Le S-Hub, situé à Yutz le long de l’A31, permet aux salariés travaillant au Luxembourg de pouvoir faire du télétravail. (Photo: Romain Gamba)

Le S-Hub, situé à Yutz le long de l’A31, permet aux salariés travaillant au Luxembourg de pouvoir faire du télétravail. (Photo: Romain Gamba)

Le nouvel espace de télétravail dédié aux frontaliers à Yutz a été inauguré ce mercredi. Alors que le premier modèle économique se basait sur une adhésion au concept des banques ou Big Four luxembourgeois, ce sont finalement les PME et les institutions européennes qui sont séduites.

2.250m² de surface de plancher. Cinq niveaux. 4,7 millions d’euros investis par la Sodevam (société de développement et d’aménagement de la Moselle). Ce sont les principaux chiffres du , espace de télétravail inauguré ce mercredi 29 mai à Yutz et dont l’ouverture au public se fera le lundi 3 juin.

«Notre première cible pour ce projet était les grands groupes luxembourgeois, notamment les banques ou les Big Four. Mais face aux réglementations qu’ils doivent respecter, beaucoup sont frileux à l’idée de faire télétravailler leurs salariés en dehors du territoire grand-ducal. Car toutes les données, notamment bancaires, ne peuvent pas être traitées à l’extérieur du pays», explique Hervé Melchior, directeur général de la Sodevam.

Que le nombre de jours de télétravail accordés aux frontaliers lorrains passe de 29 à 46 jours.

Pierre Cunymaire de Thionville

Autre point qui freine pour le moment les grands groupes luxembourgeois à intégrer le S-Hub, «sur le plan fiscal, la richesse ne peut pas être produite en France pour que cela reste considéré comme du télétravail. L’administration française doit donc examiner les dossiers au cas par cas, et les DHR des entreprises craignent que les activités réalisées en France soient requalifiées fiscalement, donc ils ne veulent pas prendre de risque dans l’immédiat.»

«J’espère que la position de l’administration française évoluera», a appuyé Pierre Cuny, maire de Thionville et président de la Communauté d’agglomération Portes de France-Thionville (actionnaire de la Sodevam). «Je vais également m’engager pour que le nombre de jours de télétravail accordés aux frontaliers lorrains passe de 29 à 46 jours, ce qui permettrait de pouvoir télétravailler une fois par semaine.»

Deux étages achetés par trois entreprises

Une étude commandée à PwC dans le cadre de la construction du S-Hub avait montré que le télétravail «concerne plus de 10.000 personnes par jour parmi les frontaliers, il y a donc un vrai potentiel», insiste le maire de Thionville.

Et si le S-Hub ne séduit pour l’instant pas les Big Four, «nous avons des réservations pour une dizaine de postes de travail (le bâtiment en compte 70, ndlr) pour le Parlement européen», explique Hervé Melchior. Les institutions européennes ne sont en effet pas soumises à des seuils de tolérance sur le nombre de jours de télétravail permis à ses salariés.

Deux étages du bâtiment ont également été achetés par trois entreprises françaises: Costantini, l’étude d’avocats Meavoce, et Myjobest. «Ce sont des entreprises qui ont des salariés au Grand-Duché et qui cherchaient des bureaux près de la frontière», précise le directeur général de la Sodevam. Le montant de la transaction n’est pas communiqué.

«Mailler le territoire»

Reste que les trois niveaux restants proposent aux salariés nomades des open spaces, des salles de réunion, ou des bureaux privés. «Surtout, nous avons voulu proposer un télétravail qui permette de retrouver les mêmes conditions que celles des salariés au Luxembourg: conciergerie, parking, espaces bien-être, pressing, etc.», ajoute Hervé Melchior.

Comme annoncé par Pierre Cuny il y a quelques jours, un permis de construire pour un deuxième bâtiment sera bientôt déposé. «Il faut expérimenter et surtout insuffler une dynamique. Notre but est de mailler le territoire d’autres espaces de télétravail comme celui-ci», confirme le maire de Thionville.