25% des étudiants testés sont peu performants, sous la moyenne de l’OCDE. (Photo: Shutterstock)

25% des étudiants testés sont peu performants, sous la moyenne de l’OCDE. (Photo: Shutterstock)

La 7e étude Pisa consacrée aux performances des élèves de 15 ans confirme que le Luxembourg se situe juste en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE. Surtout, le taux d’élèves peu performants dépasse les 25%. Le Luxembourg ne participera pas à l’évaluation prévue en 2021.

C’est un bulletin plutôt moyen que le Luxembourg a reçu suite à l’étude Pisa 2018. Réalisée tous les trois ans par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), elle s’intéresse aux performances des élèves de 15 ans en lecture, mathématiques et sciences. Mais met aussi en relation les performances des élèves avec différentes données contextuelles.

Dans le ventre mou du classement

Que retenir au niveau des résultats en eux-mêmes? «», indique Luc Weis, directeur du Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques (Script). «Cela alors que l’hétérogénéité de sa population ne cesse d’augmenter.»

En compréhension de l’écrit, mathématiques et sciences, le Luxembourg se situe juste en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE. Et cette position dans le ventre mou du classement demeure une fois pris en compte le questionnaire lié aux données contextuelles, rempli par les jeunes et leurs parents. Néanmoins, souligne encore Luc Weis, «les 10% des élèves les plus performants au Luxembourg réalisent des performances comparables aux 10% des plus performants dans la moyenne OCDE, cela dans les trois compétences testées.»

C’est au niveau des élèves les moins performants que le constat est le plus cruel. Ils sont en effet plus de 25% en moyenne dans les trois compétences testées à être sous la moyenne OCDE. Et même près de 30% en ce qui concerne la compréhension de l’écrit.

Le statut socio-économique des élèves demeure un élément source de problème au niveau de la performance. Ainsi, seulement 8% des élèves issus d’un milieu socio-économique défavorisé atteignent un niveau de compétence scolaire élevé. Un autre point noir? La lecture est un plaisir peu apprécié. 59% des garçons et 39% des filles affirment ne pas lire pour leur plaisir, soit bien plus que la moyenne OCDE.

Mais il y a aussi quelques lueurs dans la grisaille. Par exemple, les performances entre élèves sans origine migratoire et avec origine migratoire ont diminué significativement depuis 2009. Tandis que celui entre les performances des garçons et des filles est aussi en diminution (39 points d’écart en faveur des filles en 2009, 29 en 2018).

Des spécificités qui rendent l’évaluation plus difficile

. Ainsi, l’école luxembourgeoise est celle qui affiche le plus haut taux d’élèves avec une origine migratoire (55%). Mais aussi le plus haut taux de jeunes dont la langue parlée à la maison n’est ni celle de l’école ni celle du test Pisa (83%). Une tendance en croissance puisque le Luxembourg ne comptait encore en 2009 «que» 40% d’élèves avec origine migratoire contre 55% 8 ans plus tard. «Ces mutations sociodémographiques ne sont pas prises en compte par Pisa. Ce qui rend l’évaluation des compétences plus difficile. La plus-value de l’étude Pisa est donc une nouvelle fois limitée», concède encore Luc Weis.

Autre problème: le test Pisa se fait dans une seule langue. Au Luxembourg, les élèves ont eu le choix entre le français et l’allemand, et même l’anglais dans les écoles internationales. «Mais il n’y a pas, dans notre pays, d’élève qui suive son parcours en une seule langue. S’il fait le choix du français pour la compréhension de texte, il devra aussi assumer le test de maths dans cette langue, même si ce cours lui est donné en allemand à l’école. Cela peut aussi évidemment influer sur les résultats», note Luc Weis.

Pas de Pisa en 2021

Néanmoins, les responsables du ministère de l’Éducation nationale s’accordent pour dire que les résultats confirment les défis face auxquels se trouve l’école luxembourgeoise: hétérogénéité sociale et culturelle, mais aussi économique. «De nombreux dispositifs ont été mis en place ces dernières années», analyse Lex Folscheid, premier conseiller de gouvernement. «Mais ces mesures n’ont pas encore produit leurs effets en 2018. Or, nous voulons offrir les mêmes chances à tous.»

Et si le taux de faible performance inquiète, il suscitera aussi des réponses rapides. Ainsi, dès l’an prochain, le ministère lancera un plan d’action pour adapter la voie de préparation et offrir aux élèves concernés un encadrement ciblé. La diversification des sections linguistiques devra contribuer à mieux intégrer les élèves d’origine étrangère, tandis que celle de l’offre scolaire sera aussi poursuivie.

Des études nationales seront aussi menées afin d’affiner les résultats de Pisa. Il s’agira notamment du Bildungsbericht prévu en 2021.

Afin de laisser du temps aux mesures pour produire leurs effets, décision a été prise de ne pas participer au test Pisa de 2021. Mais le Luxembourg s’y soumettra à nouveau en 2024.

En 2018, le test Pisa a été principalement axé sur la lecture et a eu lieu au Luxembourg du 17 avril au 18 mai 2018 dans tous les lycées publics et privés, ainsi que les écoles internationales. 5.230 élèves, tous nés en 2002, ont donc été testés.