François Grosdidier, avec sa liste Utile pour Metz, a ravi la mairie de Metz à la gauche pour 197 voix. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

François Grosdidier, avec sa liste Utile pour Metz, a ravi la mairie de Metz à la gauche pour 197 voix. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Tandis que Pierre Cuny reste sur le fauteuil de maire de Thionville, François Grosdidier a repris la ville de Metz à la gauche pour 197 voix, dimanche soir. Et il a aussitôt annoncé vouloir discuter avec le Premier ministre et la bourgmestre de Luxembourg.

«La soirée a été longue. J’ai dit toute ma vie qu’on n’avait jamais gagné avant d’avoir le dernier résultat du dernier bureau de vote. Ça n’a jamais été aussi vrai que ce soir.» François Grosdidier a dû retenir son souffle jusqu’au dernier moment, mais le sénateur, ex-maire de la commune voisine de Woippy, a fini par s’imposer de 197 voix, avec 10.001 contre 9.804 pour Xavier Bouvet et la liste de gauche, et 2.355 pour le Rassemblement national emmené par Françoise Grolet.

«À ceux qui ont voté pour moi, je dis merci. Et je suis allé remercier Jean-Marie Rausch. J’ai envie de dire à tous les Messins que j’ai la victoire très modeste» a dit la tête de liste d’Utile pour Metz, union de la droite et du centre. «Je mesure aujourd’hui l’importance de la tâche, la très faible participation, la courtesse de la victoire. Que je sais qu’ils ont souffert d’un certain abandon. On a une population dans l’hypercentre, certes satisfaite de la ville actuelle, mais on a dans tous les quartiers périphériques, qu’ils soient résidentiels ou populaires, des gens frustrés, parfois désespérés. Je suis très heureux de leur avoir donné une perspective positive, et je crois que si je n’avais pas mon passé de maire de Woippy et cette crédibilité de celui qui a fait, je n’aurais même pas pu les convaincre tant nous nous heurtions à du scepticisme.»

Aux côtés des membres de sa liste, comme Nathalie Colin-Oesterlé, sa numéro 2, ou Béatrice Agamennone, qui l’a rejoint au second tour, le futur maire a insisté sur le chemin étroit qu’il a dû emprunter. «On a eu une campagne difficile, en quelque sorte, coincé entre une extrême droite qui excite les différences culturelles et religieuses, et une liste très à gauche qui excitait la fracture générationnelle et idéologique, poussée par une vague verte et par la machine municipale qui a joué à fond, jusqu’à nous refuser des procurations en très grand nombre et à déplacer entre les deux tours le bureau de vote de Metz-Nord où j’avais fait le meilleur score.»

Luxembourg dans le viseur

Avant de revenir à des propos plus consensuels. «Nous gagnons de façon très juste, mais j’entends bien pendant ces six ans montrer à tous ceux qui ont voté pour nous qu’ils ne se sont pas trompés, que nous ne trahirons pas leur espoir. Et de montrer à tous ceux qui n’ont pas voté pour nous que je serai le maire de tous les Messins, mon équipe sera au service de tous les Messins et nous les réconcilierons avec la commune et j’espère avec la République.»

Premier chantier, réconcilier les habitants avec la chose publique. Seulement 22.606 personnes se sont déplacées sur les 70.000 inscrits et 120.000 habitants de la première ville de Moselle. «Un bon maire, c’est un maire qui aime les gens, qui est à leur écoute, qui les protège, qui entend les problèmes et qui les règles. Ce n’est pas une affaire de politique. Le maire de Metz que je suis travaillera avec le maire de Nancy. Mais pas seulement. Je m’adresserai immédiatement au Premier ministre de Luxembourg et à la bourgmestre de Luxembourg. Je travaillerai aussi avec Strasbourg, avec Reims et avec les métropoles de notre Grande Région.»


