Jean-Yves Leborgne, discretionary portfolio manager, ING Luxembourg. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Jean-Yves Leborgne, discretionary portfolio manager, ING Luxembourg. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Les marchés financiers et l’économie mondiale sont sous l’emprise d’un terrible choc qui ne s’arrête pas aux frontières et ne peut être dompté ni par des mots ni par des négociations: le Covid-19.

 Son apparition survient à un moment où l’économie mondiale était sur le point de reprendre du poil de la bête grâce à la première phase de l’accord conclu entre les États-Unis et la Chine, et à une baisse généralisée des stocks à la fin 2019.

Au lieu de cela, le virus, avec son impact sur les économies et les marchés, pose un risque inconnu et sans précédent. Les prévisions économiques sont dès lors entourées d’encore plus d’incertitudes que la normale.

Non seulement les gouvernements prennent des mesures sans précédent pour ralentir la propagation du virus, mais ils ont également commencé à annoncer des mesures de soutien fiscal, telles que des programmes de chômage partiel, des aides à la liquidité des entreprises et des prêts. Aux États-Unis, le président Trump a déclaré une urgence nationale et a invoqué la loi Stafford, qui donne accès à des fonds supplémentaires.

La situation dans de nombreux pays européens ressemble de plus en plus à une urgence nationale et le nombre de pays européens qui annoncent des mesures de confinement augmente de jour en jour. L’impact économique de tous ces événements et mesures est encore incertain. Beaucoup dépendra de la durée de ces confinements.

Les changements de comportement des consommateurs, les entreprises souffrant de perturbations de la chaîne d’approvisionnement et le brusque tarissement de la demande laisseront des traces profondes dans les économies. La survie des petites et moyennes entreprises et du secteur des services – il suffit de penser aux hôtels, aux restaurants, aux organisateurs d’événements, aux artistes, aux indépendants et à bien d’autres encore – sera menacée.

L’assombrissement des perspectives économiques a également contribué à abaisser les anticipations d’inflation à moyen terme à des niveaux historiquement bas, en zone euro comme aux États-Unis.
Jean-Yves Leborgne

Jean-Yves Leborgnediscretionary portfolio managerING Luxembourg

Bien qu’elle soit de nature complètement différente, la crise actuelle pourrait avoir un impact économique similaire à celui de la crise de 2008/2009.

Dans ces conditions d’incertitudes économiques et financières très soudainement accrues, la volatilité telle que mesurée par le VSTOXX est remontée à des niveaux inobservés depuis la crise de 2009. Au vu de la contraction des cours – les actions mondiales ont perdu plus de 25% (en euros) depuis leur sommet de février –, le marché boursier a d’ores et déjà intégré le fait que les entreprises ne vont vraisemblablement pas pouvoir échapper à une baisse significative de leurs bénéfices. S’agissant des valeurs bancaires européennes, on observe que les décisions prises par les banques centrales n’ont pas évité pour l’heure une chute des cours.

Sans surprise, l’aversion au risque s’est traduite, sur le marché du crédit, par une remontée des indices CDS en Europe. L’assombrissement des perspectives économiques a également contribué à abaisser les anticipations d’inflation à moyen terme à des niveaux historiquement bas, en zone euro comme aux États-Unis.

De même, les taux souverains à 10 ans ont pour certains touché des niveaux historiquement bas, notamment le 9 mars aux États-Unis (0.54%), en Allemagne (-0.86%) et en France (-0.38% le même jour). En revanche, frappée économiquement par le Covid-19, l’Italie a vu les BTP (taux 10 ans à environ 2%) fortement sous-performer.

Même si l’histoire nous apprend que succomber aux émotions est souvent préjudiciable dans une optique d’investissement à long terme, la prudence reste donc de mise.
Jean-Yves Leborgne

Jean-Yves Leborgnediscretionary portfolio managerING Luxembourg

Les marchés des changes n’ont pas été épargnés par les secousses. Au sein des devises du G10, les valeurs refuges (JPY et CHF) se sont logiquement appréciées contre USD, tandis que celles dépendantes du prix des matières premières (NOK surtout, mais aussi CAD et AUD notamment) se sont sans surprise repliées.

Même si l’histoire nous apprend que succomber aux émotions est souvent préjudiciable dans une optique d’investissement à long terme, la prudence reste donc de mise. Mais, pour autant que l’expérience des précédentes épidémies puisse servir de guide, on peut s’attendre à ce que, lorsque la pandémie de Covid-19 aura atteint son pic et que la mise en quarantaine de l’économie sera levée, les marchés retrouvent de leur allant.

En conséquence, il vaut mieux privilégier les actions de qualité qui affichent une croissance du chiffre d’affaires et des bénéfices stables, ainsi qu’un rendement sur fonds propres supérieur à la moyenne. De même, dans un souci de diversification, les valeurs refuges que sont les obligations publiques et privées de bonne qualité, ainsi que l’or, restent incontournables.