Pierre Festal, associé chez Promus Ventures, la société de capital-risque qui gère l’Orbital Ventures Fund axé sur l’espace, est très intéressé par la scène spatiale luxembourgeoise.  (Photo: Promus Ventures)

Pierre Festal, associé chez Promus Ventures, la société de capital-risque qui gère l’Orbital Ventures Fund axé sur l’espace, est très intéressé par la scène spatiale luxembourgeoise.  (Photo: Promus Ventures)

Le secteur spatial est un des domaines ciblés par le gouvernement luxembourgeois en matière de diversification économique, mais, comme dans de nombreux secteurs, les sociétés de capital-risque affirment qu’il n’y a pas assez de liquidités européennes disponibles pour investir dans les start-up spatiales. Les entrepreneurs se tournent donc souvent vers les États-Unis ou ailleurs pour trouver des financements. L’Orbital Ventures Fund est l’un des efforts déployés pour remédier à cette situation.

Promus Ventures, une société de capital-risque en phase de démarrage, a levé 120 millions d’euros pour l’Orbital Ventures Fund, un fonds clôturé l’année dernière. Ce fonds ne se concentre pas exclusivement sur les start-up spatiales du Grand-Duché, bien que les entreprises liées au Luxembourg reçoivent une certaine partie de ses investissements. Les «partenaires limité» du fonds (ses investisseurs externes) sont tous européens, majoritairement publics, et actifs au Grand-Duché.

Les principaux investisseurs de l’Orbital Ventures Fund sont le Fonds européen d’investissement (FEI), qui aurait engagé 40 millions d’euros, ainsi que le ministère de l’Économie et la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI) du Luxembourg. La Banque Internationale à Luxembourg (BIL), BGL BNP Paribas, OHB, Post Luxembourg, SES et la Spuerkeess ont également pris des participations.

Selon Pierre Festal, associé de Promus Ventures au Luxembourg, le portefeuille du fonds compte à ce jour 10 start-up.

Au total, Promus Ventures dispose de cinq fonds. Parmi les entreprises du portefeuille de la société figurent Iceye, Rocket Lab, Spire et Swift Navigation. Parmi ses sorties précédentes figurent Enview, Figure Eight, Gauss Surgical et Kensho.

La société de capital-risque possède trois bureaux, et cinq de ses huit employés sont basés au Grand-Duché.

Delano s’est entretenu avec Pierre Festal au sujet du fonds, de ses investisseurs et des entreprises de son portefeuille, ainsi que de son point de vue sur la scène des start-up spatiales au Luxembourg.

En quelques mots, parlez-nous de Promus Ventures.

Pierre Festal. – «Fondé en 2012, Promus Ventures investit dans des start-up deep-tech en phase de démarrage qui résolvent des problèmes complexes pour améliorer la vie quotidienne dans le monde entier. Depuis ses bureaux de Chicago, San Francisco et Luxembourg, Promus Ventures a investi dans 95 start-up en phase de démarrage aux États-Unis, dans l’Union européenne, au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande.

Comment le fonds Orbital Ventures a-t-il été créé et quels sont ses principaux objectifs?

«Le fonds Orbital Ventures a été clôturé à 120 millions d’euros en juillet 2021. Les partenaires limités (LPs) comprennent le Fonds européen d’investissement ainsi que d’autres entreprises, institutions et investisseurs privés et publics. Parmi eux, le ministère de l’Économie du Luxembourg et la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI). Ancré au Luxembourg, le fonds se concentre sur les entreprises spatiales en phase de démarrage.

L’espace est un segment important. Que recherchez-vous exactement dans une société pour votre portefeuille?

«L’Orbital Ventures Fund cible les opportunités d’investissement en phase de démarrage dans un large éventail de domaines, tels que: les réseaux et services de télécommunications spatiaux; les services et applications géospatiaux basés sur la localisation; les technologies et innovations liées à l’espace, comme la robotique, les capteurs, les données; l’observation de la Terre et la surveillance de l’environnement; l’efficacité et la sécurité du transport et de la logistique; et l’utilisation et l’exploration des ressources spatiales.

Lorsque nous évaluons un investissement potentiel, nous nous concentrons avant tout sur la qualité de l’équipe fondatrice, sa vision et sa capacité à concrétiser cette vision. Nous examinons également la technologie, le produit, le modèle commercial, le marché et la dynamique concurrentielle.

De quel type de lien une start-up a-t-elle besoin avec le Luxembourg? Doit-elle avoir un bureau ici? Doit-elle investir dans une technologie qui a été – partiellement ou totalement – développée au Luxembourg?

«Une partie du fonds doit être déployée dans des sociétés qui ont un lien avec le Luxembourg – soit avec un siège social au Luxembourg, soit avec des plans pour établir une présence au Luxembourg.

Parlons de vos investisseurs. Qu’est-ce que le fait d’avoir une part importante de vos commanditaires issus du secteur public change pour le fonds, par rapport à un fonds qui a une majorité de commanditaires du secteur privé? Cela change-t-il votre stratégie, vos perspectives, vos opérations?

«Cela ne change rien. Nous fonctionnons comme n’importe quel autre fonds. Nous sommes un investisseur financier dont l’objectif est de maximiser les rendements pour les associés.

Quelles sont vos perspectives pour les start-up du secteur spatial au Luxembourg et en Europe? Le secteur est-il compétitif par rapport à ses concurrents nord-américains et asiatiques?

«Le Luxembourg a été à l’avant-garde de la démocratisation et du développement du secteur spatial au cours des dernières décennies. Le pays continue d’apporter un soutien local important aux jeunes pousses du secteur spatial et constitue un lieu d’implantation privilégié pour les entreprises spatiales internationales. On peut dire que le pays a toujours été très performant dans ce secteur.

L’Europe a parcouru un long chemin dans la construction et le soutien d’un écosystème florissant dans le domaine des technologies spatiales, avec des initiatives telles que le programme Cassini de la Commission européenne et les programmes d’incubation de l’Agence spatiale européenne, ainsi qu’un soutien croissant des grandes entreprises qui ont pris conscience des menaces et des opportunités offertes par les start-ups du secteur.

Le marché du financement privé reste relativement limité et ne dispose pas d’un niveau suffisant de ‘Dry Powder’ (comprendre le capital non investi) pour soutenir les entreprises émergentes tout au long de leur cycle de vie – ce problème n’est pas spécifique au secteur spatial. Par conséquent, les jeunes entreprises spatiales européennes ont tendance à se tourner vers les États-Unis ou la communauté internationale des investisseurs lorsqu’il s’agit de lever des fonds importants pour soutenir leur croissance. Si l’Europe a bien progressé, elle reste derrière les États-Unis en termes de nombre d’entreprises spatiales émergentes et de financements disponibles.

L’Asie est relativement fragmentée, la Chine ayant sa propre série d’initiatives, largement soutenues par l’État, dans le secteur spatial. L’Inde, le Japon et l’Australie ont été relativement actifs avec un certain nombre de start-up qui ont levé d’importantes sommes d’argent au cours des derniers trimestres.

Envisagez-vous de lever d’autres fonds prochainement, que ce soit pour l’Orbital Ventures Fund ou un autre fonds axé sur le secteur spatial?

«Nous sommes en train de déployer le fonds Orbital Ventures et nous espérons continuer à investir dans des entreprises spatiales liées à l’UE à l’avenir.

La , une conférence qui se tient à Luxexpo du 3 au 5 mai, comprend un panel intitulé «Make resources and the moon bankable» le mercredi après-midi.

Cet article a été écrit pour , traduit et édité pour Paperjam.