39% des élèves de 15 ans au Luxembourg accusent un retard scolaire. (Photo: Freestockphotos)

39% des élèves de 15 ans au Luxembourg accusent un retard scolaire. (Photo: Freestockphotos)

On dit qu’il faut toujours essayer de regarder le côté positif des choses. C’est ce que Mady Delvaux-Stehres, ministre de l’Éducation nationale pendant quelques heures encore, a choisi de faire en commentant les résultats de la 5e étude Pisa, dont les résultats ont été révélés ce mardi.

«Je me réjouis de la progression réalisée par nos élèves en lecture depuis 2009 (+16 points), et aussi en sciences (+7 points)», a-t-elle commenté. «De même, je suis très contente de voir que pour la troisième fois de suite, les élèves des classes ayant participé au projet PROCI dans les lycées techniques obtiennent de meilleurs résultats que leurs camarades des classes traditionnelles (avance de 11 points en mathématiques, 10 points en lecture et 16 points en sciences naturelles). Cela confirme la pertinence de la mise en place de ce projet.

Moins fort que les pays voisins

Il n’en reste pas moins que le Luxembourg ne brille aucunement dans la classe Pisa, qui compare tous les trois ans les connaissances et compétences des jeunes de 15 ans en lecture, mathématiques et sciences naturelles. Dans les trois domaines, les élèves du Grand-Duché se situent en dessous de la moyenne de l’OCDE, avec 490 points en mathématiques (la moyenne étant de 494 points – un niveau qui n’évolue guère depuis 2003), 488 points en lecture (moyenne: 496) et 491 points en sciences naturelles (moyenne: 501).

C’est peu glorieux, surtout si on le compare au peloton de tête (Shanghai, Singapour et Hong Kong occupent le podium dans les trois domaines, avec des scores entre 613 et 542), mais aussi si on le met en relation avec les scores des pays voisins. Les élèves de Belgique, d'Allemagne et de France réalisent tous de meilleurs résultats que ceux du Luxembourg.

Grands écarts

Encore plus inquiétant peut-être, le Luxembourg se situe parmi les pays affichant les plus grands écarts de performance entre les adolescents issus de milieux socioéconomiques favorisés et défavorisés. Ainsi, les élèves favorisés devancent leurs camarades moins nantis de 93 points en mathématiques, 94 points en lecture et 108 points en sciences naturelles. Cela correspond à un retard d’environ deux années d’apprentissage! En tout, 39% des élèves de 15 ans au Luxembourg accusent un retard scolaire…

Il faudrait également se pencher sérieusement sur la façon dont on motive – ou démotive – les filles au Luxembourg dans les matières scientifiques. Le Grand-Duché occupe la première position du classement européen (et la 2e position des 65 pays participants, après la Colombie) des écarts de performance entre filles et garçons en mathématiques mais aussi en sciences naturelles. De plus, ces écarts n’ont fait que se creuser depuis 2003. À noter que des pays comme la Corée, la Thaïlande, la Russie et la Lettonie ont mis en place des mesures destinées à réduire l’écart entre filles et garçons en mathématiques... et ont brillamment réussi. Preuve qu’il ne s’agit pas d’une fatalité.

Les langues, un avantage qui handicape

Enfin, tandis que les visiteurs du Luxembourg admirent une école où l’on apprend à maîtriser trois langues, il s’avère que le multilinguisme justement continue à entraver l’apprentissage. «Nous devons nous adapter encore davantage à la composition hétérogène de notre population scolaire», insiste Mady Delvaux-Stehres. «Il faut tenir mieux compte des différents profils linguistiques de départ et graduer les exigences en langues pour l’accès aux études supérieures.»

Dans la comparaison internationale, le Grand-Duché présente le taux le plus important d’élèves de 15 ans avec un arrière-fond migratoire (43,2%), avec bien plus de la moitié d’élèves ne parlant pas le luxembourgeois comme première langue à la maison. «L’étude Pisa confirme les mesures proposées dans le récent projet de réforme du lycée», conclut la ministre. «Nous devons continuer à adapter l’école luxembourgeoise pour que tous les élèves puissent y trouver leur place et être amenés au maximum de leurs capacités, en individualisant l’encadrement et en tenant compte des différents profils linguistiques de départ.»

Il convient de rappeler que le projet de loi de réforme du lycée, déposé en mai, n’a toujours pas été voté. Mais aussi que la réforme de l'enseignement est une des priorités de la nouvelle coalition.

510.000 élèves de 65 pays (34 pays de l’OCDE, 31 pays partenaires) ont été testés l’année dernière pour l’étude Pisa, dont 5.258 élèves des 42 établissements secondaires au Luxembourg: lycées et lycées techniques publics et privés, ainsi que les écoles internationales.

Plus de détails sur le rapport Pisa.