Laura Foschi, qui a intégré l’Ada il y a 6 ans, en est depuis un an la directrice exécutive. (Photo: Maison Moderne)

Laura Foschi, qui a intégré l’Ada il y a 6 ans, en est depuis un an la directrice exécutive. (Photo: Maison Moderne)

Directrice exécutive de l’ONG Ada qui promeut la finance inclusive dans le monde, Laura Foschi est également senior investment manager et responsable de l’ensemble des services d’investissement du LMDF. Entretien dans le cadre de notre série #Femaleleadership.

Qu’est-ce qui vous a amenée à travailler dans la microfinance?

Laura Foschi. – «J’ai toujours aimé la finance. J’ai travaillé dès 20 ans dans le secteur bancaire où j’ai appris à utiliser des instruments financiers.

Puis je les ai utilisés pour poursuivre des objectifs qui ne sont pas traditionnels, c’est-à-dire qui, outre la rentabilité financière, poursuivent une rentabilité sociale.

J'ai toujours senti la valeur ajoutée du crédit: quand on reçoit de l’argent, on reçoit de la confiance.
Laura Foschi

Laura Foschidirectrice exécutiveAda

J’ai toujours senti, au-delà de sa valeur monétaire, la valeur ajoutée du crédit: quand on reçoit de l’argent, on reçoit de la confiance. De la confiance en soi et de la confiance dans le projet que l’on défend.

Comment conciliez-vous vie privée et vie professionnelle?

«J’ai deux jeunes enfants, donc j’accorde une attention élevée au fait de ne pas consacrer tout mon temps au travail. Il s’agit d’établir un équilibre quotidien, qui se construit tous les jours.

Mais j’ai la chance de toujours pouvoir dialoguer avec mon mari, avec qui je vis depuis 20 ans, pour pouvoir faire des choix bénéfiques pour nous deux.

Quelle est votre définition du leadership?

«Je le définirais comme un leadership participatif. Je reste à l’écoute, prête à partager, tout en gardant la responsabilité des décisions finales.

Au sein de l’, je veux faire en sorte que tous soient épanouis et parviennent à réaliser leurs objectifs.

Vers l’extérieur, le leadership consiste à créer des partenariats avec des femmes et des hommes au niveau local, qui proposent des innovations et produisent de l’impact social.

J’ai eu de la chance: j’ai travaillé avec des personnes qui laissaient de la place aux femmes et accordaient de la confiance et beaucoup de liberté.
Laura Foschi

Laura Foschidirectrice exécutiveAda

Des personnalités vous ont-elles particulièrement inspirée?

«Le monde financier est très masculin, il l’était surtout lorsque j’ai débuté, il y a 25 ans. Mais j’ai eu de la chance: j’ai travaillé avec des personnes qui laissaient de la place aux femmes et accordaient de la confiance et beaucoup de liberté concernant, par exemple, la gestion du temps au bureau, notamment par le biais du télétravail.

Quelle est la place de la femme dans la microfinance?

«Le monde de la microfinance est féminin, et ce naturellement, car 80% des clients sont des femmes. Mais dans un premier temps, les femmes n’étaient pas présentes aux postes de direction. Dorénavant, il y en a de plus en plus, ce qui facilite le dialogue et permet de créer des liens différents.

Dernièrement, a par exemple été créé au Sénégal le Women Investment Club, un institut de microfinance mis en place par des femmes pour les femmes. Dix ans plus tôt, cela n’aurait pas été possible.

Il ne faut jamais oublier l’homme quand on parle d’émancipation des femmes.
Laura Foschi

Laura Foschidirectrice exécutiveAda

L’évolution reste lente malgré tout, conséquence du manque d’investissement dans l’éducation des femmes. En outre, il ne faut jamais oublier l’homme quand on parle d’émancipation des femmes: la femme pourra s’épanouir quand l’homme comprendra qu’une femme épanouie n’est pas une menace pour lui.

Comment opère l’Ada pour lutter contre les discriminations faites aux femmes?

«Pour l’Ada, l’environnement, les jeunes et les femmes sont des thématiques transversales. Ainsi, pour tous types de projets, nous regardons combien de femmes sont impliquées dans le programme. Puis, lors de la phase de sélection, nous donnons une préférence aux projets qui viennent en aide aux femmes.

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui veulent entreprendre?

«De partir d’une situation d’équilibre personnel. D’être solide, résiliente et de n’avoir peur ni des défis ni surtout de l’échec. Il ne faut pas s’arrêter face à l’échec. C’est un moment important pour apprendre puis mieux faire. Comme je le répète souvent: ‘On n’apprend pas à marcher sans tomber.’