Le Mudam présente l’exposition «Enfin seules», réalisée en collaboration avec la collection Archive of Modern Conflict. (Photo: Rémi Villaggi)

Le Mudam présente l’exposition «Enfin seules», réalisée en collaboration avec la collection Archive of Modern Conflict. (Photo: Rémi Villaggi)

L’exposition «Enfin seules, photographies de la collection Archive of Modern Conflict» du Mudam, dans le cadre du Mois européen de la photographie, est d’une incroyable fraîcheur et d’un dynamisme qui fait vraiment du bien. Paperjam vous explique pourquoi.

La base de cette exposition est un fonds photographique hors norme, atypique et passionnant. La collection Archive of Modern Conflict a été créée en 1992 à Londres par Timothy Prus et se décrit comme étant «dépositaire des histoires perdues et oubliées que recèle la production photographique passée». Un peu archive, mais surtout laboratoire exceptionnel, elle couvre, à travers un ensemble de plus de 8 millions d’images, des sujets très variés.

Pour l’exposition «Enfin seules» présentée au Mudam, la sélection s’est concentrée autour du thème du monde végétal pour répondre à la thématique générale de la huitième édition du Mois européen de la photographie, «Rethinking Nature/Rethinking Landscape», à l’occasion de laquelle elle est organisée.

Le plaisir de la diversité

Les images sont certes historiques, mais leur présentation et l’approche curatoriale sont définitivement contemporaines. Oubliez le white cube: les murs sont recouverts de papiers peints imprimés de photos aux motifs de fleurs et de plantes dont l’échelle dépasse la taille humaine. Au-dessus de cette première lecture de photos au format architectural, les images sélectionnées sont accrochées de manière libre sur le mur: très haut, très bas, centrées, en groupes, isolées… L’œil ne cesse de faire des allées et venues entre les échelles et les dispositions sur le mur, rendant le parcours de la visite dynamique et ludique.

Quant au contenu, il est lui aussi tout autant varié et captivant. Tout d’abord d’un point de vue technique, puisque sont accrochés des tirages classiques, mais aussi des polaroïds, des cyanotypes, des négatifs, des solarisations… Les sujets, bien que tous dans le même registre, celui du monde naturel et végétal, proposent également une variété d’approches: des représentations de fleurs, de plantes, d’arbres, mais aussi de phénomènes naturels comme des aurores boréales ou des passages de comètes. Les échelles changent du micro au macro, toutes les époques, du 19e siècle à aujourd’hui, sont représentées, tout comme les origines sont extrêmement variées. Quand on regarde plus attentivement les cartels, on identifie quelques noms célèbres (Brassaï, Charles Nègre, Lee Miller, Willy Ronis, Graham Sutherland), mais aussi une belle flopée d’inconnus, créateurs de ces images provenant indifféremment des univers de la science, de la botanique, de l’astronomie, des mathématiques ou encore de la peinture.

Un monde déserté

 Le titre s’explique comme étant la parole des plantes, heureuses de se retrouver dans un monde enfin déserté de toute présence humaine ou animale. L’homme n’est pas représenté directement, mais il est pourtant pleinement présent dans cette relation au monde, au végétal, à l’univers naturel. Ces photos hybrides, loin des canons traditionnels, témoignent d’une incroyable curiosité humaine et d’une ouverture d’esprit forte.

Au cœur de ce parcours immersif, les commissaires Timothy Prus et Michelle Cotton ont souhaité recréer une «caverne», qui, dans ce que l’on pourrait lire comme un clin d’œil à Platon, présente des images accrochées à l’envers, des négatifs, tout un monde mystérieux et inconnu de nous, accompagné par une bande son qui n’est autre que «le bruit des plantes qui poussent, un son entre musique électro et film d’horreur» a confié, non sans une touche d’humour anglais, Timothy Prus.

L’exposition est complétée par un programme culturel qui s’appuie sur la richesse et la poésie de cet accrochage, dont tous les détails sont repris .

«Enfin seules, photographies de la collection Archive of Modern Conflict», jusqu’au 19 septembre, au Mudam.