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Nancy a vécu le mouvement politique inverse: Mathieu Klein a ravi la mairie au candidat de droite et du centre Laurent Hénart. «Avec Nancy, il n’y a plus de raison de s’affronter, il n’y a plus de Lorraine. Peu importe qui en est la capitale. En revanche, il y a des sujets comme le rattrapage en matière d’enseignement supérieur: on a une fois et demie plus d’habitants que le bassin de Nancy, et on a trois fois moins d’étudiants. Je ne veux en enlever aucun à Nancy, je veux simplement qu’on ne nous conteste pas le droit de nous développer. Il y a des sujets comme les transports, de Nancy à Luxembourg, où il faut que nous travaillions avec Nancy. Il y aura plein de sujets de coopération, dans le Sillon, dans la métropole. Il n’est jamais question de politique entre des maires qui travaillent en bonne intelligence.»

M. Grosdidier devrait être désigné maire au cours du prochain conseil municipal, ce vendredi. Il fait campagne notamment sur la sécurité à Metz et sur la propreté, et a complètement aspiré les électeurs de l’extrême droite, la liste de Françoise Grolet n’ayant engrangé que 5,45% des voix.

Cuny (Thionville) reste à son poste

Arrivé au poste de maire lors du décès d’Anne Grommerch, Pierre Cuny conserve son fauteuil au terme d’une élection rocambolesque: l’ex-directeur de cabinet de Jean-Marie Demange (alors maire de Thionville) et ex-maire de Terville, Patrick Luxembourger, avait présenté une liste à la dernière minute pour, disait-il, éviter que Thionville se retrouve sans candidat de la droite à ces élections municipales. Selon lui, des révélations devaient sortir.

De révélations, point il n’y eut. Pierre Cuny s’est imposé avec 4.015 voix devant M. Luxembourger (3.082) et M. Mertz (2.609), lequel a même perdu près de trois cents voix entre les deux tours malgré la fusion avec la liste de Guy Harau.

«Ce qui s’est passé à droite, c’est quelque chose dont il faudrait que je parle avec Patrick Luxembourger. Quelque part, ça n’a pas de sens», a indiqué le maire de Thionville au micro de nos confrères de Mirabelle TV. «Pour moi, la parenthèse politique est terminée. Je suis le maire de tous les Thionvillois et de toutes les Thionvilloises, et il faut maintenant donner cette impulsion que nous avons déjà donnée à Thionville. Qu’elle devienne ce phare du nord-mosellan et au-delà. Cette dynamique a commencé il y a six ans.»

Le docteur Cuny a probablement profité de sa gestion de la crise. «Thionville a été cité en France comme une des communes qui a le mieux géré cette crise du Covid-19. Je pense qu’au-delà de cette crise, les habitants savent qu’ils ont à la tête de la ville un homme très engagé, très ouvert et très volontaire, et qui sait gérer. Dès l’été dernier, quand nous avons commencé à préparer le programme, j’avais déjà intégré le verdissement et la gestion de l’eau, pour que la communauté d’agglomération devienne indépendante pour la gestion de l’eau, notamment avec la création d’une usine de décarbonatation. Depuis 2014, nous avions à Thionville un plan de prévention des risques qui a servi de modèle au niveau national. Ça fait partie de mon ADN, et je suis entouré de beaucoup de personnalités non engagées sur le plan politique.»

Son premier chantier, a expliqué le maire de centre droit: «Dans 15 jours, la salle Jean Burger va être détruite et deviendra une extension du gymnase pour accueillir les scolaires, tous les sportifs et notamment le club de gymnastique rythmique et sportive, qui est le meilleur de France actuellement, mais aussi pour faire de l’événementiel, puisqu’on va quasiment doubler la surface.»

. «Ce que je propose, c’est une fiscalité partagée. Aujourd’hui, elle retombe dans les caisses de l’État français après le 29e jour de télétravail. Il faut étendre le télétravail à 56 jours par an, et il faut que les impôts prélevés entre le 29e et le 56e jour soient partagés entre les deux pays pour des projets frontaliers.»