La série avait attiré plus d’un million et demi de téléspectateurs sur RTL. (Photo: Capitani/Samsa Film)

La série avait attiré plus d’un million et demi de téléspectateurs sur RTL. (Photo: Capitani/Samsa Film)

«Capitani», la production luxembourgeoise qui avait fait un carton d’audience sur RTL, sera diffusée mondialement à partir du 11 février sur la plateforme américaine Netflix. Un joli coup, raconté par son producteur, Claude Waringo (Samsa Film).

Lundi a forcément été un jour spécial pour le réalisateur luxembourgeois Christophe Wagner. Alors que les deux épisodes qu’il avait réalisés pour la série belge «Unité 42» étaient diffusés en soirée à la télévision française sur France 2, l’après-midi, une info avait fuité sur les réseaux sociaux: «Capitani», la série qu’il a réalisée et co-écrite (avec Thierry Faber et Éric Lamhène), sera diffusée sur Netflix à partir du 11 février.

«On peut dire que c’était un peu ma journée», sourit le réalisateur de 46 ans. «Comment ne pas être fier de voir ‘Capitani’ se retrouver ainsi sur une telle plateforme! Quand on voit d’où nous sommes partis, avec la création de cette première série dramatique tournée au Luxembourg en luxembourgeois.» Une série qui avait fait un carton voici une grosse année, réunissant sur les antennes de RTL plus d’un million et demi de téléspectateurs (en comptant les replays).

Une diffusion mondiale

Le nombre de ses adeptes va forcément prendre encore davantage d’ampleur dans les prochaines semaines. Le géant américain ayant ainsi acheté les droits de la saison 1 pour une diffusion mondiale. Ce qui représente un total de 190 pays et 195 millions d’abonnés à travers le monde. Loin, très loin même, des débuts.

«Dans un premier temps, nous avions en tête de produire une série qui fonctionne sur le marché luxembourgeois. Ce qui n’était pas forcément simple dans la mesure où nous étions un peu des pionniers», explique (Samsa Film), qui a coproduit «Capitani», avec l’aide du Film Fund Luxembourg. «On se demandait comment attirer le public luxembourgeois et parvenir à ce qu’il ne nous lâche plus jusqu’à la fin du dernier épisode. Au cinéma, on l’avait déjà fait, avec le succès de ‘Superjhemp Retörns’. Mais la télévision, c’est différent. Alors quand nous avons vu les premiers chiffres d’audience, nous avons été abasourdis. La mission était accomplie.»

C’est alors qu’une autre perspective s’est insinuée dans la tête du producteur: voir plus grand, à l’international! «La Belgique avait pris un peu d’avance sur nous en matière de séries. Et en voyant que des productions belges francophones, comme ‘Unité 42’ ou ‘La Trêve’, ont réussi à se frayer un chemin jusqu’aux télévisions françaises, voire Netflix pour la deuxième citée, on s’est dit: ‘Pourquoi pas nous?’»

Netflix, le premier choix

Une télévision allemande a alors effectué les démarches, afin de diffuser la série luxembourgeoise «online». Mais la production de «Capitani» avait déjà une autre cible en vue: le géant Netflix. Ni plus ni moins. C’est là qu’ils ont été frapper à la porte en premier. «D’habitude, pour un film, on passe par un ‘sales agent’, un vendeur, pour le distribuer à l’international. Le succès assez énorme de notre série au Luxembourg a un peu fait le tour d’Europe chez les professionnels. Mais ici, on a senti que l’effort devait venir de nous. Que personne ne serait vraiment intéressé par une production 100% luxembourgeoise…», continue Claude Waringo.

Chez Netflix, on n’avait pas vu «Capitani» avant que le producteur ne se déplace à Amsterdam, afin de rencontrer l’acquéreur en chef de la plateforme. «Ils ont regardé et ont décidé que ce qu’on proposait possédait apparemment suffisamment de qualités pour rejoindre la grande famille de Netflix.» Et ses blockbusters «La Casa de Papel», «Stranger Things», «The Crown»…

Un paiement forfaitaire

«Quand ils nous ont dit oui, cela a été un moment très fort émotionnellement. Cela fait 30 ans que je suis producteur. J’ai accompagné des films comme ‘La Promesse’ des frères Dardenne ou ‘Une Liaison pornographique’ de Frédéric Fonteyne dans des festivals comme Cannes ou Venise. Mais sur le plan personnel, cette annonce est le plus grand moment de ma carrière. On doit tout aux qualités de cette série. J’ai l’impression d’avoir un peu aidé le cinéma luxembourgeois à avancer.» Tournée entièrement en luxembourgeois, la série qui raconte l’histoire du policier Luc Capitani a déjà été doublée pour l’occasion en français, allemand et anglais. Et d’autres langues devraient suivre.

Pour avoir une réaction de la part de Netflix, il faut se tourner vers le communiqué transmis ce mardi par Samsa Film. On peut y lire une déclaration de Kai Finke, directeur des acquisitions et des coproductions: «‘Capitani’ est bien réalisée et passionnante; bien que ce soit une histoire locale, nous sommes à peu près certains qu’elle résonnera également auprès d’un public international. Les grandes histoires peuvent vraiment se dérouler n’importe où et je suis ravi que nos abonnés puissent bientôt découvrir, pour la toute première fois, une série policière à succès made in Luxembourg!»

L’opérateur américain aimant verrouiller comme il le faut sa communication, impossible de savoir combien il a déboursé pour «Capitani». Ni d’ailleurs comment se sont passées les négociations. À peine peut-on apprendre que le paiement est forfaitaire et non lié au nombre de streams générés.

La saison 2 va commencer

On en a, par contre, appris un peu plus sur la saison 2 de la série, dont le tournage débutera à la mi-mars. Pour une durée de 12 semaines, en espérant que la crise sanitaire ne vienne pas tout chambouler… Si l’intrigue de la saison 1 se déroulait dans le nord du pays, le deuxième volet prendra, lui, place au cœur de la ville de Luxembourg et notamment dans le quartier de la gare. Le tout pour une diffusion en février 2022 sur RTL et un budget évoluant dans les mêmes eaux que la première saison, soit entre trois et quatre millions d’euros.