Malgré la demande des syndicats, le gouvernement ne compte pas imposer le masque dans les écoles pour le moment et fait confiance aux acteurs du terrain. (Photo: Shutterstock)

Malgré la demande des syndicats, le gouvernement ne compte pas imposer le masque dans les écoles pour le moment et fait confiance aux acteurs du terrain. (Photo: Shutterstock)

Faut-il rendre le masque obligatoire en classe? Revenir à certains cours à distance? Plusieurs professeurs luxembourgeois témoignent de leurs souhaits et des difficultés à enseigner en cette période de crise sanitaire.

«Monsieur le Ministre, arrêtez la fanfare! Prenez vos responsabilités avant qu’il ne soit trop tard», écrivait dimanche la Féduse, dans un communiqué de presse. Le syndicat des enseignants critique le manque de mesures dans l’éducation. Il demande notamment que le port du masque soit généralisé en classe, ou que certains cours puissent s’effectuer à distance. Le SNE demandait de son côté, quelques jours plus tôt, une prise de température à l’entrée, et l’OGBL, un investissement dans les systèmes de ventilation purifiant l’air, alors que les professeurs sont obligés d’aérer les salles de classe.

Désinfection avant et après le passage au tableau

À l’École européenne de Luxembourg, au Kirchberg, le masque est déjà obligatoire. Une décision prise par la direction, selon Muriel Prinz, professeure de français dans l’établissement. «Moi, je le vis plutôt bien pour l’instant», témoigne-t-elle. Elle enseigne à des élèves de 12 à 17 ans, parfois 28 par classe. «Il y a quand même une évidente promiscuité. Sincèrement, ils ne sont pas à un mètre les uns des autres.» Selon elle, certains rechignent à porter le masque en le laissant uniquement sur leur bouche, mais ce sont des cas isolés.

La principale difficulté: continuer à rendre le cours vivant malgré tout. Pour cela, elle n’a pas arrêté de les faire passer au tableau. «Ils se désinfectent les mains avant et après.» La professeure se dit vigilante. «Je me désinfecte les mains à chaque fois que je distribue les copies ou que je les corrige dans le train. Je change mon masque toutes les 4 heures», illustre-t-elle.

Portes et fenêtres restent ouvertes presque toute la journée. Cela ne pose pas de problème à sa classe, puisque «le chauffage va», même si la planète n’en dira pas autant.

Revenir à des cours à distance ne semble en tout cas pas la meilleure solution. Elle a eu la désagréable impression pendant le confinement de «laisser sur le carreau» certains élèves pour lesquels elle ne pouvait pas assurer de suivi, qui, par exemple, ne se levaient pas chaque matin. En classe, «il y a davantage d’interactions».

Le problème de l’absentéisme

Bob Heymans, professeur de mathématiques au Lycée Josy Barthel, à Mamer, ne partage pas son point de vue: «Une grande difficulté est celle des absences: jusqu’à présent, je n’ai pas vécu une seule semaine de cette année où mes classes étaient complètes. Ceci fait que chaque devoir en classe, par exemple, doit être programmé de multiples fois, mais surtout, ceci mène du côté des élèves à un retard considérable, et ainsi, on peut vraiment se demander si un vrai enseignement est actuellement possible, ou en tout cas à quel prix», s’interroge-t-il. Pour lui, le gouvernement devrait mettre en «home schooling» les classes où il y a eu un cas positif, comme c’est le cas dans son école, ou recourir pendant quelques semaines à une alternance groupe A/groupe B, «au moins au niveau supérieur».

Ce qui améliorerait le confort des élèves. Les professeurs doivent laisser les fenêtres en oscillo-battant durant les leçons pour aérer la salle. Conséquence: «Beaucoup d’élèves viennent à l’école en portant des vestes, voire en amenant des couvertures.»

Lui s’occupe d’élèves de 4e, 3e, 2e et 1re cette année. Le port du masque est obligatoire dans son établissement. Il regrette que ce ne soit pas le cas partout. «Il est fatigant de parler à voix haute à un public en portant un masque pendant des heures.» Il admet même avoir trouvé les règles contraignantes et exagérées au départ. «Mais, au vu de l’évolution des nombres, je pense que, malheureusement, ces mesures sont nécessaires, et donc justifiées», pense-t-il aujourd’hui.

Recruter des professeurs

«On pourrait envisager le port du masque», confirme Patrick Remakel, instituteur à l’école d’Hesperange pour des enfants de 6 à 12 ans venus de l’étranger, même s’il n’est pas sûr que la pratique devienne naturelle chez les plus jeunes. De même pour les cours à distance, difficiles avec les plus petits.

Il demande plutôt à ce que le gouvernement fournisse des appareils afin de prendre la température à l’entrée et renvoyer chez lui l’élève qui aurait de la fièvre, pour éviter toute contamination. Surtout, «il faudrait trouver des salles plus grandes ou diviser les classes par deux en recrutant plus de personnel», songe-t-il. L’enseignant se retrouve souvent en difficulté face aux questions des parents: «Ils attendent des réponses de notre part.» Par exemple, certains se plaignent parce que leurs enfants sont trop proches de la fenêtre.

Interrogé par RTL lundi soir et par 100,7 mardi matin, le ministre de l’Éducation nationale,  (DP), a indiqué qu’il n’y aurait pas pour le moment de prolongement des vacances de la Toussaint ou de port du masque obligatoire dans les écoles. Il dit faire confiance aux acteurs sur le terrain. Il a cependant exprimé ses inquiétudes quant au transport scolaire et annoncé qu’il voulait soumettre une loi pour recruter davantage de professeurs, en simplifiant les conditions de recrutement, les remplaçants ne devant par exemple pas forcément avoir fait de stage.