La pandémie, partie d’Asie, va se répandre à grande vitesse à travers la planète entière. (Photo: Shutterstock)

La pandémie, partie d’Asie, va se répandre à grande vitesse à travers la planète entière. (Photo: Shutterstock)

Le premier malade du Covid-19 a été signalé le 17 novembre 2019, selon un rapport du gouvernement chinois divulgué par un média de Hong Kong. La maladie va alors se répandre sur toute la planète. En Chine, un retour vers une certaine normalité a commencé à s’amorcer.

C’est un homme de 55 ans originaire de la région chinoise de Wuhan. De lui, on n’en sait et on n’en saura sans doute jamais guère plus, même pas s’il est encore en vie. «Il», c’est le premier malade du Covid-19, le fameux patient 0. Officiellement, son existence a été confirmée le 8 décembre 2019 à l’Organisation mondiale de la santé par la République populaire de Chine. Mais un rapport divulgué par un média de Hong Kong atteste de son infection dès le 17 novembre. 

Un malade au Luxembourg  le 29 février

Tout va ensuite aller très vite. Le 31 décembre, l’OMS prend connaissance de l’existence de ce qui est une nouvelle forme de pneumonie virale en Chine. Des informations complémentaires sont demandées, car la crainte est réelle de voir la maladie se propager vite en dehors du pays. C’est bien ce qui va se passer. Un premier cas est signalé en Thaïlande le 13 janvier, au Japon le 16 janvier, aux États-Unis le 21 janvier, puis en France le 24 janvier… Les Émirats arabes unis sont frappés le 29 janvier, puis c’est au tour de l’Afrique. La crise sanitaire est mondiale. Le 31 janvier, 98 cas sont comptabilisés dans 18 pays hors de Chine.

Au Luxembourg, le ministère de la Santé confirme un tout premier cas le 29 février dans la soirée. C’est un homme de 40 ans, revenu d’Italie via Charleroi.

Président de l’Union des entreprises luxembourgeoises, se souvient bien de ce moment. «Le samedi, vers 17h, j’ai écrit une note à mes pairs, une communication interne comme on en fait beaucoup. Je disais qu’il fallait s’attendre à ce que cela nous tombe sur la tête et qu’il faudrait alors être à la hauteur. Je ne me suis pas senti ridicule d’écrire cela, mais presque… L’un d’eux m’a même dit que j’exagérais. Quelques heures plus tard, on annonçait le premier malade. Et une semaine après, nous étions chez le ministre du Travail (LSAP) pour évoquer les mesures de chômage partiel», dit-il.

La suite est hélas connue: , , une économie à l’arrêt quasi complet, ,  dans le pays,  et européen,


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Depuis quelque temps, en Chine, un retour vers une certaine normalité est cependant en cours. «J’ai voyagé quatre ou cinq fois depuis l’arrivée du virus en Chine, et tout ce dont on a besoin, c’est d’un QR code vert et parfois, d’un masque», résume Raoul P. E. Schweicher, un Luxembourgeois expatrié depuis neuf ans dans l’empire du Milieu.

Les restaurants sont de nouveau remplis, et cela sans obligation de port du masque. Dans la rue, environ une personne sur deux est masquée, par précaution. Et puis, le port du masque était déjà d’usage avant la pandémie pour certaines personnes sensibles au niveau respiratoire face à la pollution de l’air.

Retour graduel à la normale

«Il y a vraiment eu différents niveaux de confinement en Chine», précise le managing partner au sein de la société de consultance Moore, à Shanghai. Du plus strict de Wuhan où il n’était pas autorisé de sortir de chez soi – les provisions étaient livrées à domicile – aux relâchements opérés par la suite avec une sortie autorisée – mais limitée dans le temps –, la Chine a graduellement renoué avec la vie.

«La plupart du temps, il n’y a plus de contrôle de la température à l’entrée des immeubles», ajoute notre interlocuteur, qui confirme que ce retour à la vie normale se voit même dans son travail: «Nous faisons de la comptabilité pour les entreprises et nous constatons clairement une reprise en forme de V dans les comptes.» Dans le métro, le port du masque n’est plus obligatoire.

Une année sans Noël en famille

Une seule chose vient à manquer: les fêtes de fin d’année approchent, et jamais le Luxembourgeois n’a été éloigné de sa famille durant cette période si particulière. «Il est quasiment impossible de voyager hors de la Chine», explique-t-il, vu les mesures instaurées pour lutter contre la pandémie.

Tout d’abord, l’offre en matière de vols entre la Chine et l’Europe reste plus restreinte qu’avant la pandémie, ce qui pèse évidemment sur les tarifs pratiqués. Mais ensuite, une fois sur le Vieux Continent, il est difficile, voire impossible, de rentrer dans l’empire du Milieu. Pékin interdit l’accès à son territoire aux ressortissants de certains pays, et pour les autres, elle impose une quarantaine de deux semaines à l’arrivée et une batterie de tests avant de pouvoir ne fût-ce que sortir de la zone aéroportuaire.

Lors de son dernier voyage au pays au début de cette année lors du congé du Nouvel An chinois, le Luxembourgeois avait déjà dû prolonger son séjour au Luxembourg et batailler pendant des heures au téléphone avec sa compagnie aérienne pour pouvoir retourner à Shanghai. «Une semaine plus tard, tout fermait», se souvient-il.

Trop difficile, trop risqué aussi: comme tant d’autres expatriés établis en Chine, Raoul P. E. Schweicher s’apprête donc – à contrecœur – à tirer un trait sur Noël en famille cette année.

Singapour s’ouvre petit à petit

Isabelle Alvarez, qui vit et travaille à Singapour, passera aussi les fêtes de fin d’année en Asie. «Il n’y a plus de cas de Covid ‘interne’, juste des cas de personnes qui arrivent, mais sont détectées grâce à la quarantaine et aux tests», dit-elle. «Nous vivons en toute quiétude, avec bien entendu des règles strictement suivies au niveau de la protection: port du masque obligatoire, cinq personnes à table au restaurant…»

Mais c’est le prix à payer pour voir se concrétiser des signes d’ouverture vers d’autres pays. «Quelques mesures se relâchent pour permettre la reprise du business», poursuit Isabelle Alvarez. 200 personnes peuvent venir par jour via des vols de Hong Kong, par exemple. La reprise du travail au bureau se fait à 50%, également.

La principale question, dit Isabelle Alvarez, tient dans «l’évolution économique post-covid au niveau mondial». Mais là aussi, chacun se place dans une attitude positive. Ce qu’Isabelle Alvarez fait, pour sa part: «Là où il y a des problèmes, il y a aussi des opportunités», conclut-elle. Et si la communauté des expatriés est en manque d’Europe, «le sentiment de sécurité vécu ici est apprécié par tous».