Les épiceries dans lesquelles les expatriés ont l’habitude de faire leurs courses connaissent de gros problèmes d’approvisionnement. (Photo: Shutterstock)

Les épiceries dans lesquelles les expatriés ont l’habitude de faire leurs courses connaissent de gros problèmes d’approvisionnement. (Photo: Shutterstock)

Les nouvelles obligations administratives suite au Brexit ne sont pas sans causer des problèmes pour certains détaillants luxembourgeois qui vendent des produits et des livres anglais. Des retards sont à déplorer en ce qui concerne les livraisons.

L’épicerie Home from Home, basée à Strassen, s’approvisionne à 90% au Royaume-Uni. À la mi-février, ses congélateurs et ses rayons commençaient à se vider.  Selon Calum Heffernan, le gérant de l’épicerie pour expatriés, elle n’avait pas reçu de livraisons depuis décembre 2020, car il fallait encore régler les formalités administratives.

300 pages de documents pour un seul camion

«Il est plus facile d’obtenir des produits des États-Unis que du Royaume-Uni. Nous attendons que trois palettes d’un camion soient coordonnées par un autre magasin en Belgique», a déclaré M. Heffernan, ajoutant: «Pour l’instant, il faut plus de 300 pages de paperasse pour un camion.»

Les retards se sont donc accumulés au cours de la période la plus chargée de l’année, avant Noël, lorsque le magasin attendait une livraison de 170 dindes pour des clients expatriés au Luxembourg. «Elles ont été bloquées à la frontière», explique encore Calum Heffernan.

Le magasin a trouvé une solution pour la viande hachée fraîche importée, comme les saucisses et certains produits de longue conservation, en ayant trouvé des fournisseurs en République d’Irlande. «Ça passe parce que les ferries font le tour de l’Angleterre jusqu’à Cherbourg, en France.»

Pour certains produits à base de viande fraîche, le prix a même baissé. Mais Calum Heffernan augure que cette «économie» pourrait  être absorbée par des dépenses surprises liées aux futures commandes au Royaume-Uni.

Les chaînes de supermarchés moins impactées?

Les grandes chaînes de supermarchés au Luxembourg semblent être moins touchées. Cactus a déclaré qu’il y avait eu quelques retards au début, mais que le Brexit n’avait pas eu d’autres répercussions sur les affaires. Un porte-parole de Delhaize au Luxembourg et en Belgique a commenté par e-mail que «pour le moment, il n’y a pas d’impact sur nos activités».

Aucun des deux supermarchés n’a indiqué la quantité de marchandises qu’ils commandent au Royaume-Uni ou via le Royaume-Uni, ni s’ils avaient retiré des articles de leurs rayons ou augmenté les prix à cause du Brexit.

Les problèmes douaniers post-Brexit ne se limitent pas seulement à l’alimentation. La chaîne de librairies Ernster a déclaré qu’elle n’achète des livres au Royaume-Uni que lorsqu’elle ne peut pas s’approvisionner auprès de ses fournisseurs allemands et belges. Depuis le 1er janvier 2021, des frais douaniers ont été ajoutés.

L’augmentation des coûts est surveillée

«La facturation des livres et des services n’est plus calculée sur les prix sans TVA britannique, mais sur la valeur brute incluant la TVA britannique», a déclaré Marc Janeczek de la librairie Ernster. «De plus, les livraisons doivent être traitées par les douanes luxembourgeoises, ce qui entraînera un délai de livraison plus long.» Cela signifie un délai supplémentaire d’au moins une semaine pour les livres qui mettent normalement deux à six semaines à arriver.

Le magasin surveille l’augmentation des coûts et avertit qu’il devra les répercuter sur les consommateurs à l’avenir «pour garantir que la vente de livres anglais puisse se poursuivre sur une base économique saine. Mais nous essayons de maintenir les prix aussi bas que possible sur le plan économique», a déclaré M. Janeczek.

Dans une enquête menée par les Chambres de commerce britanniques entre le 18 et le 31 janvier 2021, la moitié des exportateurs et des fabricants ont indiqué avoir des difficultés à s’adapter aux nouvelles règles dans le cadre de l’accord commercial UE-Royaume-Uni.

Le Royaume-Uni était le sixième partenaire commercial du Luxembourg en 2019, selon les dernières données du Statec, avec des exportations d’une valeur de 536,6 millions d’euros et des importations d’une valeur de 417,1 millions d’euros échangés.

Pour les services, le Royaume-Uni s’est classé deuxième, derrière l’Allemagne, avec 17,6 milliards d’euros d’exportations et 12,5 milliards d’euros d’importations, en grande partie grâce aux centres de services financiers de Londres et de Luxembourg.