il existe évidemment des data centers dans le pays et il y a donc une certaine expertise locale. Mais pas pour un projet d’une taille comme celui de Bissen, sur 33 hectares, avec deux phases prévues. C’est une autre dimension.
C’est aussi pour cela qu’il faut bien expliquer les choses, également aux citoyens, dire que Google a conscience de son impact au niveau de la consommation d’eau, d’électricité, des nuisances sonores… Tout en précisant que les technologies ne cessent de se perfectionner à tous points de vue. Ainsi, nos data centers sont sept fois plus performants maintenant que voici cinq ans!
Pourquoi le Luxembourg, alors que Google aurait pu développer de nouveaux projets en Belgique ou aux Pays-Bas?
«Il y a évidemment une question de stratégie. Si la demande existait seulement dans le nord de l’Europe, nous développerions nos data centers exclusivement en Finlande. Mais nous voulons un vrai réseau européen, raison pour laquelle on ne sait pas dire si Bissen sera dédié à Google Maps, au Cloud, à Youtube ou à plusieurs plates-formes en même temps…
De plus, le Luxembourg, que nous ne regardions pas jusqu’à ce qu’il nous approche, a vite présenté des atouts: position centrale en Europe, stabilité politique et économique, dynamique dans le domaine digital, potentiel de recrutement intéressant, une université avec laquelle des collaborations sont possibles, un futur supercalculateur européen… Ce ne sont pas des atouts négligeables.»