«La santé mentale est désormais une des priorités du gouvernement, et le ministre de la Sécurité sociale a publié, en février dernier, un règlement grand-ducal qui devait nous permettre de trouver une solution sur le financement des séances de psychothérapie», explique Delphine Prüm, psychothérapeute et présidente de la Fapsylux. (Photo: Shutterstock)

«La santé mentale est désormais une des priorités du gouvernement, et le ministre de la Sécurité sociale a publié, en février dernier, un règlement grand-ducal qui devait nous permettre de trouver une solution sur le financement des séances de psychothérapie», explique Delphine Prüm, psychothérapeute et présidente de la Fapsylux. (Photo: Shutterstock)

La Fédération des associations représentant les psychothérapeutes du pays a quitté la table des négociations avec la CNS en avril dernier. Elle a récemment envoyé un courrier au ministre de la Sécurité sociale pour sortir de l’impasse.

«Nous avons déjà fait des concessions dans le passé, mais aujourd’hui, il y a cinq points sur lesquels nous ne céderons pas face à la CNS», explique Delphine Prüm, psychothérapeute et présidente de la Fapsylux, fédération des associations représentant le métier au Luxembourg. Alors que les négociations avaient repris depuis la mi-mars avec la Caisse nationale de santé en vue de la conclusion d’un accord sur la prise en charge des séances de psychothérapie, la Fapsylux a quitté la table des négociations le 22 avril dernier après trois réunions.

«La CNS propose la mise en place d’un projet pilote sur deux ans, qui ne couvrirait qu’une partie de la population (de 18 à 60 ans, ndlr) et sous certaines conditions, comme le fait de ne pas avoir été hospitalisé ou d’avoir consommé des anxiolytiques ou des antidépresseurs sur une période bien précise avant la thérapie. Ce qui signifie par exemple que les enfants, qui sont très vulnérables et particulièrement depuis le début de la pandémie, ne pourront pas voir leurs séances de psychothérapie remboursées?», s’interroge Delphine Prüm.  «Nous refusons ce projet pilote et nous avons l’impression de ne pas être entendus par la CNS, alors que le Conseil d’État, dans ses avis rendus en 2014 et , souligne l’importance de prendre en charge par l’assurance-maladie les actes posés par les psychothérapeutes».

Un courrier envoyé au gouvernement

Et face à l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations, la Fapsylux a envoyé, ce mercredi 12 mai, un courrier au ministre de la Sécurité sociale , «afin de faire avancer les choses», ajoute Delphine Prüm. «La santé mentale est désormais une des priorités du gouvernement, et le ministre de la Sécurité sociale a publié, en février dernier, un règlement grand-ducal qui devait nous permettre de trouver une solution sur le financement des séances de psychothérapie. Le gouvernement doit donc prendre ses responsabilités.»

Dans ce courrier, l’avocat de la Fapsylux, , précise: «Nous étions convaincus que les acquis auxquels nous étions parvenus à la suite de la procédure de médiation de 2018 pouvaient être considérés comme une base solide de nos pourparlers qui ont repris de manière concomitante avec le récent règlement grand-ducal du 12 février dernier. Il n’en est cependant rien!»

Parmi les cinq points évoqués par la Fapsylux, il y a notamment le libre accès à la psychothérapie pour le patient à travers deux voies possibles: soit le patient contacte directement le psychothérapeute, soit il passe par un médecin qui l’oriente vers un psychothérapeute. «Mais nous ne voulons pas d’une prescription médicale obligatoire comme le souhaite la CNS», précise Delphine Prüm. La Fédération réclame également un accord sur au moins 3 séances chez le psychothérapeute remboursées avant la prise de décision concernant la prise en charge du traitement par la CNS. «Nous ne réclamons par ailleurs pas une prise en charge à 100%, car les mutuelles peuvent également intervenir en partie.»

Des formations de «premiers secours en santé mentale»

D’après le budget provisoire de la CNS, la prise en charge de la psychothérapie aurait un impact de l’ordre de dix millions d’euros sur six mois. Le coût moyen d’une psychothérapie est estimé à 3.200 euros par patient, selon une étude allemande datant de 2011. Face à l’impact du Covid-19 sur la santé mentale des enfants notamment, en France, le président de la République Emmanuel Macron a par exemple annoncé, le 14 avril dernier, la mise en place d’un forfait de prise en charge de dix séances de psychologue prépayées pour les 3-17 ans.

Récemment, la Ligue luxembourgeoise d’hygiène mentale a annoncé la mise en place, à partir du mois de juin prochain, de formations de «premiers secours en santé mentale», en partenariat avec le ministère de la Santé. «C’est une très bonne chose», commente Delphine Prüm. «Je pense que la population en général n’a pas assez conscience du risque sur la question de la santé mentale de son entourage. Mais si le ministère, ici de la Santé, fait des choses comme celle-là, pourquoi le gouvernement ne nous soutient-il pas?»

Pour rappel, le psychothérapeute est un professionnel de la médecine douce habilité à traiter des personnes souffrant de troubles psychiques ou somatiques. Son travail consiste à aider ses patients dans le but d’atteindre un bien-être intérieur. Le psychiatre, de son côté, a suivi des études de médecine avec une spécialisation, et le psychologue, qui n’est pas un médecin, s’occupe de personnes souffrant de troubles psychologiques. Ses méthodes sont l’approche psychanalytique et l’écoute du patient. Au Luxembourg, les tarifs des consultations chez le psychiatre sont fixés par la CNS. Elles sont remboursées à 88% pour les adultes et 100% pour les enfants.