Stefan Van Geyt: «Les préoccupations éthiques redéfinissent les habitudes alimentaires dans de nombreux marchés développés, en particulier chez les jeunes, qui adoptent de plus en plus les modes de vie végétariens et végétaliens.» (Photo: KBL epb)

Stefan Van Geyt: «Les préoccupations éthiques redéfinissent les habitudes alimentaires dans de nombreux marchés développés, en particulier chez les jeunes, qui adoptent de plus en plus les modes de vie végétariens et végétaliens.» (Photo: KBL epb)

Entre hamburgers aux protéines alternatives et poissons élevés en bioréacteur, l’avenir de l’alimentation pourrait être davantage high-tech que gastronomique.

C’est l’été, et vous passez une matinée tranquille au bord de la piscine de l’hôtel. Alors que l’heure du déjeuner approche, vous songez à commander un hamburger... jusqu’à ce que vous remarquiez que votre nouveau maillot de bain est déjà suffisamment serré.

Par chance, il existe aujourd’hui un moyen beaucoup plus sain et plus écologique de satisfaire cette envie.

Prenez, par exemple, les «hamburgers» élaborés par Beyond Meat Inc., un fabricant californien de protéines alternatives coté au Nasdaq depuis début mai, et dont Bill Gates et Leonardo DiCaprio figurent parmi les premiers investisseurs. Le cours de l’action Beyond Meat a bondi de plus de 160% le premier jour de bourse, conférant à l’entreprise une valeur de marché avoisinant les 4 milliards de dollars.

Les galettes de Beyond Meat sont essentiellement composées de protéines de pois et de jus de betterave pour imiter le «saignement» de la viande de bœuf. Just Inc., une autre start-up de la Silicon Valley, produit de la «viande» par la culture in vitro de cellules animales plutôt que par l’abattage, tandis que Finless Foods commercialise du «poisson» élevé dans un bioréacteur.

Les investissements mondiaux dans les technologies alimentaires ont plus que triplé entre 2012 et 2017.
Stefan Van Geyt

Stefan Van Geytgroup CIOKBL European Private Bankers

Conscientes que l’élevage est responsable d’environ 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (au même titre que l’industrie automobile), ces entreprises cherchent à résoudre des problèmes comme la raréfaction des ressources naturelles et le changement climatique (ainsi que la cruauté envers les animaux) et s’inscrivent dans le cadre d’un mouvement plus large baptisé «Agriculture 4.0» qui fait appel à de nouvelles techniques de production alimentaire et agricole.

Aujourd’hui, le segment des produits d’origine végétale et sans matière animale ne représente qu’une fraction des 7.800 milliards de dollars que pèse la filière alimentaire et agricole mondiale. Toutefois, selon AgFunder, une plate-forme agroalimentaire en ligne, les investissements mondiaux dans les technologies alimentaires ont plus que triplé entre 2012 et 2017. Ces investissements continuent d’augmenter, l’accent étant mis en particulier sur l’agriculture de précision, les protéines alternatives et les technologies alimentaires numériques.

Tout porte à croire qu’une production à grande échelle d’aliments technologiques pourrait être réalisable à moyen terme, contribuant ainsi à nourrir une population mondiale toujours plus nombreuse.
Stefan Van Geyt

Stefan Van Geytgroup CIOKBL European Private Bankers

Bien que la connaissance et l’acceptation de ces produits par les consommateurs soient encore faibles, le coût des protéines alternatives a considérablement diminué au fil du temps. En conséquence, tout porte à croire qu’une production à grande échelle d’aliments technologiques pourrait être réalisable à moyen terme, contribuant ainsi à nourrir une population mondiale toujours plus nombreuse.

Tout aussi importantes pour le succès à long terme du secteur, les préoccupations éthiques redéfinissent les habitudes alimentaires dans de nombreux marchés développés, en particulier chez les jeunes, qui adoptent de plus en plus les modes de vie végétariens et végétaliens.

Dans les années à venir, le plus gros obstacle à la croissance d’entreprises comme Beyond Meat, Just et Finless Foods sera probablement la réglementation. À peu près partout dans le monde, l’industrie alimentaire est lourdement réglementée, et à juste titre.

Voilà pourquoi vous ne pourrez probablement pas commander un hamburger aux protéines alternatives pour votre déjeuner aujourd’hui. Toutefois, si vous pensez vraiment à votre nouveau maillot de bain, il y a certainement au moins une salade au menu.