Aux côtés notamment de la Croix-Rouge luxembourgeoise (3.241 salariés au 31 décembre 2023), de la Stëmm vun der Strooss (64 salariés) ou des offices communaux, Caritas (1.110 collaborateurs à fin juillet 2024 selon le Statec, répartis entre Caritas Jeunes et Familles, la Fondation Caritas et Caritas Accueil et Solidarité), fait partie des acteurs les plus importants du secteur social au Luxembourg. «C’est pour cela qu’il serait grave qu’un tel acteur disparaisse, ce qui a priori ne sera pas le cas heureusement», analyse , directeur de la Chambre des salariés (CSL). Et c’est aussi pour cela que qui secoue la Fondation depuis le mois de juillet inquiète ses bénéficiaires.
Dans son rapport annuel pour l’année 2023, Caritas Luxembourg revendique avoir aidé plus de 24.000 personnes au niveau national, «et malheureusement, on a vraiment besoin de ces services, et de plus en plus», confirme Sylvain Hoffmann. , le Liser avait publié un rapport élaboré à la demande de la CSL au sujet de «la précarité et le non-recours aux aides financières». «Il y a tellement de besoins, pour le logement, les sans-abri, les réfugiés, mais aussi pour les salariés qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts.»
Un cinquième de la population concernée
Car le Luxembourg possède la plus grande proportion de travailleurs exposés à la précarité de la zone euro, avec un taux de 14,7% pour 2023, selon Eurostat. «Il y a des épiceries sociales gérées par Caritas et la Croix-Rouge notamment, qui sont très utiles, mais il est difficile de savoir qui les fréquente. Ce que l’on voit en tout cas, c’est que la fréquentation de ces épiceries sociales est en hausse constante, alors qu’elles avaient été créées en 2009 dans le cadre de la crise financière et ne devaient pas durer normalement.»
Selon le Statec, un cinquième de la population résidente serait confronté au risque de pauvreté, soit environ 124.232 personnes en 2023. Et selon les estimations publiées dans le rapport élaboré par le Liser, environ 40% des bénéficiaires potentiels de l’allocation de vie chère (AVC) passent sous les radars. Proportion qui monterait à 80% dans le cas de la subvention de loyer.
Une priorité nationale
Parmi la population, les enfants font partie de ceux qui sont le plus exposés au risque de pauvreté. «Plus de 30.000 enfants, soit environ un sur quatre, sont menacés par le risque de pauvreté», indique le Statec. L’institut statistique ajoute que ces enfants habitent des ménages dont le niveau de vie est inférieur à 2.400 euros par mois.
Les ménages monoparentaux sont aussi particulièrement exposés au risque de pauvreté. Selon le Statec, «chez ces derniers, le risque de pauvreté dépasse 43% de la population». Le Premier ministre (CSV) a fait de la lutte contre la pauvreté . Et il y a quelques années, le gouvernement s’était engagé à baisser le taux de risque de pauvreté d’un sixième d’ici 2030. «Mais est-ce vraiment faisable?», questionne le directeur de la CSL. «Et surtout, est-ce vraiment si ambitieux vu la situation dans laquelle les gens se trouvent? Déjà en 2010, on avait fixé un objectif pour 2020, il y avait une stratégie européenne. On voulait réduire de 6.000 unités le nombre de personnes menacées par la pauvreté.»
Même les personnes qui touchent le salaire minimum, le Revis, ou la pension minimale n’arrivent pas à dépasser le seuil de pauvreté et les budgets de référence.
«En 2010, on avait 72.000 personnes qui étaient concernées, donc ça faisait presque une réduction de 10%. Mais qu’est-ce qu’il s’est passé finalement? Ce nombre a augmenté de plus de 50.000 unités jusqu’en 2021. On pourrait se dire que la population a augmenté, donc qu’il est normal que le nombre de pauvres augmente aussi, mais ce n’est pas le cas, car même si la population a effectivement augmenté en 10 ans, elle ne l’a pas fait dans de telles proportions, sinon le taux n’aurait pas augmenté. Donc réduire d’un sixième, c’est bien, mais il restera beaucoup de personnes en difficulté.»
Quelles solutions pourraient donc permettre de baisser ce chiffre? «Il y a effectivement le fait que plus de personnes doivent recourir aux aides dont elles peuvent bénéficier. Les demandes de Revis, en l’occurrence, ont augmenté: 5.800 en 2022, 9.600 en 2023, et les prévisions sont de 12.189 pour 2024, donc nous observons des augmentations de 66% et 26%», poursuit Sylvain Hoffmann.
Ce qui reste problématique dans le pays est la proportion du logement dans le total des dépenses tous les mois. Dans son rapport «Travail et cohésion sociale» publié en octobre 2023, le Statec précisait que «pour les ménages du premier quartile de revenu, la charge du logement est particulièrement préoccupante, représentant 57,9% de leur revenu disponible». «Et on voit que même les personnes qui touchent le salaire minimum, le Revis, ou la pension minimale n’arrivent pas à dépasser le seuil de pauvreté et les budgets de référence, donc il faut augmenter ces minima sociaux. Tout le monde pense qu’ils sont déjà élevés par rapport aux autres pays, mais on compare ce qui n’est pas comparable. On a le taux de risque de pauvreté chez les travailleurs le plus élevé en Europe, ça montre bien qu’il y a un problème. Donc il faut augmenter le salaire minimum et la pension minimale», conclut Sylvain Hoffmann.