Le 10 mars, la Chambre de commerce britannique a célébré la Journée internationale des droits des femmes en organisant un entretien inspirant avec Christine Majerus, la cycliste la plus titrée du Luxembourg. Cet événement, fidèle à la tradition de la BCC de mettre en avant des femmes exceptionnelles au Luxembourg, a permis d’éclairer les défis et les réussites des femmes dans le cyclisme professionnel et au-delà.

Le combat invisible du cyclisme féminin

Christine Majerus a captivé le public en testant ses connaissances sur les cyclistes féminines – un rappel frappant de la faible représentation du cyclisme féminin dans les médias traditionnels. Malgré leur talent et leur détermination, les femmes de ce sport luttent toujours pour la visibilité et une reconnaissance équitable. Elle a souligné la disparité persistante entre le cyclisme masculin et féminin. «Jusqu’à récemment, les femmes n’avaient même pas de Tour de France», a-t-elle remarqué. Les inégalités financières perdurent également: alors que des salaires minimums ont été introduits dans le cyclisme féminin il y a seulement quelques années, les femmes gagnent encore nettement moins que leurs homologues masculins. Toutefois, la championne a insisté sur le fait que la plus grande différence n’est pas le talent,  c’est l’opportunité.

Les parallèles entre le sport et le monde des affaires

Christine Majerus a établi des parallèles pertinents entre le sport professionnel et le monde des affaires, soulignant le besoin commun de résilience, de prise de décisions stratégiques et d’esprit d’équipe. Le succès n’est jamais acquis, contrairement aux défis, toujours présents. Revenant sur son parcours, elle a rappelé que remporter le Tour de France féminin était la victoire de toute une équipe. Le cyclisme, tout comme le monde professionnel, exige confiance, patience et leadership. Les dirigeants dans ces deux univers doivent comprendre que le succès repose avant tout sur une collaboration solide.

Surmonter les obstacles : un parcours personnel

Christine Majerus n'avait jamais envisagé une carrière dans le cyclisme – elle voulait devenir enseignante, inspirée par ses parents. «On fait ce que l'on voit», explique-t-elle, soulignant comment l’absence de modèles féminins dans le cyclisme professionnel a retardé sa prise de conscience qu'elle pouvait sérieusement envisager ce sport. Elle avait initialement débuté par le triathlon avant de se tourner vers le cyclisme plus tardivement. «Parce que je ne le voyais pas, j'ai perdu des années.» Son conseil? Suivre son cœur, même lorsque ce choix ne semble pas logique. Lorsqu'elle s'est lancée dans le cyclisme, ce n’était pas financièrement intéressant, mais elle a persévéré par passion et détermination.

La force du travail d'équipe et du leadership

Même si une seule personne franchit la ligne d’arrivée en premier, c’est toute une équipe qui contribue à cette victoire. Derrière chaque athlète exceptionnel se cache un réseau de coéquipiers, d’entraîneurs, de proches et de sponsors. Sans effort collectif, la réussite individuelle est impossible. Le leadership, a-t-elle expliqué, repose sur la confiance, le respect et la communication. Un leader efficace ne se contente pas de donner des ordres – il écoute, valorise les membres de son équipe et crée un climat d’honnêteté et d’inclusion. «Les mots et les relations sont essentiels. Un simple ‘bien joué’ peut illuminer la journée de quelqu’un.»

Les défis auxquels font face les athlètes femmes

Le cyclisme féminin continue de souffrir d’un manque de reconnaissance et de sponsoring. La couverture médiatique reste minime, non pas parce que les cyclistes féminines manquent de talent, mais parce que le public ne les connaît tout simplement pas. Christine Majerus a dû activement défendre sa cause et celle de ses pairs, raconter son histoire et veiller à ce que les réussites des femmes dans le cyclisme ne passent pas inaperçues. Un autre enjeu majeur est celui de la sécurité. «Chaque fois que je monte sur mon vélo, je risque ma vie», explique-t-elle, évoquant les dangers liés au partage des routes avec les voitures. Contrairement aux cyclistes masculins, qui bénéficient souvent d’un plus grand respect et de conditions plus sûres, les femmes font fréquemment face à des risques accrus sur la route. Il y a aussi le sacrifice.

Christine Majerus a passé plus de 150 jours par an loin de chez elle, suivant une routine stricte: s’entraîner, manger, dormir, recommencer. Le cyclisme professionnel est éprouvant, et l’échec un compagnon permanent. Mais les moments de victoire – voir la fierté dans les yeux de sa famille – rendaient tout cela digne d’être vécu. Cependant, lorsqu'elle n’a plus vu cette étincelle dans leurs yeux, elle a su qu'il était temps de repenser son parcours.

Ouvrir la voie à la prochaine génération

Bien qu’elle ait pris du recul par rapport à la compétition cycliste, Christine Majerus reste déterminée à laisser un impact durable. «La prochaine génération ne peut faire que ce qu’elle voit», souligne-t-elle, insistant sur l’importance de la représentation. En sensibilisant sans provoquer de conflit, elle plaide en faveur du progrès par la collaboration entre femmes et hommes dans le sport. Prendre la parole en public ne lui vient pas naturellement, mais elle sort de sa zone de confort pour inspirer et montrer la voie à suivre. Les défis, selon elle, sont des occasions de grandir, tant dans le sport que dans la vie.

Un héritage de résilience

Le parcours de Christine Majerus est fait de persévérance, de leadership et de dépassement des barrières. Son histoire dépasse largement le cadre du cyclisme – c’est un témoignage fort sur l’importance de la visibilité, la nécessité d’offrir des opportunités, et la puissance du travail d’équipe. Son message aux futurs athlètes, professionnels et leaders est clair: travaillez dur, soutenez-vous les uns les autres, et ne sous-estimez jamais l’impact de la représentation. Grâce à des pionnières comme Christine Majerus, l'avenir du sport féminin – et du leadership – semble plus prometteur que jamais.

est vice-présidente de la Chambre de commerce britannique au Luxembourg et fondatrice de Luxdates.

Cette contribution a été rédigée initialement en anglais, traduite et éditée pour le site de Paperjam en français.