En 2010, Guy de Muyser livrait à Paperjam sa vision du Luxembourg en 2020. (Photo: Maison Moderne/Archives)

En 2010, Guy de Muyser livrait à Paperjam sa vision du Luxembourg en 2020. (Photo: Maison Moderne/Archives)

Il y a 10 ans, 24 personnalités partageaient dans Paperjam leur vision de ce que serait le Luxembourg en 2020. En cette fin d’année, la rédaction a choisi d’en republier huit pour voir à travers elles quelles sont les avancées réalisées et celles qu’il reste à faire. Place aujourd’hui à Guy de Muyser.

C’est en tant que président du conseil d’administration du Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster que Guy de Muyser, qui aura aussi été le chef de cabinet du Grand-Duc Jean et maréchal de la Cour, avait en 2010 tenté de deviner les contours du Luxembourg 10 ans plus tard.

Le texte de Guy de Muyser

«Paperjam a dix ans… et demande à ses lecteurs comment ils imaginent le Luxembourg en 2020! On me permettra de démarrer sur un sourire prescient: je parie que nous retrouverons en 2020 Paperjam aussi pimpant, aussi intéressant, aussi bien fait qu’il l’est aujourd’hui.

À part cela… et malgré les sombres nuages qui voilent notre horizon 2020 sur tous les plans – économique, financier, industriel et politique –, j’ai suffisamment confiance en mes compatriotes (ceux d’aujourd’hui comme ceux de demain), qui sont, de surcroît, si efficacement épaulés par un remarquable pool de compétences venues d’ailleurs, pour ne pas verser dans le pessimisme à la mode. D’ailleurs, les turbulences qui vont secouer le Grand-Duché au cours de la prochaine décennie ne sont pas les premiers orages qui s’abattent sur le pays.

Relisons son histoire. Nous constaterons que, dans le passé, le Luxembourg s’est non seulement tiré d’affaire, mais qu’il a réussi à améliorer chaque fois sa performance, alors que tant d’experts (devins de métier ou de circonstance) ne lui prédisaient que production effondrée, revenus laminés et statistiques d’apocalypse.

N’allons pas pour autant caresser l’illusion que le Luxembourg pourrait miraculeusement échapper aux bouleversements qui affectent la planète tout entière et qui vont forcément se répercuter chez nous. La liste est tellement longue… Ils s’appellent surpopulation, appauvrissement, émergence de nouveaux concurrents, réchauffement et écologie, explosions d’épidémies ou d’épizooties, pénuries d’énergie et de matières premières et tant d’autres! Sans oublier la perte de compétitivité et d’influence de notre monde dit occidental, qui avait réussi à monopoliser pendant si longtemps à son profit le progrès, la prospérité et la puissance.

Faut-il alors baisser les bras devant des défis aussi énormes? Ne nous leurrons pas: il est certain que, demain plus qu’aujourd’hui, l’avenir fera carême. Mais n’est-il pas vrai, d’autre part, que, jamais auparavant, le monde n’a pu faire appel à une panoplie aussi vaste de moyens intellectuels et matériels que celle dont nous disposons à l’heure actuelle? Autrement dit, ce qui pouvait faire vaciller les sociétés à l’époque des moyens-âges du savoir et de la science ne devrait plus être aussi terrifiant de nos jours. Par conséquent, osons avoir confiance! Et sans nous abandonner à des rêves de facilité, refusons de peindre en noir l’avenir 2020 de l’humanité et celui du Luxembourg.

En conclusion, cela permettra d’envisager 2020 à travers des lunettes teintées d’un réalisme prudent et surtout d’un optimisme de courage et d’action.»