Ce rapport est un début très important, mais ce n’est pas le mot de la fin, souligne le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. (Photo: Shutterstock)

Ce rapport est un début très important, mais ce n’est pas le mot de la fin, souligne le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. (Photo: Shutterstock)

Le directeur général de l’organisation veut des investigations supplémentaires.

Sans vraiment de surprise, le rapport de l’Organisation mondiale de la santé suite à l’enquête sur les origines de la pandémie de Covid-19, rendu public le lundi 29 mars, rejette l’hypothèse d’un accident de laboratoire, jugée «hautement improbable», et privilégie l’hypothèse d’une transmission à l’Homme par un animal intermédiaire, hypothèse «probable à très probable». L’hypothèse préférée de Pékin d’une transmission par de la viande surgelée est qualifiée de «possible». Une réponse diplomatique d’une étude controversée, car issue de tractations diplomatiques et contrôlée sur le terrain par les autorités chinoises.

L’OMS critique publiquement les autorités chinoises

Le débat est cependant loin d’être clos pour le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, pour qui «toutes les hypothèses sont sur la table et méritent des études supplémentaires et complètes». Il recommande, avec d’autres experts, de réaliser d’autres enquêtes incluant une plus grande étendue géographique en Chine et ailleurs.

Surtout, le patron de l’OMS critique publiquement le manque d’accès aux données de la Chine et veut aller plus loin: il réclame qu’une enquête sur l’hypothèse d’une fuite du virus d’un laboratoire chinois, jugée «extrêmement improbable» par le rapport de l’OMS, soit diligentée. «J’espère que de nouvelles études collaboratives seront basées sur un partage de données plus large et plus rapide», a-t-il déclaré, lors d’une conférence de presse présentant le rapport. Ce qui a mis mal à l’aise le chef de la délégation des experts internationaux, Peter Ben Embarek, pour qui, «en Chine comme ailleurs, certaines données ne pouvaient pas être partagées pour des raisons de respect de la vie privée».

Le biais géopolitique

La mission sur les origines de la transmission du Covid-19 à l’Homme est importante pour tenter de mieux lutter contre une possible prochaine épidémie. Elle a aussi une dimension géopolitique que la Chine vit mal.

L’Union européenne a salué un «premier pas utile», tout en regrettant le démarrage tardif de l’enquête, le retard dans le déploiement des experts et la disponibilité limitée des données, et elle insiste sur la nécessité de poursuivre les investigations pour étudier les origines du virus et la façon dont il s’est frayé un chemin jusqu’à l’Homme. Les États-Unis, avec le Royaume-Uni, Israël, le Canada, le Japon, l’Australie, le Danemark et la Norvège, critiquent les freins mis par Pékin au lancement de l’enquête et le peu de données mises à disposition.