Patricia Kaveh: «BLI a adhéré aux Principes pour l’investissement responsable des Nations unies (UN PRI) en juillet 2017.» (Photo: Banque de Luxembourg Investments)

Patricia Kaveh: «BLI a adhéré aux Principes pour l’investissement responsable des Nations unies (UN PRI) en juillet 2017.» (Photo: Banque de Luxembourg Investments)

En vue du 10x6 Keytrade: 10 fonds d’investissement, 10 stratégies, organisé par le Paperjam Club le mercredi 27 novembre, l’une des oratrices, Patricia Kaveh, head of distribution pour Banque de Luxembourg Investments, expose sa vision des marchés financiers.

Pouvez-vous, en quelques mots, vous présenter en tant qu’émetteur de fonds? Quelles sont vos spécificités (taille, spécialisation, histoire…) par rapport aux autres acteurs du marché?

Patricia Kaveh. – «Banque de Luxembourg Investments (BLI) est la société de gestion d’actifs de la Banque de Luxembourg. Nous possédons une expérience avérée en gestion de fonds dans trois domaines essentiels: actions, obligations et stratégies multiactives. Établie au Luxembourg loin des tensions des grands centres financiers, l’équipe de gérants de BLI se spécialise dans la recherche d’opportunités d’investissement de qualité à travers le monde. Son savoir-faire respecte plusieurs principes-clés: gestion active, de conviction et de long terme, sensibilité aux risques et responsabilité en matière environnementale, sociale et de gouvernance (ESG). BLI gère et distribue une gamme de plus de 30 fonds de placement dont les encours totalisent 11,55 milliards d’euros au 31 août 2019.

Quel est l’engagement de votre société au niveau social/environnemental?

«BLI a adhéré aux Principes pour l’investissement responsable des Nations Unies (UN PRI) en juillet 2017. Dans la foulée, un comité ESG interne a été créé et des politiques de vote et d’investissements ESG ont été formalisées. L’ensemble des efforts en matière d’investissements durables sont coordonnés par un analyste dédié tandis que des partenariats avec des fournisseurs de recherche spécialisés ont été établis.

La prise de conscience de BLI face aux défis de l’investissement socialement responsable est bien antérieure à 2017.
Patricia Kaveh

Patricia Kavehhead of distributionBanque de Luxembourg Investments

Cependant, la prise de conscience de BLI face aux défis de l’investissement socialement responsable est bien antérieure à 2017. En effet, dès 2008, BLI lançait son premier fonds (BL Sustainable Horizon) géré selon des principes ISR tandis qu’entre 2009 et 2011, elle adoptait un rôle de précurseur sur le marché luxembourgeois avec la création de trois fonds fermés de microfinance à destination des clients de la Banque de Luxembourg.

Plus globalement, BLI, en tant que filiale de la Banque de Luxembourg, s’intègre totalement dans la politique de responsabilité sociale de sa maison mère qui accorde, en tant qu’acteur économique de la Place, une grande importance à son impact sur la société et son avenir.

Quant à notre engagement en tant qu’investisseur, BLI a mis en place une démarche active de vote aux assemblées générales en partenariat avec le prestataire spécialisé ISS. Dans le cadre de cette politique, BLI accorde une attention particulière aux éléments suivants: qualité des organes de gouvernance (compétences, organisation et indépendance…), rémunération (politique, alignement des intérêts, pratiques problématiques, transfert de valeur vers les actionnaires...), aspects sociétaux et environnementaux (soutien à toutes propositions visant à améliorer les pratiques environnementales et sociales, adhésion aux normes, transparence…)

Pourquoi votre société s’est-elle investie sur cette thématique en particulier?

«En tant qu’entreprise active dans la gestion d’actifs, BLI ne peut rester sourde aux défis environnementaux et sociaux qui se jouent actuellement. Nos gérants sont conscients que via leurs décisions d’investissements (en actions et obligations), BLI peut jouer un rôle dans le financement d’un monde plus ou moins durable. Notre objectif est donc de combiner au mieux les exigences de rendement et la prise en compte de facteurs ESG.

Au niveau de la gestion actions, notre philosophie d’investissement, le ‘Business-Like-Investing’, consiste à investir à (très) long terme dans des entreprises de qualité présentant des avantages compétitifs tangibles.
Patricia Kaveh

Patricia Kavehhead of distributionBanque de Luxembourg Investments

Au niveau de la gestion actions, notre philosophie d’investissement, le ‘Business-Like-Investing’, consiste à investir à (très) long terme dans des entreprises de qualité présentant des avantages compétitifs tangibles. Pour que cette approche porte ses fruits dans la durée, il est indispensable de tenir compte autant que possible de tous les risques encourus par une entreprise. Ces risques ne sont clairement pas uniquement financiers. Ainsi, la formalisation du volet ESG dans notre processus de recherche constitue une évolution logique de notre philosophie d’investissement, qui nous permet d’appréhender plus globalement les sociétés de notre univers et de continuer à remplir notre principal objectif: la génération de rendements ajustés aux risques supérieurs à la moyenne sur un cycle boursier complet.

Plus spécifiquement, notre fonds BL Sustainable Horizon vise à proposer un portefeuille composé d’entreprises qui se distinguent soit par leurs scores ESG élevés, soit par leur alignement particulier sur un ou plu plusieurs objectifs de développement durable de l’Onu.

Quelle est votre stratégie en tant qu’émetteur de fonds pour répondre à cette problématique?

«Tout d’abord, nous entrons dans une nouvelle ère dans laquelle il est indispensable, pour toute stratégie d’investissement, même non spécifiquement ISR de tenir compte de facteurs extra-financiers dans le processus décisionnel. Il s’agit là d’un changement de paradigme majeur pour l’industrie.

Par ailleurs, il y a déjà plus de 10 ans, la prise de conscience de l’importance croissante des déséquilibres économiques, sociaux et environnementaux a amené notre gérant, Joël Reuland, à réorienter la stratégie du fonds BL Sustainable Horizon vers un processus de gestion guidé par des critères de développement durable. Initialement, l’approche reposait sur la définition d’un univers d’investissement durable par un prestataire spécialisé externe. Avec la signature par BLI des UN PRI, la formalisation d’une approche ESG plus globale et l’accès plus aisé à une recherche spécialisée de qualité (via MSCI ESG Manager), ont permis une révision de la politique d’investissement afin de lui conférer encore plus de substance.

Depuis 2018, deux approches complémentaires de l’investissement durable coexistent au sein du fonds.
Patricia Kaveh

Patricia Kavehhead of distributionBanque de Luxembourg Investments

Ainsi, depuis 2018, deux approches complémentaires de l’investissement durable coexistent au sein du fonds. Tout d’abord, un screening quantitatif, fondé sur les notations MSCI, permet d’évaluer la performance des entreprises sur les problématiques environnementales (E), sociales (S) et de gouvernance (G). Seules les sociétés dont la note moyenne est supérieure ou égale à 5 et dont aucune note individuelle n’est inférieure à 4 sont retenues comme éligibles à l’investissement.

Parallèlement à cette approche quantitative de l’univers d’investissement, le gérant construit une poche thématique dans laquelle il intègre des entreprises dont les produits ou services contribuent à réduire les déséquilibres sociaux et environnementaux. Les objectifs de développement durable (ODD) de l’Onu servent de fil rouge à l’approche thématique.

Concernant les problématiques environnementales, je fais partie des personnes qui pensent que ‘notre maison brûle’ et qu’il est essentiel de s’engager individuellement, mais également collectivement.
Patricia Kaveh

Patricia Kavehhead of distributionBanque de Luxembourg Investments

La combinaison de ces approches ESG avec l’analyse financière fondamentale classique de BLI nous permet d’identifier des entreprises de qualité dotées d’avantages compétitifs clairs et d’un profil ESG solide qui s’avéreront vecteurs de création de valeur à long terme.

Quelle est votre vision personnelle quant à la problématique environnementale/sociale?

«Concernant les problématiques environnementales, je fais partie des personnes qui pensent que ‘notre maison brûle’ et qu’il est essentiel de s’engager individuellement, mais également collectivement. La gestion d’actifs et les investisseurs responsables ont un rôle-clé à jouer; par exemple dans le financement de nouvelles infrastructures de transition énergétique, très gourmandes en capitaux.

Sur les problématiques sociales (je dirais même ‘sociétales’) et de gouvernance, nous sommes en train de vivre une nouvelle révolution industrielle qui, comme toutes les révolutions, redéfinit les codes et les organisations. En tant qu’acteurs du monde économique et financier, nous pouvons et devons également accompagner cette mutation afin que celle-ci s’opère de la façon la plus durable possible.»

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