Olivier Goemans, senior portfolio manager, Banque internationale à Luxembourg (BIL). (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Olivier Goemans, senior portfolio manager, Banque internationale à Luxembourg (BIL). (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

L’arrivée du printemps nous rappelle que l’hiver n’est pas éternel. La tragique pandémie que nous subissons depuis plus d’un an, elle non plus, ne durera pas éternellement. C’est déjà l’état d’esprit prédominant sur les marchés, avec des investisseurs qui commencent à se positionner dans l’optique d’un avenir post-pandémie radieux, avec la croissance qui repart, boostée par des politiques monétaire et budgétaire accommodantes.

La situation semble déjà meilleure que prévu sur le front économique, comme en témoigne la récente révision à la hausse des prévisions de croissance de l’OCDE pour l’économie mondiale, à 5,6% (+1,4%) en 2021. De même, les bénéfices sont revus à la hausse dans toutes les régions, ce qui laisse entrevoir une tendance à l’amélioration des résultats des entreprises.

L’embellie au niveau des perspectives de croissance a également fait remonter les anticipations d’inflation et les rendements obligataires. Cette hausse des rendements alimente la volatilité des actions, mais, selon nous, il est peu probable qu’elle enraye leur ascension. Nous considérons que les taux d’intérêt à long terme augmentent pour de bonnes raisons et qu’en dépit de leur hausse, ils ne sont pas élevés. Par conséquent, nous surpondérons les actions et sous-pondérons les actifs plus sûrs, comme les emprunts d’État.

Une reprise à vitesse variable

Certains pays, comme les États-Unis et la Chine, semblent plus près de la sortie de crise que d’autres. Notre exposition aux actions est justement axée sur ces pays où la thématique du déconfinement et de la reprise est la plus prégnante.

Cette posture accommodante, conjuguée à l’efficacité de la campagne vaccinale et au nouveau train de mesures de relance budgétaire d’un montant de 1.900 milliards de dollars, devrait permettre une reprise économique plus large au printemps.
Olivier Goemans

Olivier Goemanssenior portfolio managerBanque internationale à Luxembourg (BIL)

L’OCDE table sur une croissance du PIB des États-Unis de 6,5% cette année, et ce, alors que la politique monétaire devrait rester accommodante. Malgré la hausse des anticipations d’inflation, la Réserve fédérale américaine a fait savoir qu’elle ne relèverait pas ses taux directeurs avant 2024 au moins et qu’elle n’envisage pas de réduire la voilure de son programme d’achat d’obligations, auquel elle consacre 120 milliards de dollars par mois. Cette posture accommodante, conjuguée à l’efficacité de la campagne vaccinale et au nouveau train de mesures de relance budgétaire d’un montant de 1.900 milliards de dollars, devrait permettre une reprise économique plus large au printemps, d’autant que les ménages américains sont désormais dans une meilleure situation financière qu’avant la crise.

Le contexte est donc favorable pour les actions, mais le choix des secteurs et des styles sera crucial. Nous pensons que les titres qui ont survolé pendant la pandémie perdront de leur superbe dans l’immédiat, tandis que les secteurs plus cycliques (matériaux, industrie et biens de consommation discrétionnaire) devraient s’illustrer. Dans notre exposition aux actions américaines, nous privilégions désormais les valeurs décotées, un style conforté par l’accélération de la croissance économique et l’augmentation des rendements obligataires.

La Chine fait figure d’exception sur le plan économique, car elle a profité de la rapidité avec laquelle elle a endigué le coronavirus. Le gouvernement chinois vise une croissance de 6% cette année, tandis que l’OCDE table sur un taux de 7,8%. Pour le moment, le risque d’inflation est maîtrisé, ce qui rend la politique monétaire actuelle appropriée.

Il semble qu’en Europe, il faudra un peu plus de patience que dans d’autres régions.
Olivier Goemans

Olivier Goemanssenior portfolio managerBanque internationale à Luxembourg (BIL)

Même si nous avons légèrement augmenté notre exposition dernièrement, nous sommes neutres à l’égard de l’Europe pour l’instant, car la campagne de vaccination y est nettement plus poussive. Dans divers pays du Vieux Continent, les déplacements sont encore restreints, et le moral des ménages est en berne. Toutefois, l’hiver ne dure jamais éternellement, et le tour de l’Europe viendra. L’Europe abrite un grand nombre de valeurs décotées, et nous pensons qu’avec l’augmentation graduelle des anticipations d’inflation et des rendements obligataires, ce type de titres rattrapera son retard sur les valeurs de croissance, une tendance qui est déjà flagrante aux États-Unis. Pour le moment, le problème est que les perspectives de bénéfices sont très dépendantes de la vaccination et du calendrier de déconfinement.

Il semble qu’en Europe, il faudra un peu plus de patience que dans d’autres régions, mais, en tant qu’investisseurs, nous pouvons nous projeter plus loin dans l’avenir afin de commencer à profiter dès aujourd’hui de la thématique du déconfinement.