Marc Angel a rejoint le Parlement européen à l’issue des élections du 26 mai 2019. (Photo: Mike Zenari/Archives/Maison Moderne)

Marc Angel a rejoint le Parlement européen à l’issue des élections du 26 mai 2019. (Photo: Mike Zenari/Archives/Maison Moderne)

Pour cet «été pas comme les autres», Paperjam a donné la parole à 10 personnalités luxembourgeoises engagées au niveau européen, afin qu’elles livrent leur analyse des défis qui attendent l’Union européenne. Cette semaine, Marc Angel, eurodéputé S&D (LSAP), s’est prêté au jeu.

Au-delà de la seule transition énergétique appelée de ses vœux par la Commission européenne en début de mandat, les défis sociaux, démocratiques et technologiques sont aujourd’hui à mettre à l’avant-plan du projet européen.

Il nous faut un projet ambitieux, qui impose à la fois une transformation de nos habitudes de vie et la modernisation de notre économie tout en préservant nos acquis sociaux et en accompagnant nos concitoyens et nos industries vers une transition juste et soutenable à l’ère du numérique.

Pour y parvenir, des moyens suffisants devront être mis sur la table. La Commission européenne a déjà proposé un plan de 1.000 milliards d’euros pour assurer la neutralité carbone à l’horizon 2050, mais nous devons faire plus, et plus vite.

Nous devons rechercher de nouvelles ressources propres à l’Union européenne pour éviter que le coût de la transition ne soit imputé aux citoyennes et citoyens européens.

La taxation du plastique non recyclable, la taxation sur les transactions financières (TTF), la taxation juste des Gafa ou encore la mise en place d’une assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés (Accis) sont autant de moyens pour y parvenir.

Il est grand temps d’investir massivement dans le capital humain.
Marc Angel

Marc Angeleurodéputé S&DParlement européen

Par ailleurs, l’Europe doit changer de cap. Les crises successives de ces dernières années se sont en effet révélées désastreuses pour les citoyennes et citoyens européens, laissant apparaître des régimes à bout de souffle.

Il est grand temps d’investir massivement dans le capital humain. Et quel meilleur interlocuteur pour y parvenir que les partenaires sociaux qui sont au cœur de notre main-d’œuvre.

L’Europe peut également soutenir cette approche en servant de levier pour des investissements publics.

Les fonds de cohésion devront ainsi participer activement à la transition de notre modèle actuel vers un modèle soutenable sur les plans social et environnemental, tandis que les investissements publics contribuant à la neutralité carbone et au développement social devront, quant à eux, être exclus du calcul de la dette des États, afin de ne pas plomber les économies européennes les plus fragiles.

Nous devrons également créer des emplois qui conduisent à cette transition et former les travailleuses et travailleurs en conséquence. La transition numérique sera ainsi au cœur de cette action.

L’accès à un réseau de connexion wifi de qualité est aujourd’hui indispensable en Europe. Le numérique et ses apprentissages sont essentiels au développement de nouvelles compétences sur le marché de l’emploi, raison pour laquelle nous appelons de nos vœux une augmentation des fonds européens actuellement alloués à la formation des jeunes, ainsi qu’une redistribution de ceux-ci à la formation aux nouveaux outils technologiques.

Nous devons garantir plus de transparence dans la gestion des affaires courantes européennes.
Marc Angel

Marc Angeleurodéputé S&DParlement européen

Nous devons, en outre, garantir l’acceptabilité de cette transition auprès de tous les citoyens et citoyennes européens, et plus particulièrement des personnes les plus vulnérables.

Le renforcement du dialogue social et la mise en place de nouveaux mécanismes de protection sociale seront nécessaires pour accompagner les plus vulnérables vers la transition. Le salaire minimum européen et la concrétisation du socle européen des droits sociaux seront les garants de ce succès, tandis que le Semestre européen sera chargé de mettre en musique cette transition.

Actuellement chargés de la coordination des politiques nationales en matière économique et sociale, nous plaidons pour une réforme globale du Semestre européen, où les enjeux sociaux et environnementaux seront mis sur un même pied d’égalité que les enjeux économiques.

Plus encore, nous plaidons pour un renforcement de l’État de droit en Europe. Il est en effet crucial de restaurer la confiance des citoyennes et citoyens européens en nos institutions.

Pour ce faire, nous devons garantir plus de transparence dans la gestion des affaires courantes européennes et assurer une participation accrue du Parlement européen dans la mise en œuvre du Semestre européen.

Il est également crucial de faire respecter les droits fondamentaux auxquels chaque État membre a souscrit. Or, nous constatons actuellement des violations flagrantes de ces valeurs de la part de certains partenaires européens, alors qu’ils bénéficient généreusement de fonds européens.

C’est pourquoi nous plaidons pour un nouveau pacte démocratique, dont le principe de conditionnalité sera la pierre angulaire. En effet, suspendre l’allocation des fonds européens dans les pays où les droits fondamentaux ne sont pas respectés doit devenir une règle d’or en Europe; à charge pour le Semestre européen de s’imposer comme un outil d’alerte à l’attention de tous les partenaires européens.

La transition sera ainsi marquée d’un cœur rouge qui se veut progressiste et à dimension humaine.