Ce mardi 7 mai 2024, la Chambre des métiers a présenté l’évolution conjoncturelle et structurelle de l’artisanat, avec un focus sur la thématique du développement durable. Le secteur est frappé par une tendance négative, avec des pressions économiques accrues à court terme et des perspectives mitigées. «Depuis le deuxième trimestre 2022, l’indice de conjoncture du secteur artisanal dans son ensemble a chuté lourdement, passant de +9 à -18 points», note l’institution. Parmi les activités relevant de l’artisanat, la construction est tout particulièrement touchée, «avec des prévisions particulièrement pessimistes indiquant un solde prévisionnel de -24 points pour le deuxième trimestre 2024, soulignant une persistance de la tendance baissière pour le secteur».
Des difficultés qui se reflètent sur la situation économique des entreprises artisanales. Pour deux tiers d’entre elles, «la croissance nominale du chiffre d’affaires ne parvient pas à surpasser l’inflation», ce qui aura une lourde incidence sur leur chiffre d’affaires. La Chambre des métiers indique qu’«environ 93% des entreprises artisanales anticipent une stagnation ou une baisse de leur chiffre d’affaires pour l’année 2024, mais 44% des entreprises signalent également une diminution de leur rentabilité, les petites entreprises étant particulièrement touchées. Cette situation a contraint 68% des entreprises à puiser dans leurs réserves financières, exacerbant davantage la pression économique sur le secteur.»

L’utilisation des réserves financières des entreprises artisanales. (Graphique: Chambre des métiers)
Forcément, l’emploi est impacté et «environ un quart des entreprises envisagent de réduire leur effectif, ne remplaçant par exemple pas les départs». Sachant qu’entre 2022 et la mi-2023, l’artisanat a connu un rythme de croissance ralenti avec moins d’emplois créés en comparaison avec la moyenne sur la période 2014-2023. La construction a même subi une perte de plus de 2.000 salariés entre juin et décembre 2023.
Concernant l’évolution structurelle du secteur, la chambre professionnelle constate un «désir d’entreprendre de la part des créateurs dans des activités accessoires (post-Covid) ou des demandeurs d’emploi», un «effort de diversification de chefs d’entreprises d’autres secteurs qui créent une entreprise dans l’artisanat», ainsi que «l’intérêt de personnes étrangères confrontées à des difficultés sur leurs propres marchés et qui s’établissent comme artisans au Luxembourg». Pour celui qui est à la tête de la Chambre des métiers, , il y a ici une «accentuation de la concurrence sur un marché national sous pression, marqué par une demande moindre», ce qui pourrait «créer des perturbations supplémentaires à terme».

Les freins à la transition vers le développement durable, selon les entreprises artisanales. (Graphique: Chambre des métiers)
Le président considère que «l’engagement envers le développement durable et la diversification des activités sont cruciaux pour assurer la résilience et l’évolution future du secteur». Aussi, en réponse à «la demande croissante de solutions innovantes, notamment au niveau environnemental, social et de gouvernance, la moitié des entreprises indiquent avoir intégré des pratiques durables dans leur fonctionnement quotidien». Mais cela ne suffira pas, selon la Chambre des métiers, qui considère que les défis à relever restent nombreux. Le coût initial élevé de mise en œuvre des technologies durables est un obstacle majeur pour 51% des entreprises artisanales et les bénéfices ressentis après la mise en place d’initiatives durables sont «principalement de nature réputationnelle et de satisfaction morale». De plus, «bien que l’intérêt pour des produits et services durables augmente, la demande des clients n’est pas encore suffisamment forte pour garantir un retour sur investissement rapide».
Pour conclure, la chambre professionnelle propose plusieurs pistes de mesures pour encourager et faciliter l’engagement des entreprises artisanales du Luxembourg dans le développement durable. Ces propositions consistent en «l’élargissement des régimes d’aides existants en les orientant davantage vers les thématiques clés du développement durable», le «renforcement de l’information, de l’accompagnement et de la sensibilisation des entreprises artisanales en lien avec la directive européenne CSRD» et le lancement «d’une campagne de promotion des entreprises durables auprès du grand public».