Les arts martiaux sans le moindre contact physique: une mesure sanitaire qui handicape les clubs et frustre les sportifs. (Photo: Shutterstock)

Les arts martiaux sans le moindre contact physique: une mesure sanitaire qui handicape les clubs et frustre les sportifs. (Photo: Shutterstock)

Alors que les salles de fitness accueillent à nouveau les sportifs et que les nageurs vont reprendre le chemin des bassins, le domaine des arts martiaux s’inquiète. Port du masque et distanciation sociale constituent un véritable casse-tête.

Avec un tout petit peu moins de 6.000 affiliés, la Fédération luxembourgeoise des arts martiaux est la quatrième du pays. Devancée par le football, le tennis et la gymnastique, elle compte cependant plus de membres que le basket, le volley, le tennis de table, ou encore le golf.

Mais les temps sont bien difficiles dans les salles et dojos. Les mesures sanitaires imposées dans le cadre de la crise sanitaire empêchent encore actuellement la bonne reprise des activités. «On peut à nouveau pratiquer nos sports – judo, karaté, jiu-jitsu, kendo, kickboxing… –, notamment en salle, mais sans avoir de contact. Il n’est pas très difficile de comprendre l’écueil que cela représente», explique à Paperjam Jorge de Sousa, secrétaire général FF de la Fédération luxembourgeoise des arts martiaux (Flam).

De plus, la plupart des clubs évoluent dans des salles communales. «Et toutes les communes n’ont pas encore accepté d’en libérer l’accès», poursuit-il. Dès lors, de nombreux clubs ont décidé de proposer des entraînements en vidéo ou en extérieur. «Mais cela a aussi ses limites», complète Jorge de Sousa.

Le problème du recrutement des jeunes sportifs

Et ceux qui ont voulu et ont pu reprendre les activités en salle doivent se soumettre à des mesures encore très strictes. «Les directeurs techniques de la fédération ont élaboré des protocoles. Ceux-ci ont été validés par le ministère, et les clubs doivent les respecter. Il faut ventiler les locaux, procéder aux désinfections du matériel et des tatamis…», évoque encore Jorge de Sousa.

Le secrétaire général FF ne cache pas que, dans les clubs, l’incertitude grandit: «On dépend de l’évolution de la crise, du nombre de personnes infectées, hospitalisées… Mais on a des craintes pour la prochaine rentrée. Les clubs pourront-ils reprendre des activités normales? Personne ne le sait.» Or, actuellement, des défections ont lieu de la part de pratiquants qui, en mal de combat, se tournent vers d’autres sports. «On va connaître aussi des problèmes de recrutement au niveau des jeunes. De nombreux parents ont peur de les inscrire à un art martial dans le contexte actuel. C’est inquiétant, car de très nombreux clubs vivent grâce à leurs jeunes membres», termine Jorge de Sousa.

Les clubs privés doivent s’adapter

Les clubs privés ne sont pas logés à meilleure enseigne. «Franchement, j’ai été bien aidé par le gouvernement, les aides promises sont arrivées», explique Olivier Coller, fondateur et gérant du Krav Maga Moselle, à Remich. «Et j’ai aussi pu compter sur mes clients: je n’ai perdu que peu de monde. Mais pour cela, j’ai dû m’adapter considérablement.»

Entre stages annulés et contraintes techniques, Olivier Coller a dû revoir l’offre du Krav Maga Moselle, à Remich. (Photo: Olivier Coller)

Entre stages annulés et contraintes techniques, Olivier Coller a dû revoir l’offre du Krav Maga Moselle, à Remich. (Photo: Olivier Coller)

Et notamment proposer des promotions sur les packs d’entraînement, remplacer les séances «classiques» par du cross-training et du physical training, mettre sur pied des «pizza party» pour les enfants… «Mon offre a été réduite de 50%, c’était donc nécessaire. Et j’ai aussi dû annuler des stages avec des professeurs MMA d’Israël, Belgique, France… qui étaient complets de longue date. Le manque à gagner sera donc important», poursuit-il.

L’espoir est maintenant de voir arriver une reprise, rapidement. «Mais c’est très flou. Et c’est cela, le plus gros handicap», termine Olivier Coller.