L’Américain Ed Lu, trois vols dans l’espace, pour une photo de groupe dans la bonne humeur. (Photo: Nader Ghavami)

L’Américain Ed Lu, trois vols dans l’espace, pour une photo de groupe dans la bonne humeur. (Photo: Nader Ghavami)

Les astronautes invités au Luxembourg dans le cadre de l’Asteroid Day ont fait salle comble à deux reprises, samedi au Cercle Cité. Le soir, lors du dîner de gala, mais surtout l’après-midi, pour deux heures d’autographes, de questions et d’anecdotes.

Le soleil cogne sur la place d’Armes. Mais ce n’est pas pour échapper à la chaleur que le hall du Cercle Cité est noir d’une foule colorée et piailleuse, ballons en mains et impatience palpable. Quand les portes s’ouvrent peu après 13h30, un essaim d’enfants et de parents grimpe les marches vers le premier étage et les trois astronautes quatre à quatre.

Face à la légende Rusty Schweickart, beaucoup de jeunes enfants étaient très impressionnés. (Photo: Nader Ghavami) 

Face à la légende Rusty Schweickart, beaucoup de jeunes enfants étaient très impressionnés. (Photo: Nader Ghavami) 

Des enfants de 7 à 77 ans. Les plus âgés se mettent directement dans la file de Rusty Schweickart, celle de droite dans la grande salle, «armés» de leurs livres ou photos pour une dédicace.

À 83 ans, l’ingénieur aéronautique est une légende. Rusty Schweickart, David Scott et James McDivitt décollent du célèbre pad 39A – actuellement occupé par SpaceX et d’où a été lancé le satellite luxembourgeois GovSat-1 – à bord d’une Saturn V pour un vol de dix jours dans le cadre de la mission Apollo 9.

13 mars 1969, les Américains ont récupéré les trois astronautes d’Apollo 9, dont Rusty Schweickart ici à droite. Son seul vol dans l’espace. (Photo: Nasa)

13 mars 1969, les Américains ont récupéré les trois astronautes d’Apollo 9, dont Rusty Schweickart ici à droite. Son seul vol dans l’espace. (Photo: Nasa)

«C’était un véhicule incroyable», se souvient Schweickart, alors victime de nausées les deux premiers de ces dix jours qui allaient perturber le bon déroulement des tests que les trois Américains devaient mener. Depuis, l’Américain évangélise à chaque occasion, avec un grand sourire, sur l’importance d’étendre l’humanité dans l’espace.

, Neil Amstrong allait poser le premier pied humain sur la Lune.

À l’école, on a appris qu’on vivait dans la voie lactée et moi, j’aime beaucoup le lait. Ça m’intéresse de le voir!

Natalie

Natalie, 7 ans, a pris la file du Roumain Dorin Prunariu, venu avec sa veste officielle. «À l’école, on a appris qu’on vivait dans la Voie lactée et moi, j’aime beaucoup le lait. Ça m’intéresse de le voir!» Sa sœur Alessia, 10 ans, répond très sérieusement qu’elle apprend l’espace.

C’est un SMS d’un de leurs professeurs à leurs parents, d’origine roumaine et installé au Luxembourg, qui a amené toute la famille ici. «Le professeur nous a dit qu’ils en avaient parlé à l’école cette semaine et que cela avait beaucoup intéressé les enfants. Il nous avait mis des liens sur l’espace et sur la journée», raconte la maman.

Au-delà de la fierté de pouvoir échanger quelques minutes avec un cosmonaute de son pays, le papa, lui, ne dirait pas non à un voyage dans l’espace. «Il faut évidemment que la technologie progresse et que les prix baissent beaucoup. Mais pourquoi pas, oui.»

«Ils pensaient les voir avec leurs fusées!»

Ex-officier de l’armée de l’air roumaine et ex-président de l’Agence spatiale roumaine, Prunariu a lui aussi passé une dizaine de jours dans l’espace, en mai 1981, à bord du Soyouz 40 russe et du laboratoire Saliout 6. À ses côtés au Cercle Cité, son épouse immortalise sa rencontre avec les enfants.

D’autres font une drôle de tête, la mine renfrognée. «Ils pensaient les voir avec leurs fusées et en tenue. On a dû leur dire qu’ils ne travaillaient pas cet après-midi», sourient leurs mamans. Mais ils n’en font pas un drame pour autant. L’Agence spatiale luxembourgeoise et l’Asteroid Foundation ont mis sur pied une série d’activités qui font très vite le plein.

À l'atelier de la SES, de petits dessinateurs concentrés. (Photo: Nader Ghavami)

À l'atelier de la SES, de petits dessinateurs concentrés. (Photo: Nader Ghavami)

Un atelier de dessins et d’activités avec la SES, une visite d’une vingtaine de minutes d’un planétarium gonflable pour apprendre à reconnaître les étoiles et les planètes dans le ciel ou un stand de Redbubble. La plate-forme de vente d’art amateur et de goodies associés a eu une idée maligne: monter un studio photo où petits (et parfois grands) peuvent enfiler des tenues d’astronautes et repartir avec la photo.

Au stand de Redbubble, enfiler une combinaison de cosmonaute et poser pour la postérité. Un stand très prisé. (Photo: Nader Ghavami)

Au stand de Redbubble, enfiler une combinaison de cosmonaute et poser pour la postérité. Un stand très prisé. (Photo: Nader Ghavami)

Susciter des vocations

L’atelier du Science Center de Differdange affiche complet: Jean-Paul Gilles apprend aux enfants et à leurs parents à réaliser un petit télescope. 

Dans la grande salle, la circulation devient aussi compliquée qu’un jour de départ de vacances estivales. Le physicien américain Ed Lu, trois séjours dans l’espace, dont une sortie en 2000 pour construire une partie de la Station spatiale internationale et six mois dans cette même station en 2003, prend le temps de dédicacer ses photos et de répondre aux questions des enfants et des parents. Mais tout le monde patiente dans la bonne humeur.

Pour les organisateurs, il s’agit de susciter des vocations, d’amener ces enfants à s’orienter, plus tard, vers des filières techniques et embrasser une carrière dans cette industrie spatiale en plein développement au Luxembourg depuis le lancement de l’initiative du ministre de l’Économie